Les pionniers de la photographieEn 1826, Niépce utilise son procédé héliographique pour capturer la première photographie, mais son travail de pionnier sera bientôt éclipsé par l’invention du daguerréotype.Joseph-Nicéphore Niépce (1765-1833) fut un inventeur malchanceux dont les mérites ne furent reconnus que bien après sa disparition. Associé à Louis Daguerre (1787-1851), il mourut trop tôt pour voir le fruit de leurs travaux communs consacré. En 1839, Arago présenta au monde la photographie comme l’invention du seul Daguerre.Le musée expose différents objets issus du laboratoire de Niépce, particulièrement des héliographies (les grecques hélios, soleil et graphein, écrire). Pièces uniques réalisées par Niépce lui-même, elles sont considérées comme les premières photographies (le terme de photographie ne fit son apparition qu’en 1839 lors du discours de François Arago à l’Académie des sciences). Pour enregistrer une image héliographique, Niépce recouvrait une plaque métallique de bitume de Judée dissout dans de l’essence de lavande. La plaque devenait alors sensible à la lumière. Une fois sèche, elle était placée dans une chambre noire, une camera obscura, puis exposée à la lumière durant de longues heures. L’image captée restait latente ; pour apparaître, la plaque devait être plongée dans un bain qui dissolvait les parties du bitume peu exposées (le bitume fortement exposé durcissant et devenant insoluble).La plus ancienne héliographie recensée date de 1827 et se trouve aujourd’hui dans les collections de l’université du Texas à Austin. Intitulée Le Point de vue du Gras, elle représente un paysage saisi non loin de Chalon sur Saône. L’image est fixée sur une plaque d’étain à l’aspect miroitant qui la rend peu lisible. Cette pièce unique est reproduite au musée Niépce grâce aux technologies numériques, par le biais d’un écran plat manipulable par le visiteur. Les technologies actuelles, mises au service d’un film sur l’invention, aident à mieux comprendre le processus initial de Niépce.L’invention de la photographie, une invention aux multiples inventeursNicéphore Nièpce, Louis Daguerre et William Talbot font partie de cette génération de pionniers dont l’œuvre a permis d’inscrire la photographie au panthéon des arts.« J’ai trouvé le moyen de fixer les images de la chambre obscure ! — J’ai saisi la lumière au passage et je l’ai enchaînée ! — J’ai forcé le soleil à me peindre des tableaux ! » Louis Daguerre
Cette citation de Louis Daguerre montre que même si les importantes découvertes réalisées dans les domaines de la chimie et de l’optique au XVIIIe siècle permettent de donner naissance à la photographie, celle-ci- n’aurait jamais vu le jour sans l’ingéniosité et la persévérance d’inventeurs européens désireux de marquer l’histoire des sciences et des arts d’une empreinte indélébile.Granuleuse et sombre, cette image tout juste lisible est la toute première épreuve recensée dans l’histoire de la photographie. On en doit la paternité à Joseph Nicéphore Nièpce, qui l’a réalisée vers 1826 – 1827. Afin de parvenir à ce résultat, il utilise une « boîte » noire portative et s’inspire de techniques de lithographie en remplaçant les sels d’argent par du bitume de Judée. Appliqué sur une plaque de cuivre, ce dernier sert de vernis destiné à protéger l’image tout en durcissant au soleil. Après avoir posé sa chambre noire portative face à la lumière, il ne lui reste plus qu’à patienter. Huit longues heures sont nécessaires afin d’obtenir cette image, véritable doyenne de la photographie. Celle-ci immortalise l’arrière de la maison familiale appartenant à Nicéphore Nièpce, située à Saint-Loup de Varenne.
