L’histoire de la Rose blanche, mouvement de résistance allemand au nazismeHans et Sophie Scholl furent exécutés dans une prison munichoise. Leur crime : avoir distribué des tracts pacifistes. Après tant d’années, le duo reste le symbole fort d’une jeunesse allemande sacrifiée, elle aussi. Le 22 février 1943, trois étudiants allemands d’une vingtaine d’années sont guillotinés dans la prison de Stadelheim, près de Munich. Leur crime est d’avoir dénoncé le nazisme au nom de leur foi chrétienne et catholique dans le cadre d’un mouvement clandestin, « La Rose blanche » (Die Weiße Rose en allemand).Les prémices de la résistance Résidant à Ulm et âgé de 14 ans en 1933, le lycéen Hans Scholl n’est pas au début insensible aux discours de Hitler. Comme tous les jeunes Allemands de son âge, il s’engage avec sa sœur Sophie (12 ans) dans les Jeunesses Hitlériennes mais prend assez vite ses distances. Aidé par ses parents et encouragé par l’éditeur Carl Muth du mensuel catholique Hochland, il rompt avec le national-socialisme et se consacre à ses études de médecine. Il lit les penseurs chrétiens (Saint Augustin, Pascal) et l’écriture sainte. Mais il est arrêté et emprisonné en 1938 pour sa participation à un groupe de militants catholiques. Quatre ans plus tard, sa décision est prise. Il décide d’entrer en résistance par l’écrit après avoir lu des sermons de l’évêque de Münster Mgr von Galen dénonçant la politique du gouvernement à l’égard des handicapés. Un noyau dur se constitue autour de Hans et Sophie Scholl (protestants) et de trois étudiants en médecine que lie une solide amitié : Alexander Schmorell (25 ans, orthodoxe et fils d’un médecin de Munich) ; Christoph Probst (23 ans marié et père de trois jeunes enfants), et Willi Graf (24 ans, catholique). Ils sont bientôt rejoints par Traute Lafrenz, une amie de Hans. En juin 1942, alors qu’Hitler est au sommet de sa puissance, le petit groupe décide d’appeler les étudiants de Munich à la résistance contre le régime nazi, qualifié de « dictature du mal ». Sophie se garde d’informer de ses actions son fiancé, un soldat engagé sur le front de l’Est.La rose s’épanouitEn moins de quinze jours, les jeunes gens rédigent et diffusent 4 tracts, signés « La Rose blanche » Imprimés dans l’atelier de Munich mis à leur disposition par l’écrivain catholique Théodore Haecker, ils sont diffusés de la main à la main, déposés chez des restaurateurs de la ville ou adressés par la poste à des intellectuels non-engagés, des écrivains, des professeurs d’université, des directeurs d’établissements scolaires, des libraires ou des médecins soigneusement choisis. Les tracts font référence à d’éminents penseurs (Schiller, Goethe, Novalis, Lao Tseu, Aristote) et citent parfois la Bible. Les lecteurs sont invités à participer à une « chaîne de résistance de la pensée » en les reproduisant et en les envoyant à leur tour au plus grand nombre possible de gens. Là-dessus, Willi Graf est enrôlé dans l’armée en juillet 1942 et découvre nombre d’atrocités. Quant à Hans Scholl et Alexander Schmorell, incorporés comme maréchal des logis dans la Wehrmacht en tant qu’étudiants en médecine, ils passent trois mois sur le front russe et constatent avec effroi l’horreur des traitements infligés aux juifs, aux populations locales et aux prisonniers soviétiques. À partir de novembre 1942, les résistants de La Rose Blanche bénéficient du soutien de leur professeur Kurt Huber (49 ans, catholique convaincu) de l’université de Munich, qui devient leur mentor. Ils réimpriment et diffusent leurs premiers tracts à des milliers d’exemplaires dans les universités allemandes et autrichiennes d’Augsbourg, Francfort, Graz, Hambourg, Linz, Salzburg, Sarrebruck, Stuttgart, Vienne et même de Berlin ! Le petit groupe collecte en même temps du pain pour les détenus de camps de concentration et s’occupe de leurs familles. Il est toutefois déçu par le peu d’écho de ses initiatives au sein de la population étudiante.Prise de risque
