L’Histoire de la Sierra LeoneDécouverte en 1462 par les Portugais, la Sierra Leone (« Montagne du Lion ») fut, aux XVIIe et XVIIIe siècles, un centre actif de la traite des Noirs. En 1787, une société antiesclavagiste britannique, qui avait acheté des terres aux chefs africains, y installa un premier contingent d’esclaves libérés des plantations américaines et réfugiés au Royaume-Uni. Freetown, la ville de la liberté, fut fondée en 1792. Elle n’avait encore que 1.800 habitants lorsqu’elle fut rattachée à la Couronne (1808), mais les nouveaux venus affluèrent après l’abolition de l’esclavage et l’interdiction de la traite (1815). En 1896, la Grande-Bretagne établit son protectorat sur l’arrière-pays. Jusqu’en 1947, le territoire acquis définitivement lors du partage de l’Afrique entre les Européens resta divisé en deux parties administrées différemment: à la colonie de la Couronne, peuplée de sujets britanniques vivant autour de Freetown, s’opposait le Protectorat (1896), intérieur délaissé, ignoré et méprisé jusqu’à la mise en valeur des ressources minérales dans les années 1930.La Constitution unitaire de 1947 est confirmée à l’indépendance – en 1961, dans le cadre du Commonwealth. Elle n’a cependant pas effacé l’héritage et les divisions entre les « Krios » et les populations de l’important groupe mandé (Mendés, Temnés). Ces divisions ont pesé sur la vie politique, entravé la construction nationale et favorisé la constitution de pouvoirs autoritaires. La période 1971-1985 a vu le long règne de Siaka Stevens qui, en 1978, instaura un parti unique. En 1985, Stevens est remplacé par le général Momoh, lui-même renversé par une junte dirigée par le capitaine Valentine Strasser (1992-1996). En butte à une rébellion de 1992 à 1995, le pouvoir central permet cependant la tenue d’élections: Ahmad Kabbah est élu à la présidence de la République en 1996. Le 25 mai 1997, ce dernier est renversé par le commandant Johnny Paul Koroma, qui suspend alors la Constitution et interdit les partis politiques. Au terme de négociations menées par la force d’interposition des États d’Afrique de l’Ouest (Ecomog), sous l’égide de l’ONU, les putschistes acceptent alors le retour du président déchu. Toutefois, le début de l’année 1998 est marqué par la reprise des combats et l’intervention de l’Ecomog (en mars), qui permet le rétablissement au pouvoir du président Kabbah. En janvier 1999, ce dernier est une nouvelle fois contraint de quitter le pouvoir face à l’avancée des rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF), menés par Sam «Maskita» Bockarie. Peu après, les l5.000 «Casques blancs» ouest-africains de l’ECOMOG et les mercenaires présents sur le territoire sierra-léonais, reprennent la capitale. Alors que le nombre de victimes de cette guerre civile, qui ravage le pays, est évalué à près de 20.000 (près de la moitié de la population a dû se déplacer pour fuir les combats), les nouvelles tentatives de négociations menées par le pouvoir, pour mettre un terme au conflit, semblent toutes conduire à un échec. Contre toute attente, elles aboutissent, le 7 juillet, à la signature à Lomé (Togo), d’un accord de paix entre le président Kabbah et les rebelles du Front révolutionnaire uni (RUF). Selon les termes de cet accord, un partage du pouvoir et l’attribution de la présidence d’une commission chargée de la reconstruction du pays et de l’exploitation des richesses minières, au chef des rebelles du Front révolutionnaire uni, le caporal Foday Sankoh, sont décidés. Également signataires de l’accord de Lomé, les Nations unies approuvent l’envoi dans le pays, d’une force de six mille Casques bleus (Minusil) chargés de remplacer les soldats de la force ouest-africaine (Ecomog) et de veiller au respect des modalités de l’accord de