Germaine Tillion : «Notre cœur est pleinement engagé pour la cause de la patrie» Germaine Tillion, une ethnologue, des Aurès à Ravensbrück
Déportée en 1942, Germaine Tillion a fait du camp de Ravensbrück le sujet de son premier livre d'ethnologie. Itinéraire d'une résistante anthropologue. pic.twitter.com/XDTfKm6d8q
— France Culture (@franceculture) May 18, 2023
« Au terme de mon parcours je me rends compte combien l’homme est fragile et malléable. Rien n’est jamais acquis. Notre devoir de vigilance doit être absolu. Le mal peut revenir à tout moment, il couve partout et nous devons agir au moment où il est encore temps d’empêcher le pire ».Germaine Tillion, femme d’exception, est morte le 19 avril 2008, à près de 101 ans, au terme d’une existence féconde. Ethnologue, elle s’est signalée par une étude remarquable : Le harem et les cousins, indispensable à tout historien pour comprendre le monde méditerranéen et l’islam.Germaine Tillion (1907-2008), née à Allègre (Haute Loire) est la fille d’un magistrat et de l’écrivain Emilie Tillion. Elle grandit dans un milieu épris de culture, suit des études supérieures et sort diplômée de l’Institut d’Ethnologie en 1932. Sa thèse, dont le sociologue et anthropologue Marcel Mauss (1872-1950) est le directeur, la conduit à effectuer quatre séjours en Algérie, entre 1934 et 1940 pour étudier l’ethnie berbère des Chaouis.Pendant l’Occupation allemande, durant la Seconde Guerre mondiale, Germaine Tillion participe à la résistance et devient chef de la filière d’évasion de prisonniers de guerre fondée par le colonel Hauet, dénommée après la guerre « groupe du musée de l’Homme ». Après l’arrestation de presque tous ses camarades, elle rejoint le réseau Gloria qui avait pour mission de recueillir des informations militaires pour le compte des britanniques. Infiltré par l’abbé Robert Alesch, le groupe est démantelé. Germaine Tillion est arrêtée puis déportée à Ravensbrück. Grâce à l’intervention du diplomate suédois Folke Bernadotte elle peut, avec d’autres détenues de Ravensbrück, être transportée en Suède et y être soignée.Après sa libération, Germaine Tillion crée une équipe de déportés afin de rassembler et de classer tous les documents sur l’histoire du camp de Ravensbrück. En 1947, elle reçoit le prix Pulitzer pour ses actes héroïques pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle réalise des enquêtes sur les crimes de guerre nazis ainsi que sur les camps de concentration soviétiques de 1945 à 1954.Directrice d’études à la sixième section de l’École pratique des hautes études, Germaine Tillion réalise différentes missions scientifiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient. Elle s’engage également dans différents combats politiques : – pour l’enseignement dans les prisons,
– contre la clochardisation du peuple algérien,
– contre la torture pratiquée par l’armée française en Algérie,– pour l’émancipation des femmes de Méditerranée.
Germaine Tillion a découvert l’ethnologie auprès de Marcel Mauss. Sur une suggestion de ce dernier, elle part étudier de 1934 à 1940 l’ethnie berbère des Chaouis, dans les Aurès, en Algérie.De retour à Paris, pendant l’Occupation, elle participe activement au réseau de résistance du Musée de l’Homme. Elle est arrêtée sur dénonciation d’un agent double, l’abbé Robert Alesh, et déportée le 21 octobre 1943 à Ravensbrück, un camp destiné aux opposants politiques de la catégorie «Nuit et brouillard», autrement dit destinés à disparaître d’une façon ou d’une autre ! La mère de Germaine Tillion, également déportée, n’y survivra pas et sera gazée.Elle-même endure l’épreuve en considérant le camp avec le regard de l’ethnologue. Elle en tirera plus tard un témoignage remarquable : Ravensbrück (1988). Elle écrit aussi sur place, en secret, une opérette : Le Verfügbar aux Enfers.
