27 Avril 1937 – Antonio Gramsci, un homme de culture et visionnaire planétaire

« La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. »Antonio Gramsci et ses pensées critiques : «L’enjeu de la modernité est de vivre sans illusions et sans déchanter.»Antonio Gramsci (1891-1937) est un écrivain et théoricien politique italien d’origine albanaise.  En 1911, ayant obtenu une bourse, il entame des études de philologie à l’université de Turin. Il fréquente les cercles socialistes dans lesquels se regroupent les émigrants sardes.  Au cours de l’été 1913, il adhère à la fédération de la jeunesse du Parti socialiste, puis au Parti socialiste italien l’année suivante. Dès 1914, il écrit dans des revues socialistes comme Il Grido del Popolo.À partir de 1915, il s’investit dans le combat politique au travers de la formation politique des jeunes ouvriers. Il est parmi les plus fervents fondateurs du Parti communiste d’Italie (PCd’I), section italienne de la IIIe internationale.  Gramsci devient le Secrétaire général du Parti communiste italien en 1925. Il est élu député de Turin de 1924 à 1926 et crée le quotidien l’Unita.  Il est arrêté par les fascistes le 8 novembre 1926 et condamné pour conspiration. En captivité pendant onze années, il écrit ses Carnets de prison.  Malade, il meurt quelques jours après être sorti de prison, dans la nuit du 26 au 27 avril 1937.  Sa conception de l’hégémonie culturelle comme moyen du maintien de l’État dans une société capitaliste a fait date.Mener la bataille des idées pour soustraire les classes populaires à l’idéologie dominante afin de conquérir le pouvoir… Fréquemment citées, mais rarement lues et bien souvent galvaudées, les analyses qu’Antonio Gramsci développe alors qu’il est incarcéré dans les geôles fascistes au début des années 1930 connaissent une remarquable résurgence. De l’Europe à l’Inde en passant par l’Amérique latine, ses écrits circulent et fertilisent les pensées critiques.Elsa Morante lui rend hommage dans son roman « La Storia ».

Citations d’Antonio GramsciLe vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres.La crise est le moment où l’ancien ordre du monde s’estompe et où le nouveau doit s’imposer en dépit de toutes les résistances et de toutes les contradictions. Cette phase de transition est justement marquée par de nombreuses erreurs et de nombreux tourments.

Celui qui ne sait pas d’où il vient ne peut savoir où il va.L’enjeu de la modernité est de vivre sans illusions et sans déchanter.

La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet inter règne on observe les phénomènes morbides les plus variés.

