Massacre de Lachine, où 97 Canadiens sont tués par des Iroquois (à Lachine).Lors de la guerre de la Ligue d’Augsbourg qui oppose notamment la France à l’Angleterre de 1688 à 1697, le champ de bataille européen se transpose rapidement en sol nord-américain. Mis au courant les premiers, les Anglais de New York poussent leurs alliés amérindiens à attaquer la Nouvelle-France. En guerre ouverte depuis près de 80 ans, les Iroquois considèrent comme une menace l’expansion territoriale des Français vers l’ouest de même que leur système d’alliance. 1 500 Iroquois attaquent le village de Lachine, en Nouvelle-FranceIl en va de la protection de leur territoire et du développement de leurs intérêts commerciaux, car la présence française empêche l’accès à de nouvelles sources de castors. En Nouvelle-France, personne n’est au courant de ce conflit. De nombreux colons, vivant en paix depuis une vingtaine d’années, sont éloignés des places fortifiées. C’est le cas des 375 habitants de Lachine, à l’ouest de Montréal. Le matin du 5 août 1689, 1 500 guerriers iroquois attaquent la petite colonie de Lachine. Ils tuent 24 colons, en capturent plus de 60 et démolissent 56 des 77 habitations. Durant les années suivantes, certains captifs réussissent à s’échapper tandis que d’autres sont relâchés lors d’échanges de prisonniers. On demeure sans nouvelles de 42 d’entre eux, probablement adoptés par les Iroquois. Au cours de la décennie, plusieurs localités de la région de Montréal sont le théâtre de tels massacres qui prennent fin de façon définitive avec la Grande Paix de Montréal en 1701.Le massacre de Lachine
Le déploiement des Français vers l’Ouest au cours des années 1670 et 1680 empêche la confédération des IROQUOIS d’avoir accès à de nouvelles sources de castors et menace la traite des fourrures de New York. Ne pouvant guère contrecarrer directement les marchands français tant que la France et l’Angleterre sont en paix, les autorités de New York choisissent de pousser les Iroquois sur le sentier de la guerre. Aux petites heures du matin du 5 août 1689, quelque 1 500 guerriers attaquent la petite colonie de Lachine à l’ouest de Montréal, tuent 24 colons et en capturent plus de 60 autres. La férocité de l’attaque terrorise les habitants de la région de Montréal, qui subiront plusieurs autres massacres du genre au cours de la décennie suivante.Le 5 août 1689, tôt le matin, 1500 guerriers iroquois torturent, enlèvent et massacrent 97 colons canadiens à Lachine à l’ouest de Montréal après avoir traversé le Lac Saint-Louis sans être vus.Les gens de Montréal ont peur. À quelques kilomètres de leur ville fortifiée, du côté de Lachine, des colons ont été massacrés par les Iroquois. Presque toutes les maisons sont détruites.
C’était il y a 325 ans, le 5 août 1689. On dit longtemps dans la colonie que ce fut « l’année du massacre ». La population montréalaise en est très fortement ébranlée. La seule vision des orphelins que les autorités ramènent à Montréal suffit déjà à jeter l’effroi. Même des religieux prennent peur. Pour calmer les esprits, on en retourne d’ailleurs certains en France.Le massacre de Lachine, longtemps souligné dans les manuels d’histoire des écoles, est à peu près oublié aujourd’hui. Pourtant, il s’agit bien d’un moment charnière qui met notamment en lumière les relations entretenues avec les Premières Nations au cours des terribles guerres franco-iroquoises.Les Iroquois frappent alors les expéditions commerciales qui progressent chez eux, vers les Grands Lacs, « les Pays d’en haut ». Avec d’autres, le marquis Jacques de Denonville, appuyé par l’intendant de la colonie Jean Bochard de Champigny, mène une offensive au nom du roi. À Québec, l’intendant vient d’ailleurs d’installer un buste de Louis XIV afin que les sujets puissent apprécier les traits de leur maître.
Denonville est donc chargé de mener une expédition militaire contre ces autochtones. Des soldats réguliers, des miliciens et aussi des Amérindiens constituent le corps expéditionnaire. Ils attaquent les Tsonnontouans, une des cinq nations iroquoises. Connu aujourd’hui sous le nom de Sénécas, ce peuple résiste tout d’abord à la surprise grâce à sa maîtrise du terrain et de son sens de l’escarmouche. Mais les Sénécas cèdent bientôt devant la poussée guerrière de l’armée coloniale constituée de plus d’un millier d’hommes.Le 14 juillet 1687, dans cette vaste quête qui vise à assurer le contrôle du territoire de la traite des fourrures, Denonville et ses hommes attaquent le village de Ganondagan. Ce centre majeur de la vie des Sénécas tombe. Torche à la main, les troupes de Denonville détruisent les habitations autant que les réserves de nourriture. Ils feront de même partout où ils passent, ne faisant pas de quartier.Au fort Frontenac, aujourd’hui Kingston, Denonville rassemble tous les Iroquois qu’il peut capturer sur son chemin. Le fort lui-même sert de traquenard. Ces prisonniers sont envoyés à Montréal pour y être expédiés ensuite en France, où ils seront contraints, s’ils survivent jusque-là, à ramer dans les galères de la couronne. Une trentaine de ces prisonniers parviennent finalement outre-Atlantique. Certains reviendront.
