L’éclatement de la Yougoslavie : 1991 – 1999Josip Broz Tito (1892-1980), fut le président de la République fédérale socialiste de Yougoslavie de la fin de la Seconde Guerre mondiale jusqu’à sa mort en 1980. Josip Broz est né le 7 mai 1892 a Kumrovec, dans le Zagorje, en Croatie alors partie de l’Autriche-Hongrie. Il est le 7e enfant de la famille de Franjo et Marija Broz. Son père, Franjo Broz, était croate alors que sa mère Marija Broz, née Javeršek, était slovène. Après avoir passé une partie de son enfance avec son grand-père maternel a Podsreda, il entre à l’école primaire à Kumrovec qu’il quitte en 1905. En 1907, il est embauché en tant que machiniste à Sisak. Sensibilisé au mouvement ouvrier, il célèbre la fête du Travail pour la première fois. En 1910, il rejoint le syndicat des ouvriers de la métallurgie et, en même temps, le parti social-démocrate de Croatie et de Slavonie. Entre 1911 et 1913, il travaille de courte période à Kamnik (Slovénie), Cenkovo (Bohême), Munich et Mannheim (Allemagne) où il est employé par le constructeur automobile Benz. Il va à Vienne (Autriche) où il travaille pour Daimler en tant que pilote d’essais. Fin 1913, Broz est mobilisé et sert dans l’armée de l’Autriche-Hongrie. En mai 1914, il remporte la médaille d’argent d’un concours d’escrime au sein de l’armée austro-hongroise à Budapest. Il est envoyé à Ruma (Voïvodine). Arrêté pour propagande anti-guerre, il est emprisonné à la forteresse de Petrovaradin près de Novi Sad. En 1915, il est envoyé sur le front de l’est, en Galicie combattre contre la Russie. À Bukovina il est gravement blessé par un éclat d’obus. En avril, le bataillon entier est fait prisonnier par les Russes. Après avoir passé plusieurs mois a l’hôpital, Tito est envoyé dans un camp en Oural fin 1916. En avril 1917, il est arrêté pour avoir organisé des manifestations de prisonniers de guerre. Il s’évade et rejoint les manifestations de Saint-Pétersbourg du 16 et 17 juillet 1917. Il fuit en Finlande pour échapper à la police mais est arrêté et enfermé à la forteresse de Petropavlovsk pour trois semaines. Après avoir été transféré à Kungur (Krai de Perm), il s’échappe d’un train. En novembre, il s’engage dans l’Armée rouge à Omsk (Sibérie). En 1918, il s’inscrit au parti communiste russe. En 1920 il devient membre du parti communiste de Yougoslavie qui sera bientôt interdit.Il devient agent clandestin du parti dans son pays natal (entre 1923 et 1928), activités qui lui valurent d’être emprisonné pendant 5 ans (entre 1928 et 1934). En 1935, il travailla un an dans la section Balkans du Komintern.
[Komintern ou l’Internationale communiste, souvent abrégée IC, était une organisation née de la scission de l’Internationale ouvrière réalisée le 2 mars 1919 à Moscou sous l’impulsion de Lénine et des bolcheviks.]Il était membre du parti communiste soviétique et de la police secrète soviétique, le NKVD. En 1936 le komintern envoie le camarade Walter (i.e. Tito) en Yougoslavie pour purger le parti. En 1937 Staline fait exécuter le secrétaire général du parti communiste de Yougoslavie Milan Gorkic à Moscou. Tito est nommé par Staline secrétaire général du parti communiste de Yougoslavie toujours hors-la-loi. Selon l’historien Jean-Jacques Marie , il fut question à Moscou de liquider également Tito, mais Staline s’y opposa et le laissa repartir d’URSS, non sans avoir fait fusiller son épouse. Pendant cette période Tito suit la politique du komintern et supporte Staline, critiquant les démocraties occidentales, l’Italie fasciste et l’Allemagne nazie. Au moment de la guerre d’Espagne, il fut à Paris une plaque tournante du recrutement et de l’organisation des Brigades Internationales.Après que la Yougoslavie a été envahie par les forces armées italiennes en avril 1941, les communistes sont parmi les premiers à organiser un mouvement de résistance. Le 10 avril, le politburo du parti communiste de Yougoslavie se réunit à Zagreb et décide de commencer la résistance, nommant Tito comme chef du comité militaire. Le 22 juin, un groupe de 49 hommes attaquent un train de réserve allemand près de Sisak; ainsi commencent les premières actions antifascistes dans l’Europe occupée. Le 4 juillet, Tito fait imprimer et diffuser publiquement un plaidoyer pour la résistance armée contre l’occupation nazie, comme étant le commandant suprême de l’Armée Populaire de Libération et de Séparation Partisane de Yougoslavie. Les partisans sont les protagonistes d’une grande campagne de guérilla et ils commencent à libérer des parties du territoire.