Là-dessus, en janvier 1943, alors que la Wehrmacht est prise au piège de Stalingrad, le groupe rédige un cinquième tract franchement engagé. Il ne s’intitule plus « Tract de la Rose blanche » mais « Tract du mouvement de résistance en Allemagne ». Il est distribué à cinq mille exemplaires dans les rues, sur les voitures en stationnement et les bancs de la gare centrale de Munich, mais aussi en-dehors de l’agglomération ! On peut y lire ces mots d’une tragique lucidité : « Appel à tous les Allemands La guerre approche de sa fin certaine. (…) Allemands ! Voulez-vous subir et imposer à vos enfants le même sort qui échut aux Juifs ? Voulez-vous être jugés à la même aune que ceux qui vous ont trompés ? Serons-nous pour toujours le peuple que le monde hait et exclut ? Non ! Alors rejetez cette barbarie national-socialiste. » Plus fort encore, en février 1943, Hans Scholl et Alexander Schmorell écrivent la nuit des slogans sur les murs du quartier universitaire : « Liberté ! Hitler massacreur des masses ! A bas Hitler !… » Imprimé à plus de 2 000 exemplaires, distribué et envoyé par la poste, le sixième et dernier tract commente la défaite de Stalingrad, condamne les méthodes nazies et invite la jeunesse du pays à se mobiliser. Comme quelques centaines de ces tracts n’ont pu être expédiés, Hans Scholl décide de les diffuser dans l’Université de médecine. Malheureusement, le matin du 18 février 1943, Hans et sa sœur Sophie sont aperçus par le concierge de l’université en train de jeter un dernier paquet de tracts du haut du deuxième étage donnant sur le hall. Ils sont aussitôt arrêtés avec leurs amis, livrés à la Gestapo (la police politique) et emprisonnés à Stadelheim.
Un procès expéditifLe 22 février 1943, après une rapide instruction, le Tribunal du peuple (Volksgerichtshof) chargé des « crimes politiques » se réunit pour un procès expéditif de trois heures. Il est présidé par Roland Freisler, venu exprès de Berlin. Cet ancien communiste est l’un des chefs nazis les plus brutaux qui soient. Sophie Scholl, qui a eu une jambe brisée au cours de son « interrogatoire » par la Gestapo et comparaît sur des béquilles, lui fait face avec un courage inébranlable. Freisler prononce lui-même la condamnation à mort pour trahison de Hans Scholl, de sa sœur et de leur ami Christoph Probst – baptisé quelques heures avant son exécution par un prêtre de la prison. Sophie et Hans sont exécutés par les fonctionnaires de la prison de Stadelheim le jour-même après avoir revu une dernière fois leurs parents, Robert et Magdalene Scholl. Hans Scholl s’écrie « Vive la Liberté ! » avant de mourir sur la guillotine (cet instrument a été importé de France en Bavière au XIXe siècle, à la suite des guerres napoléoniennes). Depuis, les trois jeunes martyrs reposent les uns à côté des autres dans le cimetière voisin de la forêt de Perlach.Quelques mois plus tard, un second procès frappe quatorze accusés pris dans la même vague d’arrestations : le professeur Kurt Huber, Alexander Schmorell et son camarade Willi Graf sont condamnés à mort. À l’automne 1943, le réseau de Hambourg est lui aussi démantelé par la Gestapo. Dix autres membres de la Rose Blanche – amis des Scholl, jeunes étudiants des universités d’Ulm et de Sarrebruck, ou sympathisants actifs comme Eugen Grimminger qui les avait aidés financièrement – sont envoyés en camp de concentration où ils paieront aussi de leur vie leur participation aux activités du mouvement. Malgré son caractère confidentiel, la Rose Blanche bénéficie d’une notoriété nationale et même mondiale. Le 27 juin 1943, parlant de « la naissance d’une foi nouvelle, celle de l’honneur et de la liberté », l’écrivain allemand en exil Thomas Mann lui rend hommage sur les ondes de la BBC tandis que durant l’été 1943, l’aviation anglaise jette sur le pays un million d’exemplaires du dernier tract rédigé par le professeur Huber. L’ami de cœur de Sophie, qui était sur le front de l’Est, obtient une permission sitôt qu’il apprend son arrestation mais il arrive à Munich deux heures après son exécution. Il va entrer dès lors dans la résistance au péril de sa vie… La Rose Blanche a vécu à peine un an mais la mémoire d’une lutte héroïque – contre la résignation et pour la défense de la liberté d’opinion lorsqu’elle est menacée -, elle, ne s’éteindra jamais.
