Les dirigeants du Zveno, les colonels Damian Velchev et Kimon Georgiev organisent un coup d’État et instaurent un régime dictatorialZveno (« le Maillon ») est une organisation militaire et politique bulgare, fondée en 1927 par des intellectuels et des officiers. Les membres du Zveno ne sont pas fascistes, cependant ils préconisent un État et une économie corporatistes. De plus, ils sont contre les partis politiques et luttent contre l’IMRO, un mouvement terroriste indépendantiste macédonien. Le Zveno est également lié à la ligue militaire responsable de la chute du Premier ministre Alexandre Stambolijski, par le Coup d’État du 9 juin 1923.Cette ligue veut imposer un gouvernement nationaliste autoritaire, tout en orientant la Bulgarie vers l’Occident et l’URSS.À partir de la fin des années vingt, la crise économique frappe durement l’économie bulgare. L’IRMO reprend ses attaques et les milieux de droite agitent la menace d’un coup de force. Le 19 mai 1934, les dirigeants du Zveno, les colonels Damian Velchev et Kimon Georgiev organisent un coup d’État et instaurent un régime dictatorial. Georgiev devint alors Premier ministre et dissout tous les partis et syndicats. Son gouvernement opte pour une économie corporatiste, semblable à celle de l’Italie fasciste. Pour mettre en place les structures du nouveau régime, Georgiev crée une « Agence pour la Rénovation Sociale » et s’efforce de promouvoir de nouvelles réformes. Mais l’assise populaire reste faible .En janvier 1935, le Tsar Boris III orchestre une manœuvre politique, écartant le Zveno du pouvoir et lui permettant d’installer une dictature personnelle. Pour cela, il fait appel au Général Pentcho Zlatev, un monarchiste, qui après le coup, devint Premier ministre. En 1943, le Zveno rejoint le mouvement de résistance antifasciste, le Front de la Patrie. En septembre 1944, le Front de la Patrie organise un coup d’État au cours duquel Georgiev redevient Premier ministre et Velchev Ministre de la Défense. Le Zveno participe à l’accord de cessez-le-feu avec l’URSS. En 1946, Velchev démissionna pour protester contre les actions du Parti Communiste bulgare et Georgiev est remplacé par le chef communiste Georgi Dimitrov. Le Zveno continua à subsister de manière insignifiante jusqu’en 1949.À propos de Kimon GeorgievKimon Georgiev Stoyanov (1882-1969) militaire et homme politique bulgare, Premier ministre de Royaume de Bulgarie et dictateur d’extrême droite du 19 mai 1934 au 22 janvier 1935 puis Premier ministre communiste du 9 septembre 1944 au 23 novembre 1946.Un militaire
Né le 11 août 1882 à Pazardjik, Kimon Georgiev achève ses études en 1902 à l’École militaire de Sofia. Capitaine lors des guerres balkaniques en 1912-1913, il devient commandant pendant la Première Guerre mondiale où, en 1916, il est grièvement blessé. En 1918, l’armistice est signé et la Bulgarie essuie de nouveau un échec militaire… Deux ans plus tard, Georgiev quitte l’armée avec le grade de lieutenant-colonel et décide de se consacrer à la ligue militaire qu’il vient de créer l’année précédente.Ses débuts en politique
En 1920, Alexandre Stambolijski instaure en Bulgarie une « dictature » paysanne provoquant le mécontentement de la bourgeoisie. En 1922, Georgiev rejoint le « Bloc constitutionnel », principal groupe de l’opposition mené par Alexandre Tsankov. Tous ensembles, ils préparent un coup d’État qui renversera le gouvernement. Le coup d’État du 9 juin 1923 éclate et les meneurs reçoivent le soutien de la police et de l’armée.Le coup d’État, sanglant, est une véritable réussite et Alexandre Tsankov devient Premier ministre. Kimon Georgiev est dès lors élu député à l’Assemblée nationale jusqu’en 1931. Il occupera même dans le premier gouvernement d’Andrey Lyapchev du 4 janvier 1926 au 3 mars 1928, le poste de ministre des Chemins de Fer, Postes et Télégraphes.
