Ibn Khaldun : sa vie et ses œuvresAbd al-Rahman ibn Khaldun (1332-1406), l’historien et penseur bien connu de l’Afrique du Nord musulmane du XIVe siècle, est considéré comme un précurseur des théories originales en sciences sociales et en philosophie de l’histoire, ainsi que l’auteur de vues originales en économie, préfigurant les contributions modernes.
Ibn Khaldun est né le 27 mai 1332 à Tunis, à l’époque où trois dynasties se disputent l’Afrique du Nord. Issu d’une famille de haut rang, le jeune homme reçoit une formation de qualité, dispensée par les maîtres de l’époque. Orphelin à l’âge de 17 ans, Ibn Khaldun commence une carrière politique en tant que secrétaire. Très ambitieux et trop jeune pour résister aux manipulations, il complote et passe d’une monarchie à une autre jusqu’en 1374. Ses intrigues lui causent alors de nombreux problèmes : en route pour Grenade, Khaldun est arrêté à Tlemcen puis envoyé à Briska. Fatigué, renonce à son activité et se fixe à Tiaret où il se consacre à l’histoire politique. En consignant les observations accumulées au cours de ses périples, il développe une vision scientifique de l’histoire et entreprend l’élaboration de concepts sociologiques novateurs. En 1378, il retourne à Tunis pour effectuer les recherches qui lui permettent de finir son Histoire des Arabes, des Persans et des Berbères jusqu’en 1382. Khaldun doit alors fuir en Egypte. Son existence reste chaotique jusqu’à son décès le 17 mars 1406. Il est enterré dans le cimetière réservé aux hauts intellectuels.
Précurseur de la sociologie Ibn Khaldun a aussi instauré la philosophie de l’histoire. L’université de sociologie à Tiaret porte son nom.
Ses autres œuvres importantes sont : Discours sur l’histoire universelle, Le Livre des exemples et Autobiographie.Le point de vue d’Ibn Khaldun sur la science et la philosophie
Le point de vue d’Ibn Khaldun sur la science suivait la division traditionnelle des sciences, qui implique une division en sciences religieuses et sciences non religieuses. Les sciences non religieuses sont en outre divisées en sciences utiles et non utiles (principalement les sciences occultes telles que la magie, l’alchimie et l’astrologie). Dans la Muqaddima, Ibn Khaldun rend compte de toutes les sciences jusqu’à son époque, avec des exemples et des citations. Il met un point d’honneur à réfuter la magie, l’alchimie, l’astrologie et la philosophie dans son livre. Son travail est devenu un record du développement des sciences à son époque.Le point de vue d’Ibn Khaldun sur la philosophie est similaire à celui d’al-Ghazali, en ce sens qu’il a tenté de concilier mysticisme et théologie. En fait, Ibn Khaldun, selon Issawi,« …. va plus loin que ce dernier [al-Ghazali] en amenant le mysticisme complètement dans le domaine du jurisprudent et en développant un modèle du shaykh soufi, ou maître, comme assez similaire au théologien. La philosophie était considérée comme allant au-delà de son niveau de discours approprié, en ce sens que « l’intellect ne devrait pas être utilisé pour peser des questions telles que l’unité de Dieu, l’autre monde, la vérité de la prophétie, le caractère réel des attributs divins, ou quoi que ce soit d’autre». Autre chose qui se situe au-delà du niveau de l’intellect.
Ibn Khaldun a critiqué la philosophie néoplatonicienne et a affirmé que la hiérarchie de l’être et sa progression vers l’Être nécessaire, ou Dieu, n’est pas possible sans révélation
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