16 février 1918 – La Lituanie obtient son indépendance

Histoire de la Lituanie1918 La Lituanie déclare son indépendance de la Russie et de l’Allemagne (fête nationale)Perdre et retrouver l’acte d’indépendance de la LituaniePourquoi la Lituanie a-t-elle deux jours d’indépendance ?La Lituanie retrouve le document qui a acté son indépendance. La découverte sensationnelle de Liudas Mazylis, politologue discret de l’université de Kaunas, secoue depuis quelques jours la Lituanie tout entière. Il s’agit de l’acte original de la déclaration d’indépendance lituanienne, daté du 16 février 1918, qui a été retrouvé dans les archives diplomatiques allemandes à Berlin. La découverte est d’autant plus inespérée qu’en 2018 le pays s’apprête à célébrer son centenaire.L’acte d’indépendance de 1918 avait été rédigé en au moins trois exemplaires. Les hypothèses les plus farfelues courent au sujet de leur disparition. L’un des exemplaires aurait ainsi été “confié au recteur de l’église Saint-Michel [de Vilnius], qui l’a caché dans une ruche où il avait fini par se désintégrer”.La fin de la Première Guerre mondiale, en 1918, n’a pas marqué la fin du conflit pour la Lituanie. Occupée par l’Allemagne et l’Union soviétique, le Parlement de la toute nouvelle république ne s’est réuni qu’en 1920. La récompense se fait attendre. Alors que certaines personnes en Europe de l’Est émettent des doutes quant à l’existence même de cet acte, la “découverte de l’original lituanien et de sa version allemande est importante tant sur le plan juridique que politique”, assure un historien interrogé par le site 15min. En Lituanie, les réseaux sociaux se sont emparés de cette révélation. De nombreux internautes ont réclamé à Darius Mockus, un riche homme d’affaires empêtré dans des affaires de corruption, le million d’euros qu’il avait promis à celui qui retrouverait l’acte. Celui-ci pose désormais des conditions, notamment le retour de l’acte. Les négociations ont déjà été lancées avec l’AllemagneHistoire de la Lituanie L’histoire de la Lituanie commence véritablement avec l’unification des tribus lituaniennes de religion balte par Mindaugas, au milieu du XIIIe siècle, en vue de lutter contre les chevaliers teutoniques et les chevaliers porte-glaives venus les christianiser par la force. À partir du règne de Vytenis, qui débute vers 1290, et jusqu’au début du XVe siècle, le grand-duché de Lituanie profite de la dislocation de la Rus’ de Kiev et de l’affaiblissement de la Horde d’or tatare pour réunir sous son sceptre les petites principautés slaves du bassin du Dniepr, s’étendant jusqu’au Dniestr et à la mer Noire, atteinte en 1412. Pendant ce temps la foi balte recule au profit du catholicisme (dans l’actuelle Lituanie) ou de l’orthodoxie (dans l’actuelle Biélorussie, où le slave oriental prend le pas sur les langues baltes). En 1386, le grand-duc de Lituanie, Ladislas II Jagellon, épouse la princesse de Pologne, Hedwige, et se convertit au catholicisme. Ce mariage crée l’union de Pologne-Lituanie qui aboutira en 1569 à la création de la république des Deux Nations. Cette union conduit à une forte acculturation de l’élite politique qui adhère à la culture et à la langue polonaise. Le grand-duché de Lituanie perd alors peu à peu son autonomie dans la fédération, jusqu’à être complètement intégré à la Pologne par la Constitution polonaise du 3 mai 1791. Durant cette longue période, il accueille un tel nombre de réfugiés juifs chassés tour-à-tour des royaumes catholiques d’Europe occidentale ou centrale, qu’au XVIIIe siècle la Pologne-Lituanie abrite la plupart des juifs d’Europe.Après les trois partages de la Pologne à la fin du XVIIIe siècle, le pays cesse d’exister politiquement en 1795. Le territoire de l’ancien grand-duché de Lituanie est alors intégré à l’Empire russe. Le 16 février 1918, la Lituanie dans un territoire un peu plus petit que l’actuel, retrouve son indépendance grâce à la défaite russe face à l’Allemagne. La nouvelle république disparaît en juin 1940 du fait du pacte Hitler-Staline. Après une période d’occupation par l’Allemagne nazie pendant la Seconde Guerre mondiale (1941-1944), qui voit exterminer la plupart des Juifs lituaniens et biélorusses, la Lituanie est à nouveau annexée par l’Union soviétique de 1945 à 1990. Elle proclame son indépendance dans son territoire actuel le 11 mars 1990 à la faveur de la dislocation de l’URSS, officialisée le 26 décembre 1991.La Lituanie fête son indépendance, pas celle du 11 mars 1990 quand le pays s’est séparé de l’URSS, mais celle du 16 février 1918. Le nom officiel de ce jour férié est L’anniversaire de la restauration de l’État lituanien. La Lituanie est le seul pays balte à pouvoir affirmer cela car il a existé, jadis, un État Lituanien médiéval, apparu en 1253 qui dura jusqu’en 1385. Plus tard, la Lituanie et la Pologne ont vécu en symbiose durant plusieurs siècles. Elles ont disparu ensemble, en 1795, et ont recouvré leur indépendance la même année, en 1918. Pour la Lituanie, l’indépendance a été reconnue par la Russie le 16 février 1920 (deux ans après sa proclamation) mais sera anéantie le 15 juin 1940 par l’armée soviétique qui occupera le pays pendant 50 ans (jusqu’en 1990).

