Dès 1935 Hitler prépare l’Allemagne à la guerreLe 16 mars 1935, le Führer Hitler, dans une annonce soudaine et époustouflante, a dénoncé aujourd’hui les clauses militaires du Traité de Versailles et proclamé la conscription militaire générale immédiate en Allemagne. La dénonciation par l’Allemagne de la clause du traité et de l’institution du service militaire universel a secoué l’Europe, déjà tendue par l’élan croissant d’une course aux armements entre les principales puissances. La France et la Grande-Bretagne avaient déjà évolué cette semaine vers une force armée accrue.Ni la proclamation hitlérienne ni la nouvelle loi ne disaient spécifiquement que l’Allemagne dénonçait les clauses militaires du traité de Versailles, mais l’acte de conscription était en fait une dénonciation et une violation du traité. La décision d’Hitler a été révélée dans une atmosphère dramatique au ministère de la Propagande après que le Cabinet l’ait approuvée.La proclamation du Führer a ravivé les objections de l’Allemagne au traité de Versailles et a exprimé la déception de la nation face à l’échec des autres puissances à désarmer. C’est la première violation flagrante du traité de Versailles. Elle prend tout le monde au dépourvu, y compris les généraux allemands que cette annonce réjouit néanmoins. Les pays étrangers et la Société des Nations, à Genève, n’osent prendre des mesures de rétorsion. Le lendemain, la décision du Führer est célébrée par de grandes festivités dans toute l’étendue du Reich.En 1933, l’Allemagne accroit sa puissance militaire secrètement. Hitler se retire définitivement de la Conférence de désarmement de Genève en octobre 1933 ainsi que de la S.D.N. (Société des Nations). Il décide que les effectifs de l’armée passeront de 100.000 à 300.000 hommes, chiffre bien supérieur à ce qu’autorise le traité de Versailles.Pourtant le 7 janvier 1935, la France et l’Italie (fasciste de Mussolini) signent à Rome un protocole : ils se mettent d’accord sur un certain nombre de points de politique européenne. Le 3 février 1935, l’Angleterre et la France échangent sur la question d’un statut stable de l’armement et le renforcement de la sécurité. Suite à ces réunions, les trois pays (France, Grande-Bretagne, Italie) sont d’accord pour proposer à l’Allemagne une négociation pour traiter les questions de l’armement, de conclure un pacte de sécurité de l’Est et le retour de l’Allemagne à la S.D.N.Malgré ces tentatives de conciliation, l’Allemagne répond le 16 mars 1935 par un réarmement terrestre massif. Les Européens apprennent alors que l’Allemagne dispose de 2.500 avions et d’une armée de 300.000 hommes.Le réarmement est désormais officiel. Avec le rétablissement du service obligatoire, on peut prévoir un effectif d’environ 550.000 à 600.000 hommes.La promulgation de la loi du 16 mars 1935 sur l’organisation de l’armée allemande entraîne un enthousiasme populaire immense. C’est devant une foule fervente que le ministre de la propagande, le Dr Goebbels, lit le texte du Führer. À la fin de la lecture, il ajoute : «Ainsi sont honorés les morts de la Grande Guerre, et aux vivants est donnée l’assurance que notre avenir national est assuré».
Pour tenter de contrer cette violation du Traité de Versailles, la France, la Grande-Bretagne, et l’Italie se réunissent à Stresa du 11 au 15 avril 1935. Ils essaient de faire front commun contre l’Allemagne et visent à conforter le Traité de Versailles. Ils y affirment également l’indépendance de l’Autriche. Cette réunion marque la solidarité des trois puissances occidentales : ils veulent à tout prix une paix garantie pour l’Europe.À l’issue de la conférence, M. Pierre Étienne Flandrin, président du Conseil, déclare : «Nous n’avons eu qu’un seul but à Stresa : défendre la paix. Ce but est-il atteint ? L’avenir nous le dira. La paix est une création continue. C’est plus encore une œuvre de force que la guerre. Force matérielle avant tout. Trois grandes forces morales qui animent le monde, la Grande-Bretagne, l’Italie et la France, lorsqu’elles sont unies et résolues, représentent aussi une force matérielle à l’abri de laquelle le monde se sent rassuré. «Leur force morale, c’est de vouloir la paix.» (Le Figaro du 15 avril 1935). Du côté anglais, le premier ministre M. Macdonald affirme la même chose : «Nous devons garder la porte de la paix ouverte jusqu’au dernier moment et, si elle doit être fermée, il ne faut pas que ce soit par nous.» (Le Figaro 15 avril 1935). Benito Mussolini a la «conviction profonde que la paix de l’Europe ne sera jamais troublée» (Le Figaro 15 avril 1935). Les trois pays prennent l’engagement de ne plus tolérer aucune nouvelle violation du traité. Cet accord sera vite rompu car l’Italie envahie l’Ethiopie dès octobre 1935.
À partir des événements de 1935, force est de constater que l’Allemagne cherche par tous les moyens à devenir une grande puissance militaire et à reconquérir de nouveaux territoires. Hitler veut étendre «l’espace vital» (Lebensraum) de l’Allemagne. Ce thème est évoqué dans Mein Kampf dès 1924. Progressivement, l’Allemagne nazie se prépare à la guerre et les autres aussi.
La France a adopté hier une prolongation du service des conscrits d’un an à deux ans, le Premier ministre Pierre-Etienne Flandin citant à la Chambre des députés le réarmement de l’Allemagne. Il y a quelques jours à peine, le ministre nazi de l’Air, Hermann Wilhelm Goering, a déclaré que l’Allemagne donnait une base militaire à une partie de son service aérien. Le Traité de Versailles interdit une telle action. La Grande-Bretagne a ces derniers jours renforcés ses prévisions budgétaires navales et défendu la montée du débat aux Communes en invoquant le réarmement du Reich.