Sophie Scholl et la rose blancheAux États-Unis, Sophie Magdalena Scholl n’est pas la combattante de la résistance la plus connue, mais son histoire est puissante. Elle était un membre clé de la Weiße Rose (White Rose) – un groupe de résistance dirigé par des étudiants de l’Université de Munich qui distribuait des tracts et utilisait des graffitis pour dénoncer les crimes nazis et le système politique, tout en appelant à la résistance à l’État nazi et à la guerre. Le 22 février 1943, elle est décapitée pour trahison à seulement 21 ans.
Sophie est née en mai 1921, quatrième de six enfants d’une famille de la classe moyenne supérieure du sud de l’Allemagne. Robert, son père, était maire de Forchtenberg, une ville idyllique du nord-est de l’état moderne du Bade-Wurtemberg. Lorsque Sophie avait 10 ans, la famille s’est installée à Ulm, une ville moyenne du sud datant du Moyen Âge, où son père travaillait comme commissaire aux comptes et conseiller fiscal. Après l’arrivée au pouvoir des nazis en janvier 1933, Sophie, avec la plupart de ses frères et sœurs, était une adepte enthousiaste et heureuse du culte national-socialiste de la jeunesse. L’adolescent croyait aux idéaux propagés à l’époque. Comme beaucoup de leurs contemporains, Sophie était particulièrement intriguée par l’accent mis sur la nature et les expériences communautaires. Elle a rejoint le BDM, le Bund Deutscher Mädel (Ligue des filles allemandes) et a rapidement gravi les échelons. Les parents, en particulier son père, n’aimaient pas l’implication de leurs enfants dans les groupes de jeunes nazis et n’en faisaient aucun secret. Critique du parti depuis le début, qui avait élevé leurs enfants fermement ancrés dans la tradition chrétienne, Robert Scholl considérait les développements en Allemagne et l’intérêt de leurs enfants pour le nazisme avec une peur et une horreur croissantes.Les frères et sœurs de Sophie, en particulier son frère aîné Hans, qui deviendra plus tard membre fondateur de la Weiße Rose, étaient également membres de groupes de jeunes non nazis. Ces associations ont partagé et propagé un amour pour la nature, les aventures en plein air, ainsi que la musique, l’art et la littérature du romantisme allemand. Considérés à l’origine comme compatibles avec l’idéologie nazie par beaucoup, ces groupes alternatifs ont été lentement dissous et finalement interdits en 1936. Hans est cependant resté actif dans l’un de ces groupes et a été arrêté en 1937 avec plusieurs des frères et sœurs Scholl. Cette arrestation a marqué la conscience de Sophie et a entamé le processus qui l’a finalement transformée d’heureuse partisane du système nazi en combattante active de la résistance.Le 1er septembre 1939, Hitler envahit la Pologne et deux jours plus tard, la France et la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l’Allemagne. Les frères Scholl aînés ont été envoyés combattre sur le front. La vie de Sophie à Ulm a également changé. Elle obtient son diplôme d’études secondaires au printemps 1940 et commence un apprentissage pour devenir institutrice de maternelle. Elle a finalement voulu étudier la biologie et la philosophie. Pour être admis, les étudiants devaient passer une période de temps à travailler pour l’État dans le Reichsarbeitsdienst (RAD; Service national du travail). Les espoirs de Sophie que devenir enseignante lui permettrait de remplacer la RAD ont été anéantis et elle a plutôt dû entrer dans le service au printemps 1941. Elle détestait ça. Le régime militaire et la routine abrutissante l’ont amenée à trouver du réconfort dans sa propre spiritualité, guidée par les lectures du théologien Augustin d’Hippone.Lorsqu’elle s’installe finalement à Munich pour étudier la biologie et la philosophie en mai 1942, son frère Hans, étudiant en médecine à la même université, et certains de ses amis avaient déjà commencé à remettre activement en question le système. Servant sur le front de l’Est, ils ont appris de première main les crimes commis en Pologne et en Russie et ont vu la misère de leurs propres yeux. Ils savaient qu’ils ne pouvaient pas rester silencieux. À partir de juin 1942, ils ont commencé à imprimer et à distribuer des tracts à Munich et dans les environs, appelant leurs camarades étudiants et le public allemand à l’action. D’autres membres de leur cercle se joignirent à l’effort, écrivant quatre brochures jusqu’à l’automne de la même année. En tant qu’étudiante, Sophie avait vu