paix. De plus, en février 2000, le Parlement approuve une loi instaurant une commission «Vérité et Réconciliation» chargée de faire la lumière sur les exactions commises pendant les huit années de conflit. Cette structure, composée de sept membres, dont trois experts étrangers, ne dispose cependant que de pouvoirs très limités, puisque contrairement aux exigences des Nations unies, les deux principaux signataires accordent l’amnistie aux «crimes de guerre». La fin du premier semestre 2000 est marquée par une prise d’otages orchestrée par les rebelles du Front révolutionnaire uni. En effet, ces derniers, toujours réfractaires à un désarmement, s’emparent de quelque cinq cents Casques bleus de la Mission des Nations unies en Sierra Leone (Minusil). Les combats s’intensifient et plongent une nouvelle fois le pays dans la guerre civile. Il faudra l’intervention de l’armée britannique et l’arrestation de Foday Sankoh pour aboutir à un fragile accord de paix (Abuja, novembre 2000), et au début du désarmement du RUF.Le Monde : Sierra Leone : vendu 6,5 millions de dollars
Le « Diamant de la paix » mis en vente par le gouvernement sierra-léonais a été adjugé, lundi 4 décembre 2017, aux enchères 6,53 millions de dollars (5,5 millions d’euros). L’acquéreur est le joaillier britannique Laurence Graff, a indiqué, lors d’une conférence de presse à New York, Martin Rapaport, président du Rapaport Group, qui a organisé la vente et s’est engagé à ne pas percevoir de commission.Le diamant de 709 carats (environ 140 g) avait été découvert en mars par des employés d’une société de prospection minière dirigée par un pasteur évangélique, Emmanuel Momoh, dans la province diamantifère de Kono (est). Le pasteur Momoh avait remis le diamant non taillé au gouvernement sierra-léonais, qui s’est engagé à le vendre et à lui reverser 26 % du produit de la cession, soit 1,69 million de dollars, dont 339 000 dollars iront aux cinq employés à l’origine de la découverte. Le gouvernement a aussi assuré que les 74 % restants iraient pour l’essentiel (59 %) à l’administration fiscale, ainsi qu’au Fonds pour le développement de la région diamantifère (15 %).
Le prix de vente est inférieur à celui qui avait été proposé lors d’une première vente en avril en Sierra Leone, soit 7,1 millions de dollars, opération annulée à l’époque par le gouvernement qui avait jugé le montant insuffisant.« Le prix de la transparence »
« Peut-être est-ce le prix de la transparence », a commenté Martin Rapaport au sujet de l’ajustement à la baisse. L’objectif du président Ernest Bai Koroma et de son gouvernement était ainsi d’encourager la prospection à rompre avec l’ère des « diamants du sang », ces pierres précieuses qui ont servi à financer des conflits en Afrique, notamment en Sierra Leone (1991-2002), via des trafics qui échappaient aux autorités. « C’est un jour historique pour nous », a ainsi déclaré le porte-parole du président Koroma, Abdulai Bayraytay. « Nous avons changé l’histoire », a-t-il poursuivi, assurant que le produit de la vente de ce diamant allait « contribuer à transformer la vie des Sierra-Léonais ».Ces derniers ne demandent pas mieux : avec l’argent de la mise en vente, le gouvernement devrait garantir « de l’eau, de l’électricité et de bonnes routes au peuple », a ainsi réclamé Gibril Sesay, vendeur en Sierra Leone. « Le montant acquitté pour le diamant était bien plus bas qu’attendu », a pour sa part regretté auprès de l’AFP Beatrice Cole, une fonctionnaire qui regardait à Freetown l’enchère retransmise en direct à la télévision. « Je crois que ce que j’ai commencé va se poursuivre », a lui déclaré le pasteur Momoh lors de conférence de presse, encourageant d’autres à imiter sa démarche.
https://www.larousse.fr/encyclopedie/pays/Sierra_Leone/144269