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29 octobre 1965 – Enlèvement de Mehdi Ben Barka, opposant au régime du roi Hassan II

ImageMehdi Ben Barka était enlevé à ParisImageMehdi Ben Barka (1920 – disparu le 29 octobre 1965) était un homme politique marocain, chef de l’Union nationale des forces populaires (UNPF) de gauche et secrétaire de la Conférence tricontinentale. Opposant au roi Hassan II, il a « disparu » à Paris en 1965. Malgré d’innombrables théories tentant d’expliquer ce qui lui est arrivé, les détails de sa disparition n’ont jamais été établis. Ben Barka est né à Rabat, au Maroc, d’un fonctionnaire, et est devenu en 1950 le premier musulman marocain à obtenir un diplôme en mathématiques dans une école française officielle. Il est devenu un membre éminent de l’opposition marocaine au sein du parti nationaliste Istiqlal, mais a quitté en 1959 après des affrontements avec des opposants conservateurs pour fonder l’Union nationale des forces populaires (UNFP) de gauche.ImageEn 1962, il est accusé de complot contre le roi Hassan II. Il a été exilé du Maroc en 1963, après avoir appelé les soldats marocains à refuser de combattre l’Algérie lors de la guerre des sables de 1963. Lors de son exil en 1963, Ben Barka devient un « commerçant ambulant de la révolution » selon l’historien Jean Lacouture. Il partit d’abord pour Alger, où il rencontra Che Guevara, Amílcar Cabral et Malcolm X. De là, il se rendit au Caire, à Rome, à Genève et à La Havane, essayant d’unir les mouvements révolutionnaires du Tiers Monde pour la réunion de la Conférence Tricontinentale qui devait aura lieu en janvier 1966 à La Havane. En tant que chef de la Conférence tricontinentale, Ben Barka était une figure majeure du mouvement du tiers monde et a soutenu l’action anticoloniale révolutionnaire dans divers États ; cela a provoqué la colère des États-Unis et de la France.ImageJuste avant sa disparition, il préparait le premier meeting de la Tricontinentale, prévu à La Havane. L’OSPAAAL (espagnol pour « Organisation de solidarité avec les peuples d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine ») a été fondée à cette occasion. Présidant la commission préparatoire, il en a défini les objectifs ; l’assistance aux mouvements de libération, le soutien à Cuba lors de sa soumission à l’embargo des États-Unis, la liquidation des bases militaires étrangères et l’apartheid en Afrique du Sud. Pour l’historien René Galissot, « la raison sous-jacente de l’enlèvement et de l’assassinat de Ben Barka est à rechercher dans cet élan révolutionnaire de la Tricontinentale ». Le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka est enlevé (« disparu ») à Paris par des policiers français et jamais revu. Le 29 décembre 1975, le magazine Time a publié un article intitulé « Le meurtre de Mehdi Ben Barka », déclarant que trois agents marocains étaient responsables de la mort de Ben Barka, dont l’ancien ministre de l’Intérieur Mohamed Oufkir.Mehdi BEN BARKA pour la vérité et la justice - 29 Octobre 1965 - 29 Octobre 2014 - Commun COMMUNE [le blog d'El Diablo]Les spéculations persistent quant à l’implication de la CIA. Des agents des renseignements français et le Mossad israélien étaient également impliqués, selon l’article. Selon Tad Szulc, l’implication israélienne était dans le sillage de la collaboration maroco-israélienne réussie dans l’opération Yachin de 1961-1964 ; il prétend que Meir Amit a localisé Ben Barka, sur quoi des agents du Mossad l’ont persuadé de venir à Paris où il devait être arrêté par la police française. Dans les années 1960, la disparition de Ben Barka était un scandale public suffisant pour que le président De Gaulle déclare formellement que son gouvernement n’en était pas responsable. Après un procès en 1967, deux officiers français ont été envoyés en prison pour leur rôle dans l’enlèvement. Cependant, le juge a jugé que le principal coupable était le ministre marocain de l’Intérieur Mohamed Oufkir. Georges Figon, un témoin au passé criminel qui avait témoigné plus tôt qu’Oufkir avait poignardé à mort Ben Barka, a ensuite été retrouvé mort, officiellement un suicide.