les dépliants et applaudi leur contenu ainsi que le courage de leurs auteurs à dire la vérité au pouvoir. Quand elle a découvert l’implication de son frère, elle a exigé de rejoindre le groupe. Elle ne voulait plus rester passive.La Rose Blanche était une petite entreprise avec de grandes conséquences. En son cœur se trouvaient les frères et sœurs Hans et Sophie Scholl, leurs camarades Alexander Schmorell, Willi Graf, Christoph Probst et un professeur de philosophie et de musicologie à l’Université de Munich, Kurt Huber. Ensemble, ils publient et diffusent six brochures, d’abord dactylographiées à la machine à écrire, puis multipliées au ronéotypage. Au début, ils ne les distribuaient que par courrier, en les envoyant à des professeurs, des libraires, des auteurs, des amis et d’autres – en parcourant les annuaires téléphoniques pour les adresses et en écrivant à la main chaque enveloppe. En fin de compte, ils en ont distribué des milliers, atteignant des ménages dans toute l’Allemagne. Acquérir de si grandes quantités de papier, d’enveloppes et de timbres à une époque de rationnement strict sans éveiller les soupçons était problématique, mais les étudiants ont réussi en engageant un vaste réseau de supporters dans des villes et villages aussi loin au nord que Hambourg et aussi loin au sud que Vienne. Ces réseaux ont également été activés pour distribuer les brochures, tentant de tromper la Gestapo en lui faisant croire que la Rose Blanche avait des emplacements dans tout le pays.En lisant les tracts du groupe aujourd’hui, on ne peut s’empêcher de penser à la précision effrayante de leurs accusations et de leurs appels à l’action, et aux puissantes informations qu’ils fournissent sur l’Allemagne nazie : La troisième brochure se lit comme suit :« Notre ‘état’ actuel est la dictature du mal. Nous le savons déjà, je vous entends objecter, et nous n’avons pas besoin que vous nous le reprochiez encore une fois. Mais, je vous le demande, si vous le savez, alors pourquoi n’agissez-vous pas ? Pourquoi tolérez-vous que ces gouvernants vous volent peu à peu, en public et en privé, un droit après l’autre, jusqu’à ce qu’un jour il ne reste plus rien, absolument rien, que la machinerie de l’État, sous le commandement de criminels et d’ivrognes ?Dans leur tentative de gagner du terrain pour la résistance et d’arrêter l’effort de guerre, ils ont donné des conseils clairs et préconisé le sabotage de la machine de guerre d’Hitler. Leur cinquième brochure déclarait : « Et maintenant, chaque adversaire convaincu du national-socialisme doit se demander comment il peut lutter contre l’« État » actuel de la manière la plus efficace… Nous ne pouvons pas fournir à chaque homme le plan de ses actes, nous ne pouvons que suggérer en termes généraux, et lui seul trouvera le moyen d’y parvenir : sabotage dans les usines d’armement et les industries de guerre, sabotage dans tous les rassemblements, rassemblements, cérémonies publiques et organisations du parti national-socialiste. Entrave au bon fonctionnement de la machine de guerre….Essayez de convaincre toutes vos connaissances…de l’absurdité de continuer, du désespoir de cette guerre ; de notre asservissement spirituel et économique aux mains des nationaux-socialistes ; de la destruction de toutes les valeurs morales et religieuses ; et exhortez-les à la résistance passive !En janvier 1943, le groupe se sentit autonome et plein d’espoir. Leur activisme semblait fonctionner, ébranlant les autorités et déclenchant des discussions parmi leurs pairs. Leur groupe était bien organisé et ils étaient sur le point d’établir encore plus de liens avec d’autres groupes de résistance clandestins. Observant la situation politique en Allemagne en janvier 1943, Sophie et les membres de White Rose pensaient qu’un changement dans le pays était imminent. La défaite désastreuse de l’armée allemande à Stalingrad a marqué un tournant sur le front de l’Est, et les voix de la dissidence se sont intensifiées à l’Université de Munich après que les étudiants ont été publiquement qualifiés de sangsues et de résistants à la guerre. Cela les a encouragés à travailler plus audacieusement, en distribuant les dépliants directement en personne et en écrivant des slogans comme « A bas Hitler » et « Liberté » sur les murs autour de Munich. Leur sixième – et dernier – pamphlet dit : « Même l’Allemand le plus stupide a eu les yeux ouverts par le terrible bain de sang