À la Libération, elle participe à des enquêtes sur les crimes nazis puis reprend ses études ethnologiques dans les Aurès.Quand éclate la guerre d’Algérie, elle s’engage de toutes ses forces en faveur de la paix et déplore la « clochardisation » de la population musulmane. Le gouverneur général Jacques Soustelle l’appelle en 1955 à ses côtés pour mettre sur pied des centres sociaux.Germaine Tillion dénonce la torture pratiquée par les paras aussi bien que les attentats aveugles du FLN. Yacef Saadi, chef militaire du FLN à Alger, la rencontre en secret et lui promet de mettre fin aux attentats sous réserve que soient suspendues les exécutions capitales. La trêve dure quelques semaines jusqu’à ce que soient guillotinées cinq personnes à Alger…L’éminente Simone de Beauvoir qualifie de « saloperie » la médiation de Germaine Tillion. Comme Sartre, elle s’est engagée sans réserve aux côtés du FLN et ne voit pas pourquoi ils devraient se priver de commettre des attentats.Catholique et gaulliste, Germaine Tillion témoigne par ailleurs d’une amitié compréhensive pour ses relations communistes, à commencer par son maître Marcel Mauss. De tous ses ouvrages, celui qui lui vaudra la célébrité est un essai passionnant, parfaitement accessible à un public de non-spécialistes : Le harem et les cousins.
Directrice d’études à l’École pratique des hautes études, elle a réalisé vingt missions scientifiques en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.Grand-croix de la Légion d’honneur, en 1999, Germaine Tillion fait partie des quatre personnalités désignées en 2014 par François Hollande pour rejoindre le Panthéon.
Germaine Tillion : «Notre cœur est pleinement engagé pour la cause de la patrie»Germaine Tillion (30 mai 1907 – 19 avril 2008) est née à Allègre en France.Elle était une résistante française et anthropologue. Elle est diplômée de l’École Pratique des Hautes Études, de l’École du Louvre et de l’INALCO.
Germaine Tillion adopte l’attitude d’une ethnologue même lorsqu’elle est détenue dans des camps de concentration et profite de son expérience de déportée pour faire avancer ses investigations ethnologiques.
A Ravensbrück, elle a cherché à comprendre le système concentrationnaire, qu’elle explique aux autres détenus sous forme de conférences ou d’un « opérette-magazine ».En tant qu’historienne et ethnologue, elle a cherché à articuler le juste équilibre entre données objectives et expériences subjectives.
Dans le cadre de sa thèse, elle effectue quatre voyages en Algérie entre 1934 et 1940 pour étudier l’ethnie berbère des Chaouis présente dans les Aurès.
De retour en France au moment de l’armistice de 1940, son premier acte de résistance est de remettre les papiers de sa famille à une famille juive qui sera ainsi protégée jusqu’à la fin de la guerre.
Après les arrestations et les exécutions de Boris Vildé, d’Anatole Lewitsky, l’arrestation de Paul Hauet, Germaine devint leader du réseau de la Résistance de 1941 à 1942, agréé plus tard sous le nom de groupe du Musée de l’Homme.
Elle a découvert que ce n’étaient pas les réseaux qui recherchaient des bénévoles mais des bénévoles qui recherchaient des organismes.
Germaine Tillion est arrêtée le 13 août 1942 et déportée le 21 octobre 1943 au camp de concentration de Ravensbrück.
Germaine Tillion est arrêtée le 13 août 1942 et déportée le 21 octobre 1943 au camp de concentration de Ravensbrück.
Elle perd sa mère, grande résistante, déportée en 1944 et gazée en mars 1945.
Durant son internement au camp, elle écrit dans un carnet soigneusement caché, une opérette Le Verfügbar en Enfer où elle raconte avec humour les dures conditions de détention, avec des airs populaires tirés du répertoire lyrique ou populaire.
Elle a évité la mort en échappant à un convoi vers les camps de Mauthausen grâce à une hospitalisation et des complices.
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