Le préfet de police Maurice Papon (1910-2007), plus tard reconnu coupable de crimes contre l’humanité pour son rôle sous le régime de Vichy, a été contraint de démissionner à la suite de l’enlèvement de Ben Barka. Ancien membre des services secrets marocains, Ahmed Boukhari a affirmé en 2001 que Ben Barka était mort lors d’un interrogatoire dans une villa au sud de Paris. Il a déclaré que le corps de Ben Barka avait ensuite été ramené au Maroc et détruit dans une cuve d’acide. De plus, il a déclaré que cette cuve d’acide, dont les plans ont été reproduits par les journaux, avait été construite sous les instructions de l’agent de la CIA « Colonel Martin », qui avait appris cette technique pour faire disparaître les cadavres lors de sa nomination dans l’Iran du Shah au années 1950.ImageLe dissident franco-marocain et ancien prisonnier d’opinion de Tazmamart Ali Bourequat affirme dans son livre Dans le jardin secret du roi du Maroc avoir rencontré un ancien agent secret marocain dans une prison près de Rabat en 1973-1974. L’homme, Dubail, a raconté comment lui et quelques collègues, dirigés par le colonel Oufkir et Ahmed Dlimi, avaient assassiné Ben Barka à Paris. Le corps a ensuite été encapsulé dans du ciment et enterré hors de Paris, mais sa tête a été apportée par Oufkir au Maroc dans une valise. Par la suite, il a été enterré dans le même terrain pénitentiaire où étaient détenus Dubail et Bourequat. En raison de demandes faites par le biais du Freedom of Information Act, le gouvernement des États-Unis a reconnu en 1976 que la Central Intelligence Agency (CIA) possédait 1 800 documents impliquant Ben Barka; cependant, les documents n’ont pas été publiés.ImageCertains documents français secrets sur l’affaire ont été rendus publics en 2001, provoquant un tollé politique. La ministre de la Défense, Michèle Alliot-Marie, avait accepté en 2004 de suivre les recommandations d’un comité de la défense nationale et rendu public les 73 documents classifiés supplémentaires sur l’affaire. Cependant, le fils de Mehdi Ben Barka s’est indigné de ce qu’il a qualifié de « pseudo-diffusion de dossiers », insistant sur la non-divulgation d’informations qui auraient pu impliquer les services secrets français (SDECE), et éventuellement la CIA et le Mossad, comme ainsi que la responsabilité ultime du roi Hassan II du Maroc – qui a pu commodément rejeter la faute sur Oufkir après son coup d’État manqué en 1972.

La journaliste britannique Victoria Brittain, écrivant dans The Guardian, a qualifié Ben Barka de « théoricien révolutionnaire aussi important que Frantz Fanon et Che Guevara », dont « l’influence s’est répercutée bien au-delà de leur propre continent ». Ses écrits ont été rassemblés et traduits en français par son fils Bachir Ben Barka et publiés en 1999 sous le titre Écrits politiques (1957-1965).Image

Ce jour-là : le 29 octobre 1965, Mehdi Ben Barka était enlevé à Paris                                                 Hassan II, De Gaulle, Ben Barka Ce que je sais d'eux - broché - Maurice Buttin - Achat Livre | fnacLe 29 octobre 1965 était enlevé à Paris le leader de la gauche marocaine Mehdi Ben Barka. Dès lors, on ne le reverra plus jamais, son corps n’ayant jamais été retrouvé. Retour, 56 ans après les faits, sur «l’affaire Ben Barka», qui reste non élucidée par la justice.

Il est un peu plus de midi, ce vendredi 29 octobre 1965, quand Mehdi Ben Barka se rend boulevard Saint-Germain-des-Prés à Paris. Il doit y retrouver deux cinéastes, le réalisateur Philippe Bernier et le producteur Georges Figon, pour y travailler sur un projet de film traitant de la décolonisation, intitulé Basta !

Deux policiers français, Louis Souchon et Roger Voitot, l’interpellent près de la brasserie Lipp et le font monter dans une voiture banalisée. À son bord se trouve Antoine Lopez, cadre d’Air France à Orly, mais surtout informateur du SDECE (contre-espionnage français).

Les hommes informent Ben Barka qu’une personne importante souhaite le rencontrer. Ben Barka coopère. Il ne le sait sans doute pas, mais ce sera son ultime voyage.

La voiture est conduite à Fontenay-le-Vicomte, une villa appartenant à Georges Boucheseiche, un truand français. Le guet-apens se referme. Après ? Plus rien de sûr, et surtout, il n’y aura jamais aucune trace du corps de l’opposant marocain à Hassan II.