qu’au nom de la liberté et de l’honneur de la nation allemande, ils ont déchaîné sur l’Europe, et déchaînent nouveau chaque jour. Le nom allemand restera à jamais terni à moins que finalement la jeunesse allemande ne se lève, poursuive à la fois la vengeance et l’expiation, frappe nos bourreaux et fonde une nouvelle Europe intellectuelle. Étudiants! Le peuple allemand nous regarde ! La responsabilité est la nôtre : tout comme la puissance de l’esprit a brisé la terreur napoléonienne en 1813, elle brisera également la terreur des nationaux-socialistes en 1943. » Le nom allemand restera à jamais terni à moins que finalement la jeunesse allemande ne se lève, poursuive à la fois la vengeance et l’expiation, frappe nos bourreaux et fonde une nouvelle Europe intellectuelle. Étudiants! Le peuple allemand nous regarde ! La responsabilité est la nôtre : tout comme la puissance de l’esprit a brisé la terreur napoléonienne en 1813, elle brisera également la terreur des nationaux-socialistes en 1943. » Le nom allemand restera à jamais terni à moins que finalement la jeunesse allemande ne se lève, poursuive à la fois la vengeance et l’expiation, frappe nos bourreaux et fonde une nouvelle Europe intellectuelle. Étudiants! Le peuple allemand nous regarde ! La responsabilité est la nôtre : tout comme la puissance de l’esprit a brisé la terreur napoléonienne en 1813, elle brisera également la terreur des nationaux-socialistes en 1943. » Hans et Sophie les ont distribués à leur université le 18 février, pour que leurs camarades les trouvent en marchant entre les cours. À un moment donné, dans ce que nous pouvons supposer être une tentative de faire voir les dépliants à encore plus de gens, Sophie a poussé une pile d’une balustrade jusqu’au hall central. Ce qui est maintenant une scène emblématique dans chaque film et documentaire sur le groupe, a été le moment qui a tout changé. La chute du pamphlet a été vue par un concierge, un fervent partisan des nazis, qui a fait immédiatement arrêter Hans et Sophie par la Gestapo. Le brouillon de la septième brochure était toujours dans le sac de Hans, ce qui a conduit à l’arrestation de Christoph Probst le même jour.
Les trois ont subi un simulacre de procès après de longs et ardus interrogatoires. Ils ont pris tout le blâme pour les actions de White Rose. Cette tentative de sauver leurs amis de la persécution a finalement échoué et Willi Graf, Alexander Schmorell et Kurt Huber ont été arrêtés plus tard en février et mis à mort peu de temps après.
Après un procès d’une demi-journée mené par l’infâme Roland Freisler, président du Tribunal populaire, Hans, Sophie et Christoph ont été condamnés à mort pour trahison. Malgré cette horrible perspective, Sophie n’a pas hésité. Freisler lui a demandé comme dernière question si elle n’était pas «en effet arrivée à la conclusion que [sa] conduite et les actions avec [son] frère et d’autres personnes dans la phase actuelle de la guerre devraient être considérées comme un crime contre le communauté? » Sophie a répondu : « Je suis, aujourd’hui comme avant, d’avis que j’ai fait de mon mieux pour ma nation. Je ne regrette donc pas ma conduite et supporterai les conséquences qui résultent de ma conduite.
Sophie Scholl, Hans Scholl et Christoph Probst ont été exécutés à la guillotine le 22 février 1943.
Alors que leur mort n’était qu’à peine mentionnée dans les journaux allemands, ils ont retenu l’attention à l’étranger. En avril, le New York Times a écrit sur l’opposition étudiante à Munich. En juin 1943, Thomas Mann, dans une émission de la BBC destinée aux Allemands, parle des actions de la Rose Blanche. Le texte du sixième dépliant a été introduit en contrebande au Royaume-Uni où il a été réimprimé et largué au-dessus de l’Allemagne par des avions alliés en juillet de la même année.
Dans l’Allemagne d’après-guerre, la Rose Blanche était et est vénérée. Une myriade d’écoles, de rues et un prix prestigieux portent le nom de membres individuels, du groupe ou de la fratrie Scholl. L’histoire de Sophie occupe une place particulièrement importante dans l’histoire d’Ulm, ma ville natale. Elle personnifie l’importance d’agir selon ses croyances et de suivre sa conscience, même face à de grands sacrifices. Dans notre mémoire collective, son histoire nous rappelle de ne pas nous taire et de lutter pour ce que Sophie a écrit au dos de son acte d’accusation un jour avant qu’elle ne soit tuée : Freiheit—Liberté.