Une introduction à la vie et à la pensée de GramsciAntonio Gramsci est né le 22 janvier 1891 à Ales dans la province de Cagliari en Sardaigne. Il était le quatrième des sept enfants nés de Francesco Gramsci et Giuseppina Marcias. Sa relation avec son père n’a jamais été très proche, mais il avait une affection et un amour fort pour sa mère, dont la résilience, le don pour la narration et l’humour piquant l’ont durablement marqué. De ses six frères et sœurs, Antonio avait un intérêt commun pour la littérature avec sa sœur cadette Teresina et semble avoir toujours ressenti une parenté spirituelle avec ses deux frères, Gennaro, l’aîné des enfants Gramsci, et Carlo, le plus jeune. L’adhésion précoce de Gennaro au socialisme a contribué de manière significative au développement politique d’Antonio.En 1897, le père d’Antonio a été suspendu puis arrêté et emprisonné pendant cinq ans pour des abus administratifs présumés. Peu de temps après, Giuseppina et ses enfants ont déménagé à Ghilarza, où Antonio a fréquenté l’école primaire. Au cours de ces années d’épreuves et de quasi-pauvreté, il tomba des bras d’un serviteur, auquel sa famille attribua son dos voûté et sa croissance ralentie : il mesurait un pouce ou deux de moins d’un mètre cinquante.À l’âge de onze ans, après avoir terminé l’école primaire, Antonio a travaillé pendant deux ans au bureau des impôts de Ghilarza, afin d’aider sa famille en difficulté financière. En raison des cinq années d’absence de Francesco, ce furent des années de lutte acharnée. Néanmoins, il a continué à étudier en privé et est finalement retourné à l’école, où il a été jugé d’une intelligence supérieure, comme l’indiquent d’excellentes notes dans toutes les matières.Antonio a poursuivi ses études, d’abord à Santu Lussurgiu, à une quinzaine de kilomètres de Ghilarza, puis, après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires, au lycée Dettori de Cagliari, où il a partagé une chambre avec son frère Gennaro, et où il est entré en contact pour la première temps avec des secteurs organisés de la classe ouvrière et avec des politiques radicales et socialistes. Mais ce sont aussi des années de privation, pendant lesquelles Antonio dépend en partie de son père pour un soutien financier, qui ne vient que rarement. Dans ses lettres à sa famille, il a accusé à plusieurs reprises son père de procrastination et de négligence impardonnables. Sa santé s’est détériorée et certains des symptômes nerveux qui devaient l’affliger plus tard étaient déjà évidents.1911 est une année importante dans la vie du jeune Gramsci. Après avoir été diplômé du lycée de Cagliari, il a demandé et obtenu une bourse à l’Université de Turin, un prix réservé aux étudiants nécessiteux des provinces de l’ancien royaume de Sardaigne. Parmi les autres jeunes à concourir pour cette bourse figurait Palmiro Togliatti, futur secrétaire général du Parti communiste italien (PCI) et, avec Gramsci et plusieurs autres, parmi les dirigeants les plus capables de ce parti assiégé. Antonio inscrit à la Faculté des Lettres. A l’Université, il rencontre Angelo Tasca et plusieurs autres hommes avec qui il va partager des luttes d’abord au Parti socialiste italien (PSI) puis, après la scission de janvier 1921, au PCI.     À l’Université, malgré des années de terribles souffrances dues à une alimentation inadéquate, à des appartements non chauffés et à un épuisement nerveux constant, Antonio a suivi divers cours, principalement en sciences humaines, mais aussi en sciences sociales et en linguistique, vers lesquels il était suffisamment attiré pour envisager une spécialisation universitaire dans ce domaine. Plusieurs de ses professeurs, notamment Matteo Bartoli, un linguiste, et Umberto Cosmo, un érudit de Dante, sont devenus des amis personnels.En 1915, malgré de grandes promesses en tant qu’universitaire, Gramsci devient un membre actif du PSI et entame une carrière de journaliste qui fait de lui l’une des voix critiques les plus redoutées d’Italie à cette époque. Sa chronique dans l’édition turinoise d’Avanti!, et ses critiques de théâtre ont été largement lues et influentes. Il intervient régulièrement dans les cercles d’étude ouvriers sur divers sujets, comme les romans de Romain Rolland, pour qui il ressent une certaine affinité, la Commune de Paris, les révolutions française et italienne et les écrits de Karl Marx. C’est à cette époque, alors que la guerre s’éternisait et que l’intervention italienne devenait une réalité sanglante, que Gramsci adopta une position quelque peu ambivalente, bien que sa position de base fût que les socialistes italiens devaient utiliser l’intervention comme une occasion de transformer le sentiment national italien en un sentiment révolutionnaire plutôt qu’une direction chauvine. C’est aussi à cette époque, en 1917 et 1918, qu’il commence à percevoir la nécessité d’une intégration de l’action politique et économique au travail culturel, qui prend la forme d’une association culturelle prolétarienne à Turin.L’éclatement de la révolution bolchévique en octobre 1917 attisa encore son ardeur révolutionnaire, et pendant le reste de la guerre et dans les années qui suivirent, Gramsci s’identifia étroitement, mais pas entièrement sans critique, aux méthodes et aux objectifs de la direction révolutionnaire russe et aux cause de la transformation socialiste dans tout le monde capitaliste avancé.Au printemps 1919, Gramsci, avec Angelo Tasca, Umberto Terracini et Togliatti, fonde L’Ordine Nuovo : Rassegna Settimanale di Cultura Socialista (L’Ordre nouveau : Une revue hebdomadaire de la culture socialiste), qui devient un périodique influent (sur un hebdomadaire et plus tard sur un calendrier de publication bimensuel) pendant les cinq années suivantes parmi la gauche radicale et révolutionnaire en Italie. La revue accorde une grande attention aux courants politiques et littéraires en Europe, en URSS et aux États-Unis. Au cours des années suivantes, Gramsci consacra la majeure partie de son temps au développement du mouvement des conseils d’usine et au journalisme militant, ce qui le conduisit en janvier 1921 à se ranger du côté de la minorité communiste au sein du PSI au Congrès du Parti à Livourne. Il est devenu membre du comité central du PCI, mais n’a joué un rôle de premier plan que plusieurs années plus tard. Il était l’un des représentants les plus prémonitoires de la gauche italienne au début du mouvement fasciste et a prédit à plusieurs reprises qu’à moins qu’une action unifiée ne soit entreprise contre la montée du mouvement de Mussolini, la démocratie italienne et le socialisme italien subiraient tous deux une défaite désastreuse.Les années 1921 à 1926, années « de fer et de feu » comme il les appelle, sont mouvementées et productives. Elles sont marquées en particulier par l’année et demie qu’il passe à Moscou comme délégué italien à l’Internationale communiste (mai 1922-novembre 1923), son élection à la Chambre des députés en avril 1924 et son accession au poste de général secrétaire du PCI. Sa vie personnelle est également remplie d’expériences marquantes, la principale étant sa rencontre puis son mariage avec Julka Schucht (1896-1980), violoniste et membre du Parti communiste russe qu’il rencontre lors de son séjour en Russie. Antonio et Julka ont eu deux fils, Delio (1924-1981), et Giuliano, né en 1926, qui vit aujourd’hui à Moscou avec sa femme.Le soir du 8 novembre 1926, Gramsci a été arrêté à Rome et, conformément à une série de « lois exceptionnelles » promulguées par la législature italienne dominée par les fascistes, incarcéré à l’isolement à la prison Regina Coeli. Commence alors une odyssée de dix ans, marquée par des douleurs physiques et psychiques presque constantes à la suite d’une expérience carcérale qui culminera, le 27 avril 1937, par sa mort d’une hémorragie cérébrale. Il ne fait aucun doute que l’attaque qui l’a tué n’était que le résultat final d’années et d’années de maladies qui n’ont jamais été correctement traitées en prison.Pourtant, comme le savent tous ceux qui connaissent la trajectoire de la vie de Gramsci, ces années de prison ont également été riches en réalisations intellectuelles, comme le rapportent les Carnetsil a gardé dans ses différentes cellules qui ont finalement vu la lumière après la Seconde Guerre mondiale, et comme indiqué également dans les lettres extraordinaires qu’il a écrites de prison à des amis et surtout aux membres de la famille, dont le plus important n’était pas sa femme Julka mais plutôt une sœur -beau-frère, Tania Schucht. Elle était la personne la plus intimement et sans cesse impliquée dans sa vie carcérale, puisqu’elle résidait à Rome depuis de nombreuses années et était en mesure de lui fournir non seulement un échange régulier de pensées et de sentiments sous forme de lettres, mais aussi des vêtements et avec de nombreux aliments et médicaments dont il avait cruellement besoin pour survivre à la routine quotidienne écrasante de la vie carcérale.          Après avoir été condamné le 4 juin 1928, avec d’autres dirigeants communistes italiens, à 20 ans, 4 mois et 5 jours de prison, Gramsci est incarcéré dans une prison de Turi, dans la province de Bari, qui s’avère être sa plus longue place de détention (juin 1928 – novembre 1933). Par la suite, il fut sous surveillance policière dans une clinique de Formia, d’où il fut transféré en août 1935, toujours sous surveillance, à l’hôpital Quisisana de Rome. C’est là qu’il passa les deux dernières années de sa vie. Parmi les personnes, outre Tania, qui l’ont aidé soit en lui écrivant, soit en lui rendant visite lorsque cela était possible, se trouvaient sa mère Giuseppina, décédée en 1933, son frère Carlo, ses sœurs Teresina et Grazietta, et sa bonne amie, là l’économiste Piero Sraffa, qui tout au long de l’épreuve carcérale de Gramsci a fourni un service crucial et indispensable à Gramsci. Sraffa a utilisé ses fonds personnels et les nombreux contacts professionnels nécessaires pour obtenir les livres et périodiques dont Gramsci avait besoin en prison. Gramsci avait une mémoire prodigieuse, mais il est sûr de dire que sans l’aide de Sraffa, et sans le rôle d’intermédiaire souvent joué par Tania, les cahiers de prison tels que nous les avons n’auraient pas abouti.