Après l’expulsion des Allemands de la Serbie (Belgrade est libérée avec l’aide de l’Armée rouge en octobre 1944), Tito devient le chef d’un gouvernement provisoire le 7 mars 1945, avec le représentant monarchiste Ivan Šubaić.Ce dernier est évincé par les communistes en octobre 1945. Le 5 avril 1945, Tito signe un accord avec l’Union soviétique permettant l’ «entrée temporaire de troupes soviétiques sur le territoire yougoslave». Appuyant l’Armée rouge, les partisans gagnent la guerre en 1945, défaisant l’État indépendant de Croatie, vassal des nazis, et poussant même jusqu’à Trieste en Italie, au grand dam des Alliés. Sans aucun doute, la « Guerre pour la libération de la Yougoslavie » est considérée comme l’unique victoire de la Seconde Guerre mondiale réussie par des forces de guérilla locales, bien qu’il y ait eu un appui externe, plus de la part des Britanniques que des Soviétiques. L’adhésion de la Yougoslavie au Kominform exige une obéissance absolue de Tito à la ligne fixée par le Kremlin. Or, le dirigeant yougoslave, fort de son passé glorieux (libération de la Yougoslavie lors de la Seconde Guerre mondiale), désire rester indépendant aux volontés de Staline. Dès la seconde guerre mondiale, les relations seront houleuses, les soviétiques censurant les messages que la résistance yougoslave voulait lancer sur la radio « La Yougoslavie Libre » qui diffusait depuis Moscou.Tito prend des initiatives qui déplaisent aux dirigeants soviétiques : projet d’une fédération balkanique, soutien aux communistes grecs dans une insurrection que Staline tient pour une aventure. La rupture entre les deux hommes est inévitable, car Staline, irrité par le prestige de Tito, n’envisage pas de partager l’autorité et il craint que son esprit d’indépendance ne devienne contagieux dans les démocraties populaires. Cette rupture intervient en plusieurs étapes : Dès 1945, Staline place des hommes lui étant dévoués dans l’administration et le parti communiste yougoslave. Cependant, Tito refuse de se laisser subordonner sa police, son armée et sa politique extérieure et de voir se créer des sociétés mixtes de production par lesquelles les Soviétiques contrôleraient les branches essentielles de l’économie du pays. En mars 1948, Staline rappelle tous ses conseillers militaires et ses spécialistes civils basés en Yougoslavie. Peu après, une lettre du Comité central soviétique critiquant les décisions du PC yougoslave tente de semer la discorde dans celui-ci. Néanmoins, l’inverse se produit, les dirigeants yougoslaves font bloc autour de Tito et les fidèles à Moscou sont exclus du Comité central puis arrêtés. Le Kremlin tente alors un derniers recours en portant l’affaire devant le Kominform. Mais, Tito refuse, se sentant « inégaux en droits » et « déjugés par les autres partis frères ». Le Kominform considère cet acte comme une trahison. Le 28 juin 1948, le Kominform publie une résolution condamnant l’attitude yougoslave. En excluant la Yougoslavie du Kominform, Staline espère ainsi provoquer un recul des Yougoslaves. C’est un échec, le PC yougoslave, épuré des kominformistes élit un nouveau Comité central totalement dévoué à Tito.Staline tente alors de subordonner la Yougoslavie avec l’arme économique. Il réduit les exportations de l’URSS vers ce pays de 90% et oblige les démocraties populaires à faire de même. Ce blocus économique oblige Tito à augmenter ses échanges avec le bloc occidental. Il est néanmoins toujours fidèle au socialisme et se réclame des mêmes principes que l’URSS même s’il reste politiquement indépendante de celle-ci.Tito remet donc en cause la direction unique du monde socialiste par l’URSS et ouvre la voie à l’idée d’un socialisme national. Il devient l’un des principaux représentants du mouvement des pays non-alignés. Suite à la conférence de Bandung en 1955, il participe avec Nehru et Nasser à celle de Brioni en 1956.
L’éclatement – La Yougoslavie de Tito et l’échec de la nation des «Slaves du sud» L’effondrement du bloc communiste provoque une explosion des nationalismes à l’Est, aux conséquences parfois dramatiques – comme c’est le cas dans les Balkans marqués par l’éclatement de la Yougoslavie. La Yougoslavie est créée au lendemain de la Première Guerre mondiale, issue de la décomposition des empires ottomans et austro-hongrois. Entre les deux guerres mondiales, des tensions entre Serbes et Croates provoquent de nombreux conflits internes. La Yougoslavie est démantelée en 1941 par l’Allemagne nazie. Elle renaît en 1945, dirigée par le communiste Tito, sur la base de l’égalité entre les différentes nationalités. Après la mort de Tito en 1980, la Yougoslavie devient vite ingouvernable. Chacune des nations demande plus d’autonomie et, en 1990, la Serbie veut transformer la Yougoslavie en une confédération. En 1991, la Croatie et la Slovénie proclament leur indépendance, inaugurant le processus d’éclatement. Ils sont bientôt suivis de la Macédoine et de la Bosnie-Herzégovine. Les Serbes de Croatie et de Bosnie, qui souhaitent constituer une grande Serbie, boycottent la consultation et font appel au Gouvernement de Belgrade. En avril 1992, la guerre commence entre les Croates et les Serbes. Elle est marquée par des massacres de masse de Croates et de Musulmans, perpétrés par les Serbes qui mènent une politique de « purification ethnique ». La crise yougoslave met en difficulté les pays de l’Union européenne qui peinent à trouver une politique extérieure commune.
L’Union européenne reconnaît néanmoins l’indépendance de la Slovénie et de la Croatie en 1992. C’est l’OTAN qui intervient en Bosnie-Herzégovine. Cette intervention conduit en 1995 aux accords de Dayton (États-Unis) qui reconnaissent en Bosnie deux territoires à base ethnique : la Fédération de Bosnie-Herzégovine et la République serbe de Bosnie. La sécurité est assurée par une force militaire de l’Union européenne : l’EUROFOR.
En 1998-1999, une crise touche la province serbe du Kosovo peuplée en majorité d’Albanais musulmans qui veulent leur indépendance. La province passe sous tutelle des Nations unies. L’indépendance y est proclamée en 2008. En juin 2006, la république du Monténégro est devenue elle aussi indépendante à l’issue d’un référendum.
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Josip_Broz_Tito