#OTD 16 February 1918: Council of #Lithuania unanimously adopts the Act of Independence. pic.twitter.com/ADiOyRSMkG

— 𝕆𝕟 𝕥𝕙𝕚𝕤 𝕕𝕒𝕪 𝕚𝕟 𝕙𝕚𝕤𝕥𝕠𝕣𝕪 (@changnoi2018) February 16, 2023

1918 La Lituanie déclare son indépendance de la Russie et de l’Allemagne (fête nationale)Perdre et retrouver l’acte d’indépendance de la LituaniePourquoi la Lituanie a-t-elle deux jours d’indépendance ?La Lituanie a deux célébrations à seulement un mois d’intervalle que les gens appellent avec désinvolture le « jour de l’indépendance » – et ont un jour de congé.

La célébration du 16 février est en fait appelée le jour de la restauration de l’État (Lietuvos valstybės atkūrimo diena). Le 16 février 1918, les vingt membres du Conseil de Lituanie ont signé un document – l’Acte d’Indépendance – déclarant la Lituanie un État démocratique souverain avec la capitale Vilnius. Le document indiquait que la Lituanie rompait ses liens avec toutes les autres nations – cela signifiait principalement la Russie, qui dirigeait le pays depuis la fin du XVIIIe siècle, et l’Allemagne, sous l’administration de laquelle les Lituaniens sont tombés pendant la Première Guerre mondiale.La Lituanie est restée un État démocratique jusqu’en 1926, date à laquelle un coup d’État militaire a installé le président Antanas Smetona, et n’a conservé sa capitale à Vilnius que jusqu’en 1920, date à laquelle la ville a été reprise par la Pologne. La Lituanie a récupéré Vilnius en 1939, mais seulement quelques mois plus tard, en 1940, le pays a été occupé et annexé par l’Union soviétique. Le 11 mars, la Lituanie célèbre le jour de la restauration de l’indépendance (Nepriklausomybės atkūrimo diena). Ce jour-là en 1990, le Conseil suprême de la RSS de Lituanie, le premier élu lors d’élections libres, a déclaré le pays indépendant de l’Union soviétique. A statue of King Mindaugas in Vilnius Il a fallu une autre année et une répression sanglante à Vilnius pour que l’URSS soit dissoute et que le monde reconnaisse la Lituanie comme un État indépendant. Il y a aussi une autre fête nationale célébrant le statut d’État de la Lituanie. Le 6 juillet, le jour de l’État (Valstybės diena), rend hommage au roi Mindaugas, le premier duc médiéval à placer les terres lituaniennes sous son règne unifié. Il reçut une couronne du pape en 1353 et devint le premier – et le seul – roi de Lituanie. On ne sait cependant pas s’il a été couronné le 6 juillet. L’historien Edvardas Gudavičius a proposé le jour en 1989 car il tombait un dimanche en 1353 et un roi chrétien aurait été couronné un dimanche.Perdre et retrouver l’acte d’indépendance de la LituanieL’acte établissant les fondements juridiques de la Lituanie a été perdu pendant près d’un siècle. Certains ont dit qu’il avait été déchiqueté par les abeilles, d’autres ont affirmé qu’il avait été oublié et perdu dans un livre. En 2017, un professeur peu connu de Kaunas s’est lancé dans une quête à Berlin à la recherche de l’acte d’indépendance original de la Lituanie.