Le travail intellectuel de Gramsci en prison n’a émergé au grand jour que plusieurs années après la Seconde Guerre mondiale, lorsque le PC a commencé à publier des sections éparses des Cahiers .et quelques-unes des quelque 500 lettres qu’il a écrites depuis sa prison. Dans les années 1950, puis avec une fréquence et une intensité croissantes, ses écrits sur les prisons ont suscité l’intérêt et des commentaires critiques dans une multitude de pays, non seulement en Occident mais aussi dans le soi-disant tiers monde. Certains de ses termes sont devenus des mots familiers à gauche, dont le plus important, et le plus complexe, est le terme « hégémonie » tel qu’il l’a utilisé dans ses écrits et appliqué à la double tâche de comprendre les raisons qui sous-tendent à la fois les succès et les échecs du socialisme à l’échelle mondiale, et d’élaborer un programme réalisable pour la réalisation d’une vision socialiste dans les conditions réellement existantes qui prévalaient dans le monde. Parmi ces conditions figuraient la montée et le triomphe du fascisme et le désarroi de la gauche qui avait résulté de ce triomphe.

La théorie de l’hégémonie culturelle de Gramsci décrit comment les États utilisent les institutions culturelles pour maintenir le pouvoir dans les sociétés capitalistes.

Événements historiques

1919-05-01 « L’Ordine Nuovo » Hebdomadaire socialiste italien fondé à Turin par Antonio Gramsci, Angelo Tasca et Palmiro Togliatti

1921-01-21 Parti communiste italien fondé à Livourne par Amadeo Bordiga et Antonio Gramsci

09/11/1926 Le dirigeant communiste italien Antonio Gramsci est arrêté à Rome

La théorie de l’hégémonie culturelle de Gramsci décrit comment les États utilisent les institutions culturelles pour maintenir le pouvoir dans les sociétés capitalistes.

http://www.internationalgramscisociety.org/about_gramsci/biograpy.html

https://www.dicocitations.com/auteur/1949/Antonio_Gramsci.php

https://www.monde-diplomatique.fr/2012/07/KEUCHEYAN/47970

https://www.babelio.com/auteur/Antonio-Gramsci/140517/citations

https://www.babelio.com/auteur/Antonio-Gramsci/140517

https://www.onthisday.com/people/antonio-gramsci