« La vie dicte aux hommes ses lois, qui ne sont écrites nulle part. » Cholokhov, un héros d’un autre tempsBiographique Mikhaïl Cholokhov (1905-1984)Mikhaïl Aleksandrovitch Cholokhov (1905-1984) est un écrivain russe. Mikhaïl Cholokhov doit interrompre ses études en 1918 en raison de la Guerre civile qui a atteint la région du Don. Il s’engage dans l’Armée rouge et participe aux combats contre les dernières bandes de partisans de l’Armée blanche.Mikhaïl Cholokhov est né le 24 mars 1905 à Vechenskaïa, un hameau du district du Don, près de Rostov, dans une famille de paysans. Sa mère était Ukrainienne, veuve d’un cosaque. Après quelques années d’études primaires, il participe à la guerre civile en 1918, contre les » détachements blancs « . A Moscou, en 1922, où il est manœuvre ou manutentionnaire, il exerce divers petits métiers : débardeur, maçon et comptable Il assiste également à des ateliers de formation des écrivains et publie ses premières nouvelles dans différents journaux. Il publie ses premiers essais littéraires dans les journaux et revues. Puis, il rentre à Vechenskaïa où il se fixe définitivement. C’est dans son village natal qu’il écrira la grande fresque épique, le Don paisible, de 1928 à 1940, considérée comme la version cosaque de Guerre et Paix. Celle-ci lui apportera la renommée et sera couronnée en 1941 par le prix Staline. Pour ces quatre volumes, Soviétiques et Russes de l’émigration loueront le talent littéraire et les qualités d’observation de l’auteur. Autre grande œuvre, Terres défrichées, commencées en 1932 et achevées en 1959, seront distinguées par le prix Lénine. Le troisième projet de longue haleine, Ils ont combattu pour la patrie, entrepris dès 1948, restera inachevé. Dans les années 50, la popularité de Cholokhov est immense en URSS, et ses romans atteignent un tirage de plusieurs dizaines de millions d’exemplaires. Son œuvre, qui a inspiré des films et des opéras, a été traduite dans de nombreux pays. En 1965, il reçoit le prix Nobel de littérature. Membre du PCUS depuis 1932, élu au comité central en 1961, Cholokhov a aussi mené une intense activité de publiciste et de propagandiste, notamment en faveur du Mouvement de la paix. Il a effectué plusieurs voyages en Occident et, en particulier, a accompagné M. Khrouchtchev aux États-Unis en 1959. Ce que certains considéraient comme de la « servilité politique », Cholokhov l’a exprimé lors des congrès de son parti ou de l’Union des écrivains, n’hésitant pas à injurier ses adversaires littéraires. Par la suite, il n’écrit que quelques nouvelles. L’une d’elles, « Le Destin d’un homme » (1957) devient un film à succès. Il a reçu le Prix Nobel de littérature en 1965.L’écrivain et le peuple Écrivain « lauréat », comblé d’honneurs, Mikhail Cholokhov se prétendait avant tout communiste et ensuite écrivain : de fait, il apparaît bien comme l’homme d’un peuple et d’un régime au service desquels il a mis toute sa vie et toute son œuvre. Membre éminent de l’Union des écrivains et grand maître des lettres soviétiques, il a soutenu par ses déclarations et par ses livres la ligne définie lors des différents congrès dans les domaines tant économique que politique : ainsi Terres défrichées, le roman de la collectivisation des terres en 1930, a pu être considéré dans son pays comme une sorte de manuel d’études sur les problèmes agraires. À propos des affaires Pasternak, Daniel-Siniavski, Cholokhov s’est fait remarquer par son rigorisme, et il est l’un des rares intellectuels à approuver, en termes modérés il est vrai, l’intervention en Tchécoslovaquie. Homme public et politique, Cholokhov l’est aussi par son appartenance au Soviet suprême depuis l’année critique de 1937 et par son activité de communiste dans la région du Don. Son œuvre littéraire, saluée dès le début par Gorki, père spirituel des lettres soviétiques, est, par son importance, à la mesure du peuple auquel il appartient et dont il nous retrace le gigantesque et tragique épopée pendant plus d’un demi-siècle. Elle lui a valu le prix Staline, le prix Lénine de littérature et l’ordre de Lénine, récompense civique suprême. En 1965 enfin, l’acceptation du prix Nobel de littérature a apporté à Cholokhov la consécration internationale définitive.Longtemps dans son pays, Cholokhov a incarné l’idéal nouveau de l’écrivain soviétique : son œuvre monumentale naît en symbiose et collaboration étroite avec le peuple dont elle se veut la voix. Ses livres, annoncés, critiqués, « corrigés » dans les usines et les kolkhoz, ont été à la fois des événements publics – un peu à la manière des feuilletons de Dickens – et des textes de référence pour les jeunes écrivains désireux d’assimiler les canons du réalisme socialiste. Cette œuvre, diffusée par millions d’exemplaires (plus de 5 millions en U.R.S.S. pour Le Don paisible, traduit en 50 langues), a été élargie et prolongée par la scène (en 1935-1936, le compositeur Dzerjinski présente son opéra Le Don paisible et, en 1937, Terres défrichées), par le cinéma (films de Guérassimov, en 1956, Le Don paisible et de Bondartchouk, Le Destin d’un homme, 1959, tiré de la nouvelle qui porte ce titre, etc.). Ainsi s’établit un nouveau type de relations entre le public et l’écrivain, retiré dans son village de Viochenskaïa (nom aussi prestigieux pour le Soviétique moyen que le fut Yasnaïa Poliana au temps de Tolstoï), mais disposant des puissants porte-voix que sont la radio, la presse et la tribune du palais du Kremlin.