Faire exister la LituanieUn peu avant midi, les membres du Conseil de Lituanie se sont réunis dans un appartement de la rue Wielka un samedi hivernal de 1918. Ce n’était pas le lieu de réunion habituel du Conseil de Lituanie créé il y a un an, qui tenait normalement ses sessions dans un bâtiment à plusieurs centaines de mètres sur la route. Mais il faisait froid et l’hôte, le Dr Jonas Basanavičius, économisait du bois de chauffage. Refusant de s’asseoir dans une pièce avec leurs manteaux, les membres se sont réunis dans la maison Sztral, qui abritait également le siège de la Société lituanienne pour le secours aux victimes de la guerre, un organe crucial de l’auto-organisation lituanienne auquel le Conseil devait son existence. pour. La Maison Sztral deviendra plus tard connue sous le nom de Maison des Signataires. 20 signatures under the 1918 Act of Independence La réunion était présidée par Basanavičius, l’aîné des 20 hommes. Rapidement, ils ont adopté à l’unanimité un court document d’une page qui avait été rédigé à l’avance. Chacun apposa sa signature par ordre alphabétique et passa aux autres questions à l’ordre du jour. Une autre séance était prévue dans la soirée et tout le monde est reparti déjeuner, sans trop d’euphorie pour l’étape judiciaire cruciale qu’ils venaient de franchir.

Comment sont-ils arrivés là?Depuis 1795, les terres habitées par des Lituaniens de souche étaient gouvernées par l’Empire russe. Comme dans de nombreux endroits en Europe, la seconde moitié du XIXe siècle a vu l’émergence d’un mouvement national, aboutissant à des revendications d’une certaine forme d’autonomie au sein de la Russie. Les circonstances ont radicalement changé avec le début de la Première Guerre mondiale. Des mois après le début de la guerre, l’armée allemande a marché à travers la Russie, occupant les parties occidentales de l’empire. Pour le reste de la guerre, la Lituanie était sous administration allemande.

Après la révolution russe de 1917, l’Allemagne a envisagé de transformer les terres occupées – Mitteleuropa – en une zone tampon d’États fantoches pour contenir la propagation de la révolution depuis la Russie. Les nations d’Europe de l’Est devaient être nominalement indépendantes, mais étroitement contrôlées par l’Allemagne. C’est dans le cadre de ce plan que l’administration allemande accepta d’autoriser les Lituaniens à tenir la conférence de Vilnius de septembre 1917, espérant que cela donnerait une légitimité à une alliance avec l’Allemagne. VILNIUS, LITHUANIA - MARCH 11: Celebration of Day Of Restoration Of Independence Of Lithuania on March 11, 2013, Vilnius, LT Stock Photo - Alamy Cela ne s’est pas tout à fait passé ainsi. La conférence a adopté une résolution plus ambitieuse, appelant à un État indépendant et toute relation plus étroite avec l’Allemagne devait être conditionnée à l’acceptation par Berlin de l’indépendance de la Lituanie. Les 214 participants à la Conférence de Vilnius ont également élu un Conseil lituanien de 20 membres pour poursuivre le travail.

