Pire catastrophe de l’histoire du football a eu lieu et le soir où la fête du football a basculé sur le terrain de l’horreurTrente-neuf personnes ont perdu la vie lors d’émeutes avant la finale de la Coupe d’Europe des champions nationaux entre le FC Liverpool et la Juventus Turin, tous des supporters italiens. Ce qui s’est passé ce soir-là a laissé une empreinte profonde dans l’esprit de millions de personnes, mais d’un autre côté, ces événements tragiques se sont presque annoncés d’eux-mêmes.39 personnes meurent lors d’une confrontation au stade du Heysel à Bruxelles, en Belgique, lorsque les supporters de la Juventus et de l’Italie sont écrasés contre un mur échappant à une brèche des supporters de LiverpoolA l’époque où le stade avait été en grande partie modifié et modernisé, les places debout étaient restées relativement intactes. Certains murs avaient des trous si grands que les supporters sans billets pouvaient facilement entrer dans le stade. La seule issue de secours menait vers le haut. En bas, sur chaque petit côté, il n’y avait que trois portes, totalement insuffisantes pour les 22 000 places debout. Néanmoins, cette terrible lacune ne présenta pas d’obstacles insurmontables à l’UEFA pour attribuer la finale de la plus importante coupe d’Europe à Bruxelles en février 1985. L’inspection proprement dite du stade dura à peine trente minutes !L’un des chapitres les plus sombres de l’histoire du football international s’est écrit le 29 mai 1985.Plus d’une demi-heure avant le coup d’envoi, il y a eu un affrontement entre les supporters de Liverpool dans la section X et les supporters de la Juventus dans la section Z. Ils ont utilisé tout ce qu’ils pouvaient trouver et tout ce qu’ils pouvaient rapidement déloger comme missiles. Les supporters de Liverpool ont poussé leurs adversaires jusqu’au bout de leur section. Des dizaines d’Italiens se sont écrasé les uns contre les autres et contre les barrières entraînant une mort horrible par asphyxie.Le monde entier regarda avec effroi les victimes pour lesquelles il n’y avait pas d’échappatoire et la police bruxelloise, forte de quelques dizaines d’unités ce soir-là, qui n’avait tout simplement aucune idée de ce qui se passait. Le coup d’envoi a encore été retardé pendant que les corps étaient transportés à l’extérieur des murs du stade. Cependant, il ne faisait aucun doute que le jeu continuerait si ce n’était pas le cas, la catastrophe ne ferait que s’intensifier. Même les joueurs, tenus informés de la situation dans les vestiaires, savaient que l’annulation du match n’apporterait aucune solution. La victoire dans le jeu était maintenant d’une importance secondaire. Le fait que la Juventus ait finalement remporté le match avec un but sur penalty de Michel Platini, a laissé les 58 000 supporters choqués complètement insensibles. Trente-neuf personnes avaient perdu la vie dans la catastrophe, toutes italiennes.En une heure à peine, le stade du Heysel s’est transformé en une arène maudite qui a été aussitôt fermée. Depuis le 29 mai 1985, le nom du Heysel, jusqu’alors associé à l’Exposition universelle, aux salons de l’automobile et de l’alimentation et à son stade le plus fier, est devenu synonyme de mort et de destruction.Drame du Heysel : un sentiment de revancheLes adversaires ne sont pas que sur le terrain, ils sont aussi en tribune. Tel pourrait être le résumé simplifié de la pensée des supporters les plus virulents. C’est sans doute ce raisonnement qui avait conduit, en 1984, les supporters romains à s’en prendre à ceux de Liverpool. Le club anglais s’étant imposé contre l’AS Roma à Rome (1-1, 4-2 tab), ils avaient pris à partie dans la rue les supporters anglais après le match. Selon la RTBF, ces derniers avaient alors été contraints de se réfugier dans l’ambassade britannique. D’après ce même média, un an après, face à un club italien, « un sentiment de revanche » était perceptible.Pourtant, à en croire les témoignages recueillis dans le reportage Les grands drames du sport réalisé par RMC Découverte, les tensions n’étaient initialement pas perceptibles dans les rues belges entre les supporters de Liverpool et ceux de la Juventus Turin. « On a même