À propos de « Le don paisible », un chefs d’œuvre inépuisable 1912 sur les rives du don, pays de steppe balayée par le vent, de marais, de roseaux, où vit un peuple rude de paysans-soldats. Le récit commence par une brûlante histoire d’amour qui n’obéit pas aux lois ancestrales et bientôt, autour du cosaque Gregori melekhov, de son amante Aksinia, de sa femme natalia, de son village et de sa terre, le vent de l’histoire se met à souffler. De 1914 à 1922 il balaie tout sur son passage : les destinées individuelles et le monde ancien sont entraînés dans la guerre étrangère, la révolution, la guerre civile, les premières années du pouvoir soviétique. Gregori hésite d’un camp à l’autre, se bat finalement au côté des blancs puis, au terme d’une décennie de tourmente, rentre au village de tatarski dévasté. Ce livre connut un destin étrange : antibolchevique, il eut dans l’ex-URSS statut de livre officiel ; l’identité même de son auteur demeure incertaine pourtant il brille d’un éclat inaltérable comparé dès sa parution à guerre et paix de Tolstoï, il apparaît aujourd’hui comme un superbe roman de la grande lignée russe. Son universalité fait de cette geste cosaque un des chefs-d’œuvre du XXe siècle.
Citation de Mikhaïl Cholokhov Le Don paisible :« Accablé de souvenirs, Grigori s’allongea dans l’herbe près de ce petit cimetière cher à son cœur et regarda longtemps le ciel bleu majestueusement étendu au-dessus de lui. Là-haut, dans les espaces sans limites, des ventis circulaient, des nuages froids flottaient, illuminés par le soleil, et sur cette terre qui venait de recevoir le père Sachka, jovial ivrogne et joyeux amateur de chevaux. La vie continuait à bouillonner furieusement : dans la steppe dont la crue verte atteignait la limite du jardin, dans les fourrés de chanvre sauvage à côté de la clôture de la vieille aire, on entendait sans cesse le bruit haché des batailles de cailles, et les rats de blé sifflaient, les bourdons vrombissaient. L’herbe murmurait, caressée par le vent, les alouettes chantaient dans la brume frémissante, et une mitrailleuse crépitait très loin dans la vallée sans eau, obstinément, méchamment, sourdement, proclamant dans la nature la grandeur de l’homme.
Biographique Mikhaïl Cholokhov (1905-1984)
Mikhail Aleksandrovich Sholokhov (1905-1984) est né au pays des cosaques, aujourd’hui connu sous le nom de région de Kamenskaya de la RSFSR. Il a fréquenté plusieurs lycées jusqu’en 1918. Pendant la guerre civile, il a combattu aux côtés des révolutionnaires, et en 1922 il a déménagé à Moscou pour devenir journaliste. Là, il a publié un certain nombre de nouvelles dans les journaux. Il fait ses débuts littéraires en 1926 avec un recueil de nouvelles, Donskie rasskazy (Contes du Don), 1926, sur les Cosaques de sa région natale, auquel il était revenu deux ans plus tôt.
La même année, 1926, Sholokhov a commencé à écrire Tikhi Don (And Quiet Flows the Don), 1928-1940, qui a mûri lentement et lui a pris quatorze ans. Rappelant Tolstoï dans ses scènes très réalistes, ses descriptions de personnages austères et, surtout, son vaste panorama de la période révolutionnaire, l’épopée de Sholokhov est devenue l’œuvre la plus lue de la fiction soviétique. Profondément intéressé par les destinées humaines qui se jouent sur fond de transformations et de troubles en Russie, il unit dans son œuvre l’héritage artistique de Tolstoï et de Gogol à une vision nouvelle introduite dans la littérature russe par Maxime Gorki.
Son autre œuvre majeure du cycle du Don, Podnyataya tselina (Virgin Soil Upturned), 1932 et 1959, traite en partie de la collectivisation de la région du Don. Il existe un certain nombre d’œuvres telles que la nouvelle Sudba cheloveka (Le destin d’un homme), 1957 – transformée en un film russe populaire – qui traitent du pouvoir et de la résilience de l’amour humain face à l’adversité. Ses œuvres complètes, Sobranie sochineny, ont été publiées en huit volumes entre 1956 et 1960. En 1932, Sholokhov a rejoint le Parti communiste et, à plusieurs reprises, a été délégué aux Soviets suprêmes. En 1939, il devient membre de l’Académie soviétique des sciences et plus tard vice-président de l’Association des écrivains soviétiques.
https://www.babelio.com/auteur/Mikhail-Cholokhov/49096/citations
https://www.babelio.com/auteur/Mikhail-Cholokhov/49096
https://www.universalis.fr/encyclopedie/mikhail-cholokhov/
https://www.nobelprize.org/prizes/literature/1965/sholokhov/biographical/