Défier le danger en mer
Ce n’était donc pas encore la guerre sous-marine à outrance comme elle le deviendra au début de 1917, mais l’Allemagne avec ce mémorandum du 15 janvier 1915 modifiait les règles habituelles du transport maritime commercial en faisant des mers entourant les îles britanniques une zone de guerre. Elle entendait ainsi répondre au blocus des puissances centrales par la flotte anglaise par une sorte de blocus des îles britanniques avec les sous-marins.
La réaction américaine est ce qui intéresse le plus le journaliste du Petit Comtois car les Etats-Unis ont laissé entendre que toute action contre leurs intérêts commerciaux ne resterait pas sans réponse : «bien réfléchir avant d’agir » dit une note diplomatique américaine adressée à l’Allemagne. Ce qui conduit l’autorité allemande à se montrer prudente et à exclure la saisie des bâtiments américains, ne tenant absolument pas à voir les Etats-Unis en guerre aux côtés de l’Entente. Le journal s’interroge alors : les pays neutres moins puissants ne bénéficieraient donc pas de cette modération allemande ? Par exemple, les Pays-Bas, très concernés par ce commerce maritime avec l’Angleterre, auraient donc à s’inquiéter ? Et le Danemark ? Le 15 février, cet État sera englobé dans le blocus fait par les Allemands. 
L’Allemagne disposait d’une flottille de U-boots depuis 1912. En septembre et octobre 1914, certains d’entre eux réussirent à couler plusieurs croiseurs anglais (ainsi le U-9). L’amirauté prit conscience que son incapacité navale contre les Anglo-français ne pouvait trouver une certaine compensation qu’avec sa flotille de U-boots. Rien que pour 1915, 51 nouveaux sous-marins furent construits par les chantiers allemands de Hambourg, Brême ou Kiel. Ainsi, à partir de ce mémorandum, la guerre sous-marine entre dans une phase différente et ce jusqu’en février 1917, début de la guerre sous-marine à outrance. 
En effet, les sous-marins allemands arraisonnèrent d’abord des navires commerciaux de l’Entente en les arrêtant et en évacuant l’équipage avant de couler le navire au canon. Mais ceci était long et délicat, d’autant que la protection de ces navires s’améliora et rendit vite impossible une telle méthode. Le torpillage devint donc la règle et des bateaux de pays neutres furent parfois touchés. Les journaux de ce mois de février 1915 avaient bien compris que l’enjeu de cette guerre sous-marine était la réaction des pays neutres et surtout des Etats-Unis. Le 7 mai 1915, le U 20 coula le Lusitania, paquebot britannique, faisant 1198 victimes dont 123 américaines et, à partir de là, la question de l’entrée en guerre des États-Unis contre l’Allemagne agita de plus en plus l’opinion américaine. Même si ce navire transportait aussi des munitions à destination de l’Angleterre, il était avant tout un paquebot de passagers.
L’intervention des États-Unis dans la Première Guerre mondiale
Source : Nehru voir les lettres N° 146-156
Un «autre» regard sur l’Histoire du Monde
La guerre est une entreprise coûteuse, une entreprise terriblement chère. Il engloutit des montagnes de matériaux précieux et n’a que des ravages à montrer. Il arrête la plupart des activités productrices de richesses et concentre l’énergie des gens sur la destruction. D’où proviendrait tout cet argent ? D’abord, du côté des Alliés, seules l’Angleterre et la France pouvaient être considérées comme aisées. Ils ont non seulement payé leur propre part des dépenses de guerre, mais ont également payé pour leurs alliés en leur prêtant de l’argent et du matériel. Après quelque temps, Paris céda ; ses ressources financières étaient épuisées. Londres finança alors seule la partie alliée de la guerre. À la fin de la deuxième année de la guerre, Londres céda également. Ainsi, vers la fin de 1916, le crédit français et anglais était terminé. Puis une mission anglaise composée d’éminents hommes d’État se rendit en Amérique pour demander une aide financière. 
L’Amérique a accepté de prêter de l’argent, et c’est désormais l’argent américain qui a mené la guerre du côté des Alliés. La dette des Alliés envers l’Amérique a augmenté à pas de géant jusqu’à des chiffres étonnants, et, à mesure qu’elle augmentait, les grandes banques et les financiers d’Amérique, qui avaient prêté de l’argent, se sont de plus en plus intéressés à une victoire alliée. Si les Alliés étaient vaincus par l’Allemagne, qu’arriverait-il aux énormes sommes que l’Amérique leur avait prêtées ? La poche du banquier américain a été touchée et il a réagi en conséquence. Le sentiment en faveur de l’adhésion de l’Amérique aux Alliés dans la guerre s’est développé, et finalement l’Amérique l’a fait.