vu des groupes italiens et anglais boire ensemble et chanter ensemble » relate l’un des témoins avant la rencontre.L’imprévisible catastrophe ?Le commissaire de police Vanreusel était donc rassuré. Comme le relate Jean-Philippe Leclerc dans son livre Le Heysel: une tragédie européenne, le commissaire revenait tout juste d’un voyage à Liverpool en vue de la préparation sécuritaire du match. En Angleterre, les dirigeants du club lui avait alors affirmé que « les supporters de Liverpool sont les moins violents de Grande-Bretagne ». À son retour en Belgique, le commissaire n’était donc pas particulièrement inquiet. La bonne entente d’apparence d’avant match ne présageait pas de la catastrophe à venir.Mais, l’alcool faisant peu à peu son effet, les premières échauffourées débutent. Une fois dans le stade, le drapeau italien brûlé par un supporter anglais fait monter la tension d’un cran. Le lancement d’une fusée provenant de la tribune anglaise vers celle des fans italiens mettra finalement le feu aux poudres. D’après certains anglais interrogés par RMC Découverte, des heurts éclatent alors entre les supporters de la Juventus Turin et quelques anglais présents dans le même bloc. Pour les défendre, les hooligans anglais lancent le premier assaut contre leurs adversaires.
Drame du Heysel : une mauvaise gestion des tribunesCe premier assaut a été d’autant plus facile pour les hooligans anglais que leurs rivaux se trouvaient dans le bloc voisin. Selon les schémas de préparation du match, cela n’aurait cependant jamais du se produire. Les supporters des deux camps devaient effectivement se trouver à l’opposé l’un de l’autre. Alors que les blocs X et Y sont réservés aux supporters de Liverpool, ceux de la Juventus Turin occupent ceux portant les lettres O et N. Les places, tant dans les blocs Z que M, sont donc censées accueillir un public neutre. Or, le bloc Z, situé à proximité immédiate du bloc X se remplit de supporters de la Juventus Turin. Un simple muret, renforcé par la présence d’une dizaine de gendarmes séparent les supporters des deux camps.
Conséquences sans finEt pourtant, moins d’un an plus tard, on rejouait au football au stade du Heysel. Le 23 avril 1986, les Manchester United ont remporté un match international amical contre la Bulgarie 2-0 en préparation pour la Coupe du monde 1986 au Mexique. Avec seulement quelques petites améliorations, le stade avait été à peine modifié. La tristement célèbre section Z, où la plupart des victimes sont mortes, a été laissée pratiquement intacte. Cette absence de rénovation était due au projet du gouvernement de rénover entièrement le stade du Heysel et de réduire sa capacité à 35 000 places.
Les suites du drame semblaient interminables. Quatre ans plus tard, en mai 1989, des condamnations ont été prononcées. Le gouvernement belge et l’UEFA sont restés intacts, mais le secrétaire général de l’Association de football, Albert Roosens, responsable de l’organisation de la finale, a été accusé d’homicide involontaire. Le verdict était littéralement la condamnation à mort de Roosens. De plus, la Belgique a été interdite d’accueillir toute finale européenne pendant dix ans. Cependant, au lieu de travailler à la création d’une nouvelle culture de stade, il y a eu des querelles pendant trois longues années pour savoir qui financerait le nouveau temple. Entre-temps, le stade du Heysel est devenu un stade fantôme. Seul le Mémorial Van Damme annuel a donné vie au stade. Il a à peine été témoin de football. Aucun club n’y avait joué activement depuis la disparition du Racing Brussels en 1963 qui y avait trouvé un abri éphémère lors de difficultés financières ; et le tout petit Racing Jet Brussels, actif au plus haut niveau dans les années 1980 pendant quelques saisons, s’est contenté du B-Stadium. Avec ses 12 000 places, il était bien trop grand pour les quelque 1 500 locaux qui bravaient les matchs à domicile le dimanche après-midi. Internationaux et finales de Coupe se disputaient à Anderlecht, Bruges ou Liège.
https://www.rbfa.be/en/national-teams/red-devils/king-baudouin-stadium/heysel-stadium-disaster
https://www.austade.fr/football/drame-du-heysel-une-tragedie-annoncee/