Son parti politique le « Zveno » et l’instauration de la dictature
En 1927, Georgiev crée avec le colonel Damian Velchev le « Zveno » (« le Maillon »), un parti politique dont le but est de lutter contre la corruption se trouvant dans « le système politique ». Cette organisation qui rassemble essentiellement des militaires, prend le pouvoir le 19 mai 1934 à la suite d’un coup d’État. Kimon Georgiev devient alors Premier ministre, et occupe quelques postes ministériels tels que : le ministère de la Guerre (le 19 mai 1934), le ministère des Affaires étrangères (du 19 mai 1934 au 23 mai 1934) et le ministère de la Justice (du 23 mai 1934 au 22 janvier 1935).
Sa première décision est de suspendre la constitution, de dissoudre l’Assemblée nationale, d’interdire tous les partis et d’établir la censure. Instaurant une véritable dictature, Georgiev déclare alors l’armée seule institution indemne de la corruption. Le nouveau gouvernement installe comme dans de nombreux pays européens, un régime corporatiste caractéristique de l’entre-deux-guerres. Mais à la différence que Georgiev désire sortir son pays de l’isolement diplomatique et se rapprocher des démocraties occidentales. Il établit même les premières relations diplomatiques entre la Bulgarie et l’URSS en juillet 1934.Une chute aboutissant à la monarchie absolueSa façon d’optimiser l’administration d’État est un réel succès économique. Georgiev se lance alors dans son grand projet : établir une république. Ne cachant pas ses idées, il prévoit l’adoption d’une nouvelle constitution abolissant la monarchie. Boris III, se sentant menacé, prit les devant et le 22 janvier 1935, chasse les « républicains » en provoquant une insurrection. Reprenant les bases du régime autoritaire qu’a installé Georgiev, le tsar vient, en plus de sauver la royauté, de restaurer le pouvoir suprême, devenant ainsi un monarque absolu.Un militant antifasciste, un retour au pouvoir
En 1940, Georgiev se fait remarquer pour son opposition à l’entrée de la Bulgarie au côté de l’Axe. Il fera partie du Front de la patrie regroupant tous les opposants à la collaboration de la Bulgarie avec l’Axe. Et dès 1944, le « Zveno » rejoint les sociaux-démocrates, les radicaux, les agrariens, les communistes et les intellectuels indépendants dans le « Front Patriotique ». Ce rassemblement antifasciste prépare activement la résistance.Le 9 septembre 1944, alors que les troupes soviétiques entrent dans le pays, un nouveau coup d’État éclate et Kimon Georgiev se retrouve de nouveau président du Conseil. Tout de suite un armistice est signé avec l’URSS et la Bulgarie rejoint les Alliés. La constitution et les droits politiques sont remis en vigueur et le conseil de régence du jeune tsar Siméon II (Boris III étant décédé le 28 août 1943), est remplacé. Le 28 octobre 1944, l’armistice est signé avec le Royaume-Uni et les États-Unis.
De 1944 à 1945, de nombreuses purges ont lieu dans les milieux de l’enseignement, judiciaire, politique et militaire faisant plus de 16 000 fusillés sans procès.
Le 18 novembre 1945, Georgiev constitue, à la suite de législatives truquées, un nouveau gouvernement entièrement communiste et le 8 septembre 1946, l’Assemblée nationale organise un référendum sur le sort de la monarchie : plus de 4 500 000 voix en faveur de la république contre 175 000 pour la monarchie. Le 15 septembre, la République populaire de Bulgarie est proclamée.
Un « héros » communisteDu 25 septembre au 23 novembre 1946, Georgiev est ministre temporaire de la Guerre avec le grade de colonel-général. Et le 23 novembre 1946, il laisse son poste de Premier ministre à un communiste, Georgi Mikhailov Dimitrov. Élu constamment député de 1945 à 1965, il ne quitte pas pour autant les postes ministériels :
Ministre des Affaires étrangères du 23 novembre 1946 au 11 décembre 1947
Ministre du Développement et des Travaux publics du 11 décembre 1947 au 5 février 1951
Ministre du Développement du 5 février 1951 au 16 mars 1959
Membre du Présidium de l’Assemblée nationale à partir de 1962, héros du travail, Kimon Georgiev décède le 28 septembre 1969 à Sofia.