La famille Pazzi conspire pour assassiner les frères MédicisLa vérité derrière la tentative d’assassinat des MédicisLes conspirateurs de Pazzi attaquent Lorenzo de’Medici et tuent Giuliano de’Medici à FlorenceLe 26 avril 1478, un plan d’assassinat de membres de la famille Médicis, connu sous le nom de conspiration Pazzi, a été déjoué à la cathédrale de Florence.
La conspiration Pazzi a été l’un des événements les plus dramatiques de la renaissance italienne. À la fin des années 1400, la maison de Médicis était devenue la famille la plus puissante et la plus influente de Florence. Au XIIIe siècle, les Médicis ont commencé à accumuler des richesses après avoir créé plusieurs entreprises commerciales et bancaires. En 1434, la famille a pris le contrôle total du gouvernement de Florence sous leur premier chef, Cosme de Médicis (surnommé à titre posthume « Père de la Patrie »).Quarante ans plus tard, une coalition dirigée par la famille Pazzi – une autre dynastie bancaire bien établie à Florence – a décidé de contester leur emprise sur le pouvoir. Les deux familles étaient depuis longtemps rivales politiques et se méprisaient vraiment. Les Pazzis ont obtenu le soutien d’autres factions locales, dont la famille Salviati (les banquiers papaux de Florence). Même le pape Sixte IV et son neveu Girolamo Riario détestaient la famille Médicis et se joignirent au complot. Bien que le pape ne sanctionne pas ouvertement le meurtre, il a clairement déclaré son désir de supprimer les Médicis et sa volonté de travailler avec quiconque les remplacerait.La conspiration Pazzi était centrée sur le meurtre des deux principaux frères Médicis, Lorenzo et Giuliano. Le plan consistait à tendre une embuscade aux frères alors qu’ils assistaient à une messe dominicale à la cathédrale de Florence (connue sous le nom de Duomo). Le matin du 26 avril 1478, les conjurés attaquent subitement les Médicis alors qu’ils se tiennent devant une foule de 10 000 personnes. Giuliano de’ Medici a été poignardé 19 fois avant que Francesco de’ Pazzi ne le frappe à la tête avec son épée. Alors que son frère saignait sur le sol de la cathédrale, Lorenzo a réussi à s’échapper avec des blessures graves mais non mortelles.D’autres conspirateurs ont simultanément tenté de prendre le contrôle des principaux bureaux du gouvernement à travers la ville, mais n’y sont pas parvenus. Les conspirateurs Pazzi ont gravement sous-estimé le soutien et l’amour du peuple pour la famille Médicis. La plupart des citoyens de Florence se sont ralliés à Lorenzo et l’ont aidé à traquer sans pitié ses ennemis, y compris l’archevêque de Pise. En quelques heures, le coup d’État avait lamentablement échoué.Suite à l’attaque, Lorenzo de’ Medici a lancé une guerre contre les États pontificaux qui a duré encore deux ans. Le combat a été coûteux pour les deux parties et a failli entraîner la chute de Florence. En fin de compte, la famille Médicis a survécu et a obtenu un contrôle total en éliminant toute résistance politique. Ils ont continué à régner sur Florence pendant près de trois siècles. En 1737, la dynastie prit fin lorsque Gian Gastone mourut sans héritier mâle. Les Médicis ont joué un rôle central dans la culture des arts et de la culture pendant la Renaissance. La famille a produit quatre papes catholiques et s’est mariée dans plusieurs autres maisons royales de premier plan à travers l’Europe.Alors qu’il assiste à une messe, Laurent de Médicis, héritier de la dynastie, échappe de peu à un attentat. Sa répression contre les insurgés mettra la Toscane à feu et à sang.La nouvelle de l’assassinat s’est répandue dans la ville, les Pazzis se sont précipités vers le Palais en criant : Liberté, liberté. L’invitation classique à un soulèvement.Néanmoins, peu après l’horrible attentat, Lorenzo dei Medici et ses fidèles remplissent également les rues, mais répondent aux Pazzis en criant : « Palle, Palle » (« balles, balles », car le blason des Médicis contenait cinq balles), en guise de réponse. Lorenzo et ses partisans ont rapidement gagné la sympathie du peuple, un crime aussi horrible dans une cathédrale était inacceptable !Le soutien que les citoyens ont montré à Lorenzo, a surpris les conspirateurs qui pensaient que Lorenzo était impopulaire et s’attendaient à un retour de bâton de la part du public, mais ils ont été au contraire étonnés du soutien public que Lorenzo a reçu. Bien que Laurent ait appelé les foules à ne pas se venger et à ne pas se faire justice elles-mêmes, Francesco dei Pazzi a été arrêté, déshabillé et tué, tandis que d’autres conspirateurs ont été décapités.Toutes les personnes impliquées dans la conspiration ont été punies. De nombreux Pazzi sont tués, enlevés ou exilés, ceux qui sont autorisés à rester changent leur nom de famille pour éviter les représailles.
