La révolution dite du «People Power», une série de manifestations pacifiques à l’origine de la chute du régime de Ferdinand MarcosLe président philippin Ferdinand Marcos (1917-1989) et son épouse Imelda, peu avant le vaste mouvement populaire qui entraînera sa chute à la suite des élections anticipées de 1986. Président depuis 1965, Marcos avait instauré la loi martiale en 1972 et appliqué une politique proaméricaine dans un régime marqué par le népotisme et la corruption.Admis au barreau en 1939, et exerçant d’abord la profession d’avocat, Ferdinand Marcos est mobilisé comme sous-lieutenant en 1941 et participe aux opérations militaires, puis au mouvement de résistance contre l’occupant japonais. À la libération du pays en 1945, il est démobilisé avec le grade de commandant, chargé de rétablir l’ordre et de désarmer les groupes de résistance dans le nord de Luzon. Candidat du Parti libéral, il est élu, en 1949, membre de la Chambre des représentants et poursuit, en même temps, une brillante carrière d’avocat. Marié en 1954 à Imelda Romuáldez, dont le soutien et l’action lui seront d’un grand bénéfice lors notamment des différentes campagnes électorales, et qui jouera un rôle politique croissant à côté de son mari, il est élu sénateur en 1959, puis président du Sénat en 1963. Marcos vise alors la présidence de la République, occupée par D. Macapagal, également membre du Parti libéral et qui entend se représenter. Marcos abandonne le Parti libéral en 1964 pour rejoindre le Parti nationaliste ; l’année suivante, il est élu à la présidence devant Macapagal, qu’il distance de plus de 600 000 voix ; il devient ainsi le sixième président des Philippines. En 1969, Marcos devient le premier président de son pays à être réélu pour un second mandat (suivant la Constitution de 1935, le président sortant ne peut être réélu qu’une fois) par quelque cinq millions de voix contre un peu plus de trois millions à son adversaire du Parti libéral, Sergio Osmena. Au cours du second mandat, le nouveau Parti communiste de tendance maoïste et son organisation militaire, la Nouvelle Armée du peuple, accentuent leur pression ; une insurrection éclate parmi les musulmans du Sud ; les étudiants organisent d’importantes manifestations ; de nombreux attentats ont lieu, dont le plus important est celui de la place Miranda à Manille, perpétré le 21 août 1971 contre une réunion électorale libérale. Le jour même, et jusqu’au 11 janvier 1972, les droits et garanties résultant de l’habeas corpus sont suspendus. À l’occasion des élections sénatoriales, en novembre 1971, sur huit sièges à pourvoir, six sont emportés par les candidats libéraux dont la plupart, blessés, sont incapables de participer à la campagne. Le 21 septembre 1972, le président proclame la loi martiale et décide d’assumer tous les pouvoirs en s’appuyant sur l’armée ; la presse libre est supprimée et plus de 6 000 personnes sont renvoyées de la fonction publique. La proclamation de la loi martiale invoque le danger communiste ; mais, dans son ouvrage Notes on the New Society of the Philippines (1973), le président énumère sept menaces qui l’ont déterminé à agir : les communistes ; la droite, qui préparait un coup d’État ; les sécessionnistes musulmans ; les armées privées ; les éléments criminels ; les oligarques et les interventionnistes étrangers.Ferdinand Marcos, vers 1986Suite à la Convention constitutionnelle, réunie en juin 1970, une nouvelle Constitution philippine est adoptée le 30 novembre 1972. Conformément aux vœux de Marcos, cette Constitution introduit le système parlementaire. Le président de la République n’a plus qu’un rôle effacé et le véritable pouvoir est exercé par le Premier ministre. Le projet, pour entrer en vigueur, doit être approuvé par un plébiscite. Une proclamation présidentielle du 17 janvier 1973 constate que la nouvelle Constitution est en vigueur, car plus de 96% des personnes ayant participé au vote l’ont approuvée, à l’exception de la disposition sur l’Assemblée nationale que le président décide donc de ne pas convoquer. Une majorité s’est également prononcée contre tout plébiscite visant à faire ratifier la nouvelle Constitution. En vertu des dispositions transitoires de cette dernière, Marcos exerce les pouvoirs attribués à la fois au président et au Premier ministre. En 1975 et 1977, il se fait confirmer son mandat par référendum. Marcos maintient le régime de la loi martiale jusqu’en 1981. La même année, mettant en vigueur la Constitution, il se fait élire président de la République, sans que cette consultation populaire soit le signe d’un retour à la démocratie. Dans les années 1980, la situation se dégrade (récession, excès des militaires corrompus, rumeurs sur l’état de santé de Marcos).Quelques éléments de l’histoire des PhilippinesSituées dans l’océan Pacifique au sud-ouest de la Chine, les Philippines, constituées de 7 000 îles et îlots, forment un archipel montagneux et volcanique au climat chaud et humide d’une superficie de 300 000 kilomètres carrés, peuplé de 92,3 millions d’habitants au recensement de 2010. Intégrées aux routes commerciales asiatiques dès l’an 1000 au moins, les Philippines tombent sous influence chinoise au XIIe siècle, puis sous la domination de différents royaumes d’Indonésie, époque à laquelle (14e siècle) l’Islam apparaît dans cette région jusqu’alors animiste.« Découvertes » le 16 mars 1521 par Ferdinand Magellan, un explorateur portugais voyageant pour la couronne espagnole, l’archipel est baptisées Philippines en 1543, en l’honneur de l’infant d’Espagne, futur Philippe IV. Il reste sous domination espagnole jusqu’en 1898. Le traité de Paris met alors fin à la guerre hispano-américaine, et l’Espagne le contrôle des îles Philippines aux États-Unis. Le pays obtient son indépendance en 1946, comme promis par les États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Une expression bien connue des Philippins décrit ces périodes coloniales ainsi : « 400 ans au couvent, 50 à Hollywood ».Les gouvernements en place à Manille après l’indépendance combattent fermement l’influence communiste dans la région et donnent des gages aux États-Unis : concession de bases militaires, engagement à leurs côtés dans la guerre du Vietnam. Le régime de Ferdinand Marcos, qui se maintient au pouvoir pendant vingt ans (1965-1986), finit par sombrer dans la dictature et la corruption. Bien que ses successeurs soient parvenus à assainir la situation économique et à rétablir la démocratie, le pays demeure le théâtre de nombreuses violences, dues notamment aux groupes extrémistes musulmans. De formes et de modes d’expression variés, depuis le verbe instinctif, spontané, jusqu’aux poèmes raffinés où l’intelligence se manifeste avec insistance et subtilité dans toute sa complexité, la littérature des Philippines retrace l’expérience d’un peuple. Elle traduit les changements que les Philippins ont provoqués dans leur pays, par l’interaction de l’apport indigène et de l’apport étranger, en vue de la croissance culturelle, du progrès national et du bien-être de tous. Ainsi, l’écrivain philippin témoigne de sa propre progression comme individu et comme artiste, et de son engagement envers son art et son pays.Sous l’influence des ordres religieux espagnols puis du monde américain, les Philippines ont développé une culture unique en Asie du sud-est, tout en conservant de nombreux rites et traditions propres à leur culture. Il convient cependant de remarquer que les modes de vie des différents peuples philippins vont de « l’archaïque » dans le cas de certaines ethnies au «moderne», dans le cadre d’un monde globalisé à cheval entre les modèles américains et asiatiques.
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