Le 22 février 1943, Hans, Sophie et Probst sont reconnus coupables de trahison et condamnés à mort. La rose blanche (allemand : die Weiße Rose) Hans Scholl, Sophie Scholl et Christoph Probst, Munich 1942. Hans Scholl et sa sœur cadette, Sophie, sont tous deux devenus des antinazis convaincus. Lorsque la guerre éclata, Hans étudiait la médecine à Munich et Sophie le rejoignit pour étudier la biologie et la philosophie en 1941. Son petit ami, Fritz Hartnagel, était un officier de la Wehrmacht combattant sur le front de l’Est. Grâce à de nombreux échanges de lettres entre Fritz et Sophie, les historiens ont pu reconstituer le pacifisme croissant de Sophie et l’alarme de Fritz face à la participation de soldats allemands aux massacres de Juifs et à d’autres atrocités. Pendant ce temps, Hans et deux autres étudiants ont lancé un mouvement de résistance pacifiste appelé la Rose blanche, où ils ont co-écrit six tracts anti-nazis. Lorsque Sophie apprend les activités de son frère, elle rejoint le groupe qui comptera une dizaine de membres. En tant que femme, elle était beaucoup moins susceptible d’être arrêtée par la police alors qu’elle transportait des piles de tracts à distribuer dans plusieurs villes et par la poste.
À l’été 1942, Hans et certains des autres membres de la White Rose ont été déployés sur le front de l’Est pour agir en tant que médecins pendant les vacances d’été de l’université. À leur retour, le groupe a repris sa campagne de tracts, produisant entre 6 000 et 9 000 exemplaires de leur cinquième tract, rédigé par Hans et intitulé « Un appel à tous les Allemands ! », à l’aide d’un duplicateur à manivelle. Le tract avertissait qu’Hitler menait l’Allemagne à la ruine et exhortait le peuple à se joindre à la lutte pour « la liberté d’expression, la liberté de religion et la protection du citoyen individuel contre l’action arbitraire d’États dictateurs criminels ». Le sixième tract a été écrit par Christoph Probst après la défaite allemande à Stalingrad, et annonçait que le jour du jugement était sur le point de venir pour « le tyran le plus méprisable que notre peuple ait jamais enduré ». C’est alors que le groupe jetait des milliers de ces tracts autour de l’Université de Munich qu’un gardien a repéré Hans et Sophie. Ils ont été arrêtés et interrogés, ainsi que plusieurs autres membres du groupe. Le 22 février 1943, Hans, Sophie et Probst sont reconnus coupables de trahison et condamnés à mort.
La peine a été exécutée le jour même par guillotine à la prison de Stadelheim. Sophie a été la première à être exécutée. Avant que la lame ne tombe, elle a crié : « Le soleil brille toujours ! Les derniers mots de Hans étaient « Es lebe die Freiheit! » – Vive la liberté! Au cours des semaines suivantes, d’autres membres de White Rose ont été arrêtés et exécutés ou envoyés dans des camps de prisonniers. Mais le dernier mot reviendrait à la Rose Blanche elle-même. Des exemplaires de ce dernier dépliant ont été sortis clandestinement d’Allemagne et remis aux Alliés, qui ont ensuite largué des millions d’exemplaires dans toute l’Allemagne, garantissant que la Rose Blanche resterait une partie inoubliable de l’histoire allemande.
Un film émouvant et vraiLe cinéaste allemand Marc Rothemund a réalisé en 2005 un film émouvant et rigoureux, Sophie Scholl, les derniers jours (en allemand Sophie Scholl, die letzten Tage). Il relate l’arrestation du groupe de jeunes gens, l’instruction de leur procès et leur exécution. Son film suit fidèlement la réalité historique telle que relatée dans le livre de souvenirs publié en 1953 par la sœur de Hans et Sophie Scholl : Die weisse Rose (mal traduit, l’ouvrage a répandu dans le public français quelques erreurs factuelles, notamment en traduisant le mot allemand Fallbeil par hache au lieu de guillotine).
https://www.nationalww2museum.org/war/articles/sophie-scholl-and-white-rose
https://www.herodote.net/22_fevrier_1943-evenement-19430222.php
https://www.republicain-lorrain.fr/actualite/2013/02/17/sophie-hans-et-tous-les-autres
https://www.deutschland.de/fr/topic/culture/la-weisse-rose-dans-la-peau-des-frere-et-soeur-scholl