Florence était sans pitié, et les traîtres n’étaient pas acceptés ! Après les assassinats sanglants d’avril qui se terminent par un massacre, la vie continue à Florence. Tout le monde était convaincu que les coupables avaient été punis et que le crime était résolu. Le monde entier, choqué par ces événements, est convaincu que justice a été rendue. Tout cela allait être changé par la découverte d’une lettre secrète 500 ans plus tard.Une sanglante chasse à l’hommeL’assassinat n’avait pas totalement réussi, puisque l’un des deux frères était encore en vie. L’archevêque Salviati décida pourtant de s’en tenir au plan des conjurés, qui consistait à réaliser un coup d’Etat en profitant de la panique. Accompagné d’une poignée d’hommes de main et de quelques Pazzi, il marcha vers le Palazzo Vecchio, le palais de la Seigneurie. Le gonfalonier Petrucci, alerté par les clameurs montant de la rue, ferma les portes. Chef du gouvernement, l’homme était acquis à la cause des Médicis. Les conjurés espéraient qu’en apprenant la mort des deux plus éminents d’entre eux, il se rallierait à leur entreprise. Mais voilà que des nouvelles arrivent aux oreilles de Petrucci. Laurent serait encore en vie, à l’abri dans la cathédrale. C’est à ce moment que l’histoire bascule. Le gonfalonier fait arrêter Salviati, deux de ses parents, ainsi qu’un Pazzi, Jacopo, et sans autre forme de procès, ordonne qu’ils soient pendus au balcon du palais, exposés à la vue de tous. Les autres conjurés sont jetés par les fenêtres, livrés à la foule, qui, furieuse d’apprendre l’attentat, les lynche un par un. «De par la cité tout entière, on acclamait le nom des Médicis, et partout l’on voyait les membres des morts fichés à la pointe des armes ou traînés dans la boue et sur les pavés», décrit Jacques Heers. De nombreux Pazzi, qui n’avaient pourtant pas pris part à la conjuration, furent également massacrés. Quant à ceux qui tentèrent de s’enfuir, ils furent tous rattrapés, au cours d’une curée qui agita pendant une semaine toute la Toscane. Au terme de cette purge sanglante, le nom des Pazzi fut banni de Florence, leurs emblèmes effacés des monuments de la ville, et leurs morts, maudits.Rome et Naples déclarent la guerreLa situation aurait pu en rester là si le pape Sixte IV ne s’en était pas mêlé. Indigné que l’archevêque de Pise, qu’il avait nommé, ait ainsi été pendu sommairement, et que son neveu Girolamo Riario soit retenu prisonnier, il excommunia Laurent le 4 juin 1478. Puis, bien que celui-ci ait relâché entre-temps Riario, il frappa toute la cité de Florence d’interdit – l’une des plus puissantes armes dont disposât le souverain pontife, puisqu’elle empêchait les sacrements (mariages, baptêmes, ou enterrements) d’être donnés dans le territoire ainsi visé. La Seigneurie passa outre cette décision en convainquant certains prêtres de poursuivre leurs offices. Alors, pour faire plier Florence, Sixte IV se mit en guerre. Son allié, le roi de Naples Ferdinand Ier, mobilisa son armée et marcha sur la Toscane à l’automne.
La cité florentine, lâchée par Venise qui refusait de s’engager dans un conflit motivé, jugeait-elle, par des affaires privées, ne fut pas en mesure d’opposer grande résistance aux troupes ennemies, qui ravagèrent le Chianti, le Val d’Arno, et s’emparèrent de Monte San Savino le 8 novembre 1478. Une trêve hivernale fut décrétée et des négociations de paix commencèrent. Mais Laurent, jugeant inacceptables les conditions énoncées par Sixte IV, les hostilités reprirent de plus belle au printemps 1479. Rome et Naples rallièrent à leurs ambitions militaires Sienne et Lucques, tandis que Florence tentait de résister en vidant ses caisses pour s’assurer les services de condottieri réputés. Ces mercenaires assurèrent quelques victoires aux Florentins, en écrasant notamment les troupes du Saint-Siège près du lac Trasimène.Mais leur mauvaise organisation, leur manque de fidélité et leur attrait pour les combats faciles qui permettaient de piller beaucoup sans perdre d’hommes (autant de tares qui feront dire en son temps à Machiavel que les «armes mercenaires» étaient «inutiles et dangereuses »), empêchèrent Laurent de capitaliser sur ces batailles gagnées. Alors que ce dernier devait se contenter de victoires rapportant certes du butin aux soldats, mais sans valeur militaire, l’ennemi se mit à contre-attaquer, s’emparant de points stratégiques. Stationnées à Poggibondi, les troupes à la solde des Florentins s’enfuirent sans combattre le 7 septembre 1479, préférant éviter toute perte humaine et abandonnant la place forte aux Napolitains. Puis ce fut au tour de Colle di Val d’Elsa, dernière forteresse