Contre-attaque
L’année suivante, dans la nuit du 5 août, les Iroquois profitent d’un temps orageux pour s’approcher de Lachine. Ils frappent à leur tour sans pitié.Sur 77 maisons que compte alors Lachine, 56 sont rasées. Plusieurs colons sont massacrés, d’autres sont enlevés. Deux cents morts et blessés disent certaines sources. Beaucoup moins, affirment d’autres. Reste qu’en cette année 1689 les incursions iroquoises reprennent de plus belle au cœur même de la colonie française.Plusieurs villages de la région de Montréal sont attaqués au cours de cette guerre terrible qui touche à son terme avec la Grande Paix de Montréal en 1701. Mais en attendant, une véritable psychose s’installe. Derrière chaque arbre se cache-t-il un Iroquois ? L’historienne Louise Deschêne estimait possible qu’un dixième des hommes de la colonie de ces années-là ait péri lors d’attaques amérindiennes. C’est énorme.
Le rêve de Lachine
Le massacre de Lachine augmentera encore la charge symbolique que porte ce haut lieu de l’histoire d’Amérique qu’est Lachine. Situé au bord des rapides, Lachine est aussi la marque d’un rêve sur lequel percute la réalité.
Pour ceux qui exploraient plus en avant les suites du grand fleuve, trouver un passage vers l’Orient plutôt que vers les peaux de castor avait été la raison d’être de ces hommes.
Samuel de Champlain espère être le premier à trouver de ce côté un passage vers les Indes. Mais il doit rebrousser chemin à cause des rapides, qu’il baptisa Sault-Saint-Louis. Ses guides lui apprennent néanmoins qu’au-delà de ces barrières d’eau vive se trouvent trois grandes mers d’eau douce. Le rêve continue.
Sur les cartes d’époque, comme celle de Jean Guérard en 1634, on inscrit dans le vaste espace indéfini qui va au-delà des Grands Lacs, qu’il se trouve là une clé qui ouvre les portes de l’Asie. Guérard écrit dans les limbes de sa carte qu’on « croit qu’il y a passage de là au Japon ».
Cavelier de La Salle cherchera lui aussi dans les eaux tumultueuses du Saint-Laurent en amont de Montréal ce fameux passage vers l’Orient qui doit mener aux épices, à l’or, à la soie. L’installation de sa seigneurie de Saint-Sulpice débute à compter de 1666, mais l’aventurier vendit tout à Lachine pour poursuivre ailleurs, jusque dans sa mort au milieu du désert du Texas, sa folle quête de fortune.
Cette fascination pour l’Orient dont le nom même de Lachine témoigne encore est traduite merveilleusement par Jean Nicolet, un des coureurs des bois de Sameul de Champlain. Nicolet avait découvert le premier les Ouinipigous, dont l’orthographe anglaise Winnebagos s’est désormais imposée. Le chef de cette tribu invita Nicolet à un banquet. Certain d’être là au cœur d’un protocole chinois, Nicolet revêt pour l’occasion son plus beau vêtement qu’il a soigneusement apporté dans ses bagages : une précieuse robe chinoise brodée de fleurs et d’oiseaux. Il est probable que cet habit vraiment très rare avait transité comme d’autres vers l’Europe par quelque missionnaire. En Europe, ces robes ne pouvaient être acquises qu’à des prix exorbitants. Mais un aventurier qui souhaitait découvrir un nouveau passage vers l’Orient pouvait-il s’éviter d’en acheter une et risquer ainsi d’entraver le protocole qu’il imaginait être celui de ses hôtes ? Ces robes chinoises étaient donc un accessoire essentiel pour soutenir le regard qu’avaient sur eux-mêmes ces hommes prêts à tout, même à donner et à connaître des massacres.
C’était le 5 août 1689 : pour les gens de la colonie française d’Amérique, ce fut «l’année du massacre».
https://www.patrimoine-culturel.gouv.qc.ca/rpcq/detail.do?methode=consulter&id=24093&type=pge
https://www.ledevoir.com/societe/415182/il-y-a-325-ans-le-massacre-de-lachine