On entend beaucoup parler maintenant de la question de la dette américaine, et les journaux en sont pleins. Cette dette, qui pend comme une meule au cou de l’Angleterre et de la France, et qu’ils ne peuvent pas payer, s’est accumulée au temps de la guerre. Si cet argent n’avait pas été versé au même rythme, leur crédit se serait complètement effondré et peut-être que l’Amérique ne les aurait pas rejoints.Dans champs de Flandres
L’Allemagne avait même envoyé des palpeurs pour la paix, mais les Alliés n’en voulaient aucun ; les gouvernements alliés étaient trop engagés par leurs traités secrets pour que la division des divers pays se contente de quoi que ce soit d’autre qu’une victoire complète. Woodrow Wilson, le président des États-Unis, a également fait des efforts infructueux pour instaurer la paix.
Et pourtant, avant même que l’Amérique n’ait déclaré la guerre, un autre événement d’une importance vitale s’était produit. Le 15 mars 1917, la première révolution russe avait abouti à l’abdication du tsar. Je t’écrirai séparément sur cette révolution. Ce que je souhaite que tu notes maintenant, c’est que cette révolution a fait une énorme différence dans la guerre. La Russie, de toute évidence, ne pouvait pas lutter beaucoup, voire pas du tout, contre les puissances allemandes ; et cela signifiait que l’Allemagne était soulagée de toute inquiétude sur le front oriental. Elle pouvait transférer la totalité ou la plupart des armées orientales sur le front occidental et les lancer contre les Français et les Britanniques. 
Du coup, la position était devenue très favorable à l’Allemagne. Si elle n’avait connu la révolution russe que six ou sept semaines avant qu’elle ne se produise, quelle différence cela aurait fait. Cela aurait pu signifier aucun changement dans la guerre sous-marine, et peut-être l’Amérique restant neutre. Avec la Russie hors des listes et l’Amérique neutre, il était fort probable que l’Allemagne aurait écrasé les armées britannique et française. Même telle qu’elle était, la force allemande sur le front occidental augmenta et il y eut aussi une destruction prodigieuse des navires, alliés et neutres, par les sous-marins allemands….
La campagne U-Boat qui a failli briser la Grande-Bretagne
Au début, les sous-marins obéissaient aux «règles de prix», ce qui signifiait qu’ils faisaient surface avant d’attaquer les navires marchands et permettaient à l’équipage et aux passagers de s’enfuir. Cela a laissé les U-boot vulnérables aux attaques, en particulier après que les Britanniques ont introduit les «Q-ships» – des navires de guerre déguisés avec des canons cachés destinés à attirer les U-boot à proximité, puis à les couler. L’utilisation de Q-ships a contribué à l’abandon éventuel par l’Allemagne des règles de prix.
Le 4 février 1915, l’Allemagne déclara une zone de guerre autour de la Grande-Bretagne, dans laquelle des navires marchands furent coulés sans avertissement. Cette « guerre sous-marine sans restriction » a provoqué la colère des pays neutres, en particulier des États-Unis. La tactique est abandonnée le 1er septembre 1915, suite à la perte de vies américaines dans les paquebots torpillés Lusitania et Arabic .
Après avoir échoué à prendre le contrôle de la mer aux Britanniques lors de la bataille du Jutland en 1916, l’Allemagne a repris la guerre sous-marine sans restriction le 1er février 1917. Ceci, couplé au télégramme Zimmermann, a amené les États-Unis dans la guerre le 6 avril. Mais le nouveau blocus des sous-marins a failli réussir et entre février et avril 1917, les sous-marins ont coulé plus de 500 navires marchands. Dans la seconde quinzaine d’avril, 13 navires en moyenne ont été coulés chaque jour.
Défier le danger en mer
Un marin aide à exploiter la mer du Nord
Se reposer tranquillement sur 900 mines explosives
Le Canonicus, avec Philpott à bord, a posé 11 000 mines dans la région de la mer du Nord pendant l’effort. Avec la fin de la guerre, le navire a été chargé de ramener des soldats aux États-Unis À la consternation de Philpott, la marine l’a subie à un nouveau devoir loin du Canonicus. Philpott a envoyé cette lettre à ses parents peu après la signature de l’armistice, alors que son ancien navire rentrait chez lui :
Maintenant, ne laissez pas le fait que je suis sur un démineur vous inquiéter. Le Canonicus a planté plus de mines que n’importe quelle couche de mines dans l’histoire. Et c’est au peu de membres de son équipage qui restent ici de maintenir son record et de déminer plus que tout autre équipage ici.