sur la route de Florence, d’être assiégée. A cette nouvelle, la cité florentine céda à la panique, tandis que les rues s’emplissaient de la rumeur que l’ennemi serait bientôt là.Le triomphe d’un diplomateLaurent, qui n’avait pas su se montrer très habile dans l’art de la guerre, possédait encore, pour sauver Florence, une arme qu’il excellait à manier : la diplomatie. Malgré la réputation de ruse et de brutalité que s’était taillée Ferdinand Ier de Naples, il décida de se livrer à sa merci, en se rendant en personne dans la cité napolitaine pour négocier. Après avoir embarqué à Pise, il y arriva le 18 décembre 1479, trouvant un roi fermé à toute tractation qui se ferait en l’absence de son allié Sixte IV. Mais Laurent joua finement, en faisant appel aux mêmes procédés qui lui avaient permis de conquérir le cœur du peuple florentin : « Il éblouit la Cour et la ville de Naples par de grandes libéralités et autant d’aumônes, donna fêtes et festins, fit libérer une centaine de condamnés aux galères en payant leurs dettes, distribua des dots aux jeunes filles pauvres», écrit Jacques Heers.Une circonstance inattendue vint du reste à son secours. Dans l’Adriatique, la flotte turque, emmenée par le vizir Gedik Ahmed Pacha, s’était lancée dans une série d’attaques contre des possessions napolitaines. Préférant rediriger ses forces vers ce péril-là, Ferdinand Ier signa avec Laurent une paix qui fut acceptée par Sixte IV, puis proclamée dans Florence le 25 mars 1480. Deux ans après la conjuration qui avait failli lui coûter la vie, le jeune despote triomphait. Seul maître à bord, il allait désormais pouvoir se consacrer pleinement au mécénat et aux embellissements de sa cité, qui lui vaudraient le nom de Magnifique. Quant aux Pazzi, rayés pour l’heure de la liste des familles de Toscane, ils ne devaient faire leur retour à Florence qu’après la mort de Laurent, lorsque le prédicateur Savonarole s’emparerait du pouvoir en 1494, et chasserait, à leur tour, tous les Médicis.Diplomatie : le subtil équilibre des cités-EtatsL’Italie du Quattrocento ne constitue pas un pays unifié. Elle ressemble plutôt à une mosaïque de grandes villes régnant chacune sur un territoire qui s’étend bien au-delà de ses murs. Ces cités-Etats ont connu une phase d’extension jusqu’au début du XVe siècle, consolidant leur aire de domination régionale. Ainsi, Florence, qui exerce son contrôle sur tout le contado (conté) toscan, a fait rentrer dans son giron plusieurs autres communes : Pise, qu’elle a conquise par la force en 1406, Cortone, annexée en 1411, et le port de Livourne, acquis pour 100 000 florins d’or. Face à Florence, se dressent quatre autres grands Etats régionaux : le royaume de Naples, qui domine tout le Sud, les Etats pontificaux, rassemblés autour de Rome, le duché de Milan, possédant Pavie et Parme, et enfin le plus puissant d’entre eux, la République de Venise, qui, outre son contrôle sur la rive est de l’Adriatique, s’est développée vers l’ouest en s’emparant de Padoue, Vérone et Bergame.La stabilité de la péninsule italienne dépend entièrement des relations entre ces «cinq grands». Elles furent houleuses durant la première moitié du XVe siècle, marquées par des guerres à répétition. Mais pour mettre fin au conflit qui opposait depuis cinquante ans Milan, Venise, et leurs alliés, les cités-Etats signèrent finalement, le 5 avril 1454, la paix de Lodi. Ce pacte proscrivait théoriquement les combats intra-italiens, et visait à unir les forces des cités-Etats contre de possibles intrusions barbares, venues soit de l’est et de l’Empire ottoman, soit de l’autre côté des Alpes.La lettre secrète
Un professeur italien a découvert une lettre secrète dans les archives de l’ancienne résidence du duc d’Urbino, une lettre cryptée. Il a fallu beaucoup de temps et de travail pour déchiffrer la lettre écrite par Frederico de Montefeltro, alias le duc d’Urbino, et adressée au pape Sixte IV.Le duc écrit : « Fais-le, débarrasse-toi de Lorenzo le plus vite possible, je t’enverrai mes troupes et en cas de danger je t’aiderai à t’échapper ».
La lettre continue : « Les troupes sont prêtes à suivre les ordres des nouveaux dirigeants, avec les Pazzis comme marionnettes ». Naturellement, les vrais dirigeants seraient le Duc Urbino et le Pape lui-même.
Après les massacres, et pour rétablir l’ordre dans la ville, le duc avait ordonné à ses troupes d’imposer l’ordre, car elles étaient des experts militaires et aidaient à coordonner le coup d’État. Le décodage de la lettre a apporté un nouvel éclairage sur les événements qui se sont déroulés à Florence.
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