La dernière 2 CV sort des usines au PortugalLe Vendredi 27 Juillet 1990, à l’usine Citroën Lusitania de Mangualde, l’heure de la fin de production officielle de production de la 2CV a sonné. Elle y était assemblée depuis l’arrêt officiel des chênes de Levallois-Perret, le 28 Février 1988.La véritable fin de production de la 2CV ne correspond pas à ces dates, aussi bien à l’usine de Levallois qu’à celle de Mangualde au Portugal. On confond souvent « arrêt d’un modèle » et « arrêt de la chaîne de montage ». Quand une voiture cesse d’être produit, il faut fixer une date officielle de fin de vie afin que le réseau commercial sache exactement à quoi s’en tenir au niveau des commandes, et ne se charge pas en voiture qui deviendront impossibles à écouler. C’est la direction générale de Citroën qui a décidé de la date officielle d’arrêt de la 2CV en fonction des stocks de pièces disponibles, des commandes enregistrées et du planning prévisionnel des usines fournisseurs de Metz, Vigo et Orense. Une ligne de production ne s’arrête pas comme ça, du jour au lendemain.Une fois la date figée, le constructeur n’intègre plus la voiture à son catalogue et considère qu’elle ne fait plus partie de la gamme. Pourtant, même après la fin annoncée de la 2CV, le 27 Juillet 1990, avec la sortie des chaînes de Mangualde du dernier exemplaire, la célèbre photo souvenir de la Charleston grise prise à 16h30, la 2CV continuait d’être produite. Jusqu’au Mardi 31 Juillet 1990, 11 exemplaires furent terminés sur la ligne d’assemblage de Mangualde, dont trois 2CV 6 Spécial destinées à être exposées au mondial de l’automobile de Paris, en octobre 1990 : une bleue, une blanche et une rouge, mais cette idée n’eut pas de suite.Après le 27 Juillet 1990 il reste donc encore de quoi fabriquer quelques 2 CV. Il s’agissait de voitures répertoriées et classifiées, donc de voitures tout à fait normales, sauf qu’elles ne figuraient plus sur les cahiers de sorties de chaînes tenus par un préposé, chargé d’établir la carte d’identité du modèle (numéro de châssis, coque, moteur, boîte de vitesses…)Ces 11 2CV avaient été fabriquées (peinture, soudure, assemblage, serrage…) sur des lignes officiellement fermées, mais continuant pourtant à fonctionner au ralenti. Il est à noter que les 2CV made in Portugal sont loin d’être les plus fiables et les meilleures en termes de solidité. Nous vous invitons à lire le guide des points à surveiller si vous vous intéressez à une 2CV des années 1990.Le 1er Août 1990, c’était cette fois bel et bien fini, les rares machines-outils furent démontées illico-presto puis rapatriées en France.
Pour l’histoire, et comme il faut bien une fin à tout, c’est donc le 27 Juillet 1990, à 16h30, que la dernière 2CV est officiellement produite à l’usine de Mangualde, suivant, sur la ligne d’assemblage, une série de huit 2 CV 6 Spécial, toutes peintes en Rouge Vallelunga.Une réception en trois parties est organisée pour l’occasion. D’abord le modèle est choisi : il s’agit de la fameuse 2CV 6 Charleston Gris Cormoran EVP/Gris Nocturne EVR que l’on voit sur toutes les photos d’époque, dont le numéro de série est le n° TW6AZKA0008KA4813. Contrairement à ce que l’on peut souvent lire, elle ne fut pas réservée par le directeur de l’usine, Claude Hébert, qui ne tenait pas plus que ça à récupérer cette 2CV. Citroën France lui avait demandé si il souhaitait que fût mis gracieusement à sa disposition une ou deux 2CV avant la fin de production du modèle, et il n’accepte cette proposition qu’à condition que cela soit le dernier exemplaire fabriqué. D’ailleurs, la voiture reste sur place une bonne dizaine de jours avant de rentrer en France par la route, convoyée par deux chauffeurs de Citroën.Après avoir choisi le modèle, une mise en scène fût montée sur la ligne d’assemblage avec une trentaine d’ouvriers et les cadres chargés de l’assemblage final. Une pancarte fut apposée sur les plaques d’immatriculation avant et arrière. Il y était inscrit « Dernière 2CV » ou « Ultimo 2CV », selon le pays auquel étaient destinées les photos, la France ou le Portugal. Citroën France insista pour qu’une AX rouge soit visible derrière la 2CV, puisqu’il s’agissait d’une passation de pouvoir entre les deux modèles sur les lignes de Mangualde. L’avant-dernière 2CV fut quant à elle achetée par le sous-directeur de l’usine, José Sebastiao.Une fanfare jouait quelques airs locaux, un buffet était dressé pour tous les employés. Enfin, dans un troisième temps, une séance photo fut organisée à l’extérieur de l’usine : l’ensemble du personnel entourait la dernière 2CV 6 Charleston et la première AX sortie des chaînes de Mangualde. Qu’est-il advenu de la dernière 2CV ? Après