Tu n’as plus à t’inquiéter que je sois torpillé [sic], donc ce sera un fil conducteur [sic] qui te fera oublier. Nous avons été attaqués [sic] plusieurs fois par des Subs [sous-marins]. Mais pour autant que nous sachions, ils n’ont jamais tiré sur nous. Nous les avions quand même. S’ils nous désactiverons sauter, nous avions un chargement de neuf cents mines à bord. C’était suffisant pour tout faire sortir de l’eau à des kilomètres à la ronde. J’en ai vu jusqu’à quinze [mines] exploser en même temps lorsque nous plantions. Ils soufflaient des montagnes d’eau [sic] dans les airs. Les Allemands le savent aussi, et je pense que c’est pourquoi ils n’ont jamais essayé de couler l’un de nos poseurs de mines…
Votre fils bien aimé.
Ebert L. Philpott
Forces navales américaines Europe
Base USN n° 18
c/o Post Master
New York
Théorie du blocus naval
Malgré les efforts de Philpott pour rassurer ses parents sur sa sécurité relative sur un navire de pose de mines, les sous-marins allemands ou les U-boot (abréviation de bateau sous-marin en allemand) ont Anti de gros dommages à la marine marchande pendentif la Première Guerre mondiale. Avant le début de la guerre, les experts pensaient que les sous-marins étaient de piètres armes pour les blocus navals des pays ennemis. Les blocs impliquaient souvent d’embarquer l’équipage d’un navire appelé comme prisonniers. De plus, les marins du navire attaquant occupaient souvent le navire ennemi après sa capture. Mais les sous-marins étaient appelés exigus, ayant à peine assez d’espace pour loger un équipage pour ses opérations propres.Sans place pour les prisonniers ni équipage supplémentaire pour équiper les navires sélectionnés, ils ont été jugés inefficaces pour les blocus.
Guerre sous-marine illimitée
Cependant, en février 1915, le gouvernement allemand a rejeté les opinions dominantes sur l’utilisation des sous-marins. Dans ce qui est devenu connu sous le nom de guerre sous-marine sans restriction, les dirigeants ont décidé plutôt que de tenter de capturer des navires marchands, les sous-marins les couleraient simplement. Aucune tentative ne serait faite pour sauver les marins marchands. Le gouvernement allemand a déclaré une zone de guerre autour des îles britanniques et a annoncé son intention de couler sans avertissement tout navire marchand allié. En septembre, les U-boot avaient touché 50 navires. L’un d’eux, le paquebot Lusitania, a provoqué une indignation particulière en Amérique après son naufrage en mai 1915. Près de 1 200 vies ont été perdues, dont 128 Américains. que le président Woodrow Wilson avait précédemment déclaré que depuis que les États-Unis étaient neutres dans la guerre, la perte de vies américaines a poussé de nombreuses personnes à s’appeler à la guerre contre l’Allemagne. Wilson a envoyé une forte protestation au gouvernement allemand, qui a finalement suspendu les attaques.
Les maraudeurs de sous-marins réussissent presque
Mais en février 1917, l’équation stratégique avait suffisamment changé pour que le gouvernement allemand soit prêt à risquer d’entraîner les États-Unis dans la guerre. Le but était d’affamer la Grande-Bretagne avant l’entrée des Américains. La nouvelle politique était encore plus meurtrière que la première : tous les navires alliés et désormais neutres, y compris ceux battant pavillon américain, seraient coulés à vue. La stratégie a failli réussir. Au moment où l’Amérique a déclaré la guerre en avril, les sous-marins avaient coulé plus de 1 000 navires marchands et la Grande-Bretagne était à six semaines de la famine. En fin de compte, la nouvelle pratique consistant à développer les navires marchands dans des convois protégés par des escortes armées a condamné la stratégie de guerre des U-boot. Les convois rendaient les navires beaucoup moins faciles à abattre et les escortes rendaient la tâche beaucoup plus dangereuse pour les U-boot. En conséquence, les pertes des navires marchands ont chuté rapidement et une route d’approvisionnement fiable à travers l’Atlantique a récupéré à inverser la tendance contre l’Allemagne.Les navires de troupes américaines ont également bénéficié de l’utilisation de convois alors que les «doughboys» se dirigeaient vers la guerre.
Vers un démineur
Espérant rentrer chez lui le plus tôt possible, Philpott a déposé une demande de renvoi de la marine à la fin de 1918. Mais la marine avait d’autres plans pour lui. Le travail des dragueurs de mines s’est poursuivi longtemps après la fin de la guerre. Ils étaient nécessaires pour aider à déminer les ports et les eaux côtières de l’Europe afin que les nations du continent puissent commencer à reconstruire leurs économies. Philpott servira encore deux ans avant sa libération en décembre 1920. Une grande partie de ce temps, il passe sur le dragueur de mines USS Woodcock travaillant comme ravitailleur d’eau.
L’Allemagne élargit la guerre sous-marine aux navires de commerce…
https://www.iwm.org.uk/history/the-u-boat-campaign-that-almost-broke-britain
https://sos.oregon.gov/archives/exhibits/ww1/Pages/active-danger-at-sea.aspx