Hassan II, Oufkir, Dlimi, BenslimaneImage

À l’époque de sa disparition, la « dynamo de la gauche marocaine » se sait menacer. Condamné deux fois par contumace à la peine capitale dans son pays – pour complot et pour « haute trahison » – Ben Barka vit en exil depuis déjà deux ans lors de son enlèvement en plein Paris. Une chose est sûre : l’opération est menée par les services secrets du royaume chérifien, des hommes répondant d’habitude aux ordres du roi Hassan II. Le ministre de l’Intérieur Mohamed Oufkir, ainsi que le commandant Ahmed Dlimi, chef de la police, sont tous deux contactés par Lopez le 29 octobre.ECRITS POLITIQUES, 1957-1965 : BEN, BARKA M: Amazon.co.uk: Books

Le lendemain, les deux responsables se rendent à Paris, puis sont conduits par Lopez à la villa où se trouve Ben Barka. Un troisième haut fonctionnaire marocain sera aussi cité par la justice française dans l’affaire, le chef de la gendarmerie royale Hosni Benslimane.

Une justice à l’arrêt ? Image

En 1966, la France émet un mandat d’arrêt contre Benslimane et Oufkir, mais ils profitent de la complaisance du royaume, qui n’a jamais donné suite aux injonctions et mandats de la justice française. Quatre mandats d’arrêts seront ultérieurement signés en 2007 par le juge d’instruction Patrick Ramaël, puis diffusées par Interpol en 2009, avant que l’organisme ne fasse blocage en attendant des « précisions », refusées par le juge.  Depuis le verdict du procès en 1967, seul Antoine Lopez et le policier Souchon a été condamnés. Ce dernier écrira dans ses mémoires : « Nous venons (…) d’enlever le leader de l’opposition marocaine. Le seul ennui, c’est, qu’à ce moment, nous n’en savons encore rien. » Oufkir et Boucheseiche sont, eux, condamnés par défaut à la prison à perpétuité.

Crime d’États ?  Image

Si les principaux protagonistes du rapt sont connus, les rôles des différents États impliqués le sont beaucoup moins. La décision d’enlever Ben Barka vient assurément du royaume chérifien, mais c’est plus du côté français que les questions se posent. En France, les procès ont montré que différents services avaient joué un rôle dans la perpétration du crime. Le drame s’est déroulé sur le sol français, des membres de la police françaises sont impliqués, et le refus de déclassifier de nombreux éléments, 50 ans plus tard, engage forcément la responsabilité de l’État français. En tout cas bien plus qu’à « un niveau vulgaire et subalterne », comme l’avait affirmé De Gaulle. Si le rôle de la CIA a lui aussi déjà été évoqué – en raison du rôle de Ben Barka dans la préparation de la conférence tripartite de 1966 à Cuba – là encore l’implication des Américains ne peut être prouvée, secret défense oblige.

Enfin, le Mossad est également cité comme protagoniste depuis une dizaine d’années, dans un rôle d’appui aux services marocains. L’enquête de mars 2015 des deux journalistes du quotidien israélien Yediot Aharonot, Ronen Bergman et Shlomo Nakdimon, valide la possible implication des services secrets israéliens.ImageÀ quand des réponses ?  Image

Un demi-siècle plus tard, les responsables individuels et étatiques de la disparition du leader de la gauche marocaine ne sont pas tous connus, et encore moins condamnés. Une question hante toujours la famille de Ben Barka – notamment son fils Bachir : qu’est-il advenu du corps du leader tiers-mondiste ? Des suppositions existent, mais, pour l’instant, personne n’a eu le droit de tenter des recherches approfondies.

Crime d’États dans l’«affaire Mehdi Ben Barka »Ben Barka, Hassan II, De Gaulle ce que je sais d'eux | Librairie de l'orient

Le marocain Mehdi Ben Barka, figure de l’opposition au roi Hassan II, est arrêté et enlevé à Saint-Germain des Prés par des policiers français. Le 29 octobre 1965, alors que Ben Barka mangeait avec Philippe Bernier dans la brasserie Lipp à Paris, il a été enlevé et son corps n’a jamais été retrouvé. Après quarante-sept années d’une enquête judiciaire qui n’est toujours pas terminée, l’implication des pouvoirs politiques marocain et français dans cet enlèvement reste controversée.  Il était un homme politique marocain qui fut l’un des principaux opposants socialistes au roi Hassan II et le chef de file du mouvement tiers-mondiste et panafricaniste.

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