Il baptise ce tout premier procédé photographique l’héliographie, qui signifie littéralement « dessiner avec le soleil »… L’inventeur de cette technique meurt en 1833, avant que l’héliographie ne soit connue du grand public. Sa rencontre avec Louis Daguerre en 1829 permet néanmoins à cette invention de prendre un nouveau tournant.En effet, cet inventeur créée quelques années plus tard un procédé popularisé à partir de 1839 : le daguerréotype. La technique consiste à placer dans une chambre noire une plaque de cuivre argentée exposée à des vapeurs d’iode dotées de propriétés photosensibles. Une fois que cette plaque est suffisamment exposée à la lumière, la plaque est soumise à des vapeurs de mercure puis soigneusement lavée par traitement chimique. L’image obtenue est bien plus précise qu’avec l’héliographie mais il est impossible d’obtenir plusieurs exemplaires : chaque image obtenue est unique.Après quelques résultats satisfaisants réalisés à partir d’objets disposés selon la tradition picturale des natures mortes, Daguerre tente de capturer des images architecturales en plaçant son dispositif à l’une des fenêtres de son appartement situé au 5 rue des marais, à Paris. Il obtient ainsi l’image visible ci-dessus, après plusieurs heures d’exposition. Il s’agit en outre de la toute première photographie où figure un être humain. Il est impossible pour les tous premiers équipements de prendre des images de gens en mouvement car le temps de pose est encore trop long. Passants et attelages pressés ne peuvent être capturés. Toutefois, si l’on observe attentivement ce cliché, on remarque la présence en bas à gauche de l’image la silhouette d’un homme debout, penché en avant, en train de se faire cirer les bottes. Il semblerait qu’il soit resté assez longtemps immobile, par soucis de coquetterie, afin d’entrer dans l’histoire de la photographie.
Doté d’un solide sens des affaires, Louis Daguerre fait connaître et commercialiser ce nouveau procédé en s’appuyant notamment sur un précieux soutien politique : François Arago. Ce dernier présente l’invention de la photographie devant l’Académie des sciences et des beaux-arts en janvier 1839, signant ainsi l’entrée officielle de cet art dans l’Histoire. Daguerre va également être rémunéré par le gouvernement français afin d’ouvrir à tous l’utilisation du daguerréotype, à l’inverse de l’Anglais William Talbot (1800 – 1877).
Inventé en 1841, le calotype (ou Talbotype) vient des mots grecs kalos (beau) et typos (impression). Ce procédé photographique constitue un jalon majeur dans l’histoire de la photographie, car Talbot a l’idée d’utiliser du papier épais comme support et non plus des plaques de cuivre. L’action du nitrate d’argent combiné notamment à l’iodure de potassium permet de réduire considérablement les temps de pose en ne durant que quelques minutes après avoir été placés sur un châssis et exposés à la lumière. On obtient une image inversée par rapport à la réalité, c’est-à-dire « négative ». En apposant le négatif obtenu à du papier salé, une image positive apparaît. Par conséquent, le calotype présente un avantage important par rapport au daguerréotype : il est possible de développer autant d’épreuves positives que l’on veut, à l’inverse du procédé de Daguerre, qui ne propose qu’une image positive unique. Néanmoins, les tirages obtenus en utilisant la technique inventée par Talbot sont certes plus économique en utilisant du papier, mais ces photographies sont légèrement moins claires, avec des contrastes entre ombre et lumière moins marqués. L’inventeur Anglais décide de faire breveter sa création, la rendant ainsi moins accessible au grand public que le daguerréotype. En juin 1844, il publie tout de même le premier livre illustré de photographies, intitulé The Pencil of Nature. Dans cet ouvrage se trouve notamment La Meule de foin, visible ci-dessus. Talbot a à cœur de présenter des images au caractère réaliste, authentique, car pour lui la photographie permettrait « d’enrichir nos images d’une multitude de détails minutieux ». Force est de constater que cet objectif est atteint lorsqu’on observe cette meule de foin mettant en relief le couteau planté dedans, les feuilles en arrière-plan ainsi que l’ombre projetée par l’échelle accolée à la meule.
En définitive, l’œuvre léguée par ces trois précurseurs marque le début de l’histoire de la photographie et va inciter d’autres pionniers à se lancer dans cet art si novateur.
Niépce, créateur de la première photographieJoseph-Nicéphore Niepce est un inventeur français qui fut le premier à réaliser une image photographique permanente. En 1807, avec son frère Claude, il invente le pyréolophore, un moteur à combustion interne alimenté par de la poudre de lycopodium. Bien qu’il n’ait jamais été pratique, le moteur était capable de faire avancer un modèle réduit de bateau de 2 mètres. En 1813, Niepce s’était mis à la lithographie, ce qui l’amena à inventer la photographie. Par lettre, en mai 1816, il fait part à Claude d’un appareil qui produit une image (négative) à l’aide d’un papier recouvert de chlorure d’argent fixé avec de l’acide nitrique. Après d’autres expériences, en 1826, il réalise la première image positive fixe. Au bord de la faillite, en 1829, il signe un accord de coopération avec Daguerre.
https://institut-iliade.com/nicephore-niepce-pionniers-de-la-photographie/