avoir été rapatriée en France chez Claude Hébert, qui ne s’en servira presque jamais, elle restera sous une bâche dans le garage familial pratiquement jusqu’en 1997. Cette année-là, au décès de Claude Hébert, c’est son fils adoptif, Patrick Bourdeaux, qui en hérite par l’entremise de sa mère qui lui en fait cadeau. Résidant dans la région de Mulhouse, Patrick s’emploie alors à la faire rouler pour qu’elle ne s’abîme pas. Elle totalise aujourd’hui moins de 15 000 kms au compteur. On remarque une curieuse sellerie référencée « Nazaré », garnie d’un tissu écossais et de similicuir noir, qui n’était que rarement montée sur les 2CV locales.Elle est assemblée selon les spécificités du marché portugais (bavettes sur les ailes AR par exemple). Mais Mr Hébert souhaite qu’elle reçoive aussi tous les équipements qui ont été montés sur les 2CV produites à Mangualde (habillage des pare-chocs en plastique noir, feu de recul spécifique au marché allemand, sièges avants séparés avec appuie-tête…)Les 3 dernières 2CV fabriquées sont deux 2CV 6 Spécial, une blanche et une rouge, et enfin la Charleston de Mr Hébert. Pour cette dernière année de production, seulement 9 954 exemplaires seront fabriqués. C’est le modèle AX de Citroën qui va prendre la place laissée par la 2CV sur les chaînes de production de l’usine de Mangualde.Et que la 2 CV de Citroën reposât en paix, le 27 juillet 1990La nouvelle était annoncée depuis quelques semaines déjà, car «le premier coup de poignard» lui avait déjà été porté deux ans auparavant, «lorsque la firme au double chevron avait décidé de fermer l’usine de Levallois». Le 27 juillet 1990, Citroën stoppe définitivement la production des deux chevaux. A 16h, il y a vingt-sept ans ce jeudi, la dernière «Deuche» sortait de l’usine de Mangualde au Portugal, qui en produisait encore 85 par jour. Sept millions d’exemplaires en avaient été vendus depuis 1949, et c’était désormais «la moderne petite AX» qui allait la remplacer, le brave.
Aussi Alain R. Walon, dans le Journal de Genève du 6 juin, retrace-t-il «l’histoire de ce mythe de l’automobile, au même titre que la Volkswagen Coccinelle, la Fiat Topolino» chère à Nicolas Bouvier «ou la Ford T». Il est vrai qu’«en Suisse, l’avènement du catalyseur et des normes OGE 83 avaient fait disparaître ce phénomène automobile» depuis quatre ans. N’empêche, le succès de la «Deuche» reposait encore sur ceci: l’arrivée de «la motorisation populaire en France et en Europe» et l’accès désormais possible d’une voiture aux «catégories financièrement peu favorisées». De fait, la 2 CV «a rapidement accédé à l’universalité».
Walon précise que sa conception «remontait à 1935 déjà, lorsque Pierre Boulanger, directeur de Citroën, avait eu l’audace de lancer la formule «quatre roues sous un parapluie». Son cahier des charges rompait avec toutes les conceptions automobiles en vogue». Mais ce véhicule-là a fini par le transcender au fil des années, en devenant celui «de l’ouvrier, mais aussi du médecin de campagne, de l’étudiant et du globe-trotter». Conçue pour «les petites départementales françaises», la 2 CV «s’est rapidement retrouvée sur les pistes du désert, en Terre de Feu, sur les hauts plateaux du Népal et en maints autres endroits impossibles».
Pour Boulanger, il s’agissait d’«une voiture pouvant transporter deux cultivateurs en sabots, 50 kg de pommes de terre ou un tonnelet à une vitesse de 60 km/h et pour une consommation de 3 litres/100». Economique, donc, avec un critère par défaut : «L’esthétique n’a aucune importance.» Avantage, ce «véritable mécano automobile» pouvait être réparé «partout», même «avec des moyens de fortune». Et puis, son allure finalement «sympathique» allait en faire «une anti voiture». Celle qui fut, qui reste parfois encore «la favorite des écologistes» et des «pragmatiques».
La dernière Citroën 2 CV, une voiture populaire sort des usines
En 1948, Citroën présente la 2 CV au 35e Salon de l’automobile au Grand Palais à Paris.
27 juillet 1990 Après avoir écoulé sept millions d’exemplaires de sa mythique Deux-Chevaux, le constructeur Citroën en arrête la production. La dernière sort des chaînes de l’usine de Mangualde au Portugal à 16 heures et 30 minutes.
1990 : Citroën arrête la production de la cultissime Deux-Chevaux. À 16h, le dernier sort d’une usine de Mangualde au Portugal. 7 millions d’exemplaires de 2CV auront été vendus depuis 1949.
Le 27 Juillet 1990, après une série de 2CV Spécial Vallelunga, une 2CV 6 Charleston est assemblée. Les ouvriers de l’usine l’ont équipée de plaques d’immatriculation « DERNIERE 2CV » à l’avant et « ULTIMO 2CV » à l’arrière.
https://www.letemps.ch/opinions/2017/07/27/2-cv-reposat-paix-27–juillet-1990