Le Conseil a d’abord essayé d’équilibrer ce qui était souhaitable et ce qui était possible. Son premier acte d’indépendance, signé en décembre 1917, prévoyait « une alliance ferme et permanente » avec l’Allemagne, mais la réticence de Berlin à accorder un contrôle effectif exaspérait et faillit diviser le Conseil. C’est dans ces circonstances désespérées que la loi du 16 février 1918 fut signée. Il s’adressait aux «gouvernements de Russie, d’Allemagne et d’autres États» et déclarait un État indépendant et démocratique de Lituanie avec Vilnius comme capitale.

Que s’est-il passé ensuite ?Immédiatement, pas grand-chose. La première tâche du Conseil était de publier la déclaration, que les autorités allemandes avaient l’intention de supprimer. Ils ont saisi la quasi-totalité du tirage du journal du Conseil, Lietuvos Aidas (Echo de Lituanie), mais les Lituaniens ont réussi à faire sortir clandestinement l’acte du pays et à le publier dans des journaux allemands quelques jours plus tard. Cela n’a cependant pas changé la situation sur le terrain, car le pays était toujours sous contrôle allemand ferme. Ce n’est que lorsque l’Allemagne elle-même s’est laissée entraîner dans une révolution et a fait face à une défaite certaine dans la guerre que les Lituaniens ont pu commencer à construire leur propre État, après les principes énoncés le 16 février 1918. La République de Lituanie était indépendant jusqu’en 1940, démocratique jusqu’en 1926 – et quant à la capitale à Vilnius, elle ne s’est concrétisée qu’en 1939.

Que s’est-il passé avec l’Acte d’Indépendance ?

Algimantas Kasparavičius, historien à l’Institut d’histoire lituanien géré par l’État, a déclaré que le Conseil avait probablement produit cinq copies manuscrites de la loi : trois en lituanien, une en allemand et une en russe. L’un des signataires, Jurgis Šiaulys, a apporté deux exemplaires en allemand et en lituanien aux diplomates de Berlin à Kaunas. La copie russe, ainsi qu’une copie lituanienne, se sont vraisemblablement retrouvées au gouvernement russe à Petrograd, selon Kasparavičius, tandis que la dernière copie a dû rester en Lituanie.

Cet exemplaire a probablement été remis à Jonas Basanavičius qui a présidé la réunion historique du Conseil, selon les journaux de l’un des signataires, Petras Klimas. Plus tard, il est probablement allé à la chancellerie du président Antanas Smetona à Kaunas. En 1940, lorsque l’URSS occupa la Lituanie, les archives du président et du ministère des Affaires étrangères furent transférées à Moscou. On ne sait pas si l’acte faisait partie du trésor de documents.

La Lituanie a perdu son document fondateur ?Jusqu’à récemment, la plupart des Lituaniens connaissaient une version dactylographiée de l’Acte d’indépendance de 1918 qui était reproduite dans des manuels et des affiches. Ce n’était pas le document original, avait précédemment déclaré Kasparavičius à LRT, mais celui de 1928, lorsqu’il a été publié pour la première fois à l’occasion du 10e anniversaire de l’indépendance. Jusqu’à très récemment, les originaux manuscrits étaient considérés comme manquants. De nombreux historiens avaient cherché à les trouver et les théories ont proliféré sur ce qui aurait pu se passer. Selon l’un d’eux, Basanavičius a peut-être mis le document dans un livre et l’a oublié. L’une des théories les plus folles soutenait qu’il était caché à l’intérieur d’une ruche et déchiqueté par les abeilles. Des serches ont même été effectuées dans une maison de ville de Vilnius appartenant à Petras Klimas qui a conservé l’acte original à un moment donné. Aucune de ces théories n’a produit de résultats.

La découverte à un million d’eurosAlors que la Lituanie se préparait pour le centenaire de l’indépendance de 1918, un groupe d’entreprises, MG Baltic, a amélioré le jeu en offrant une récompense d’un million d’euros pour le retour de l’acte d’indépendance de 1918 à la Lituanie. L’entreprise avait été mêlée à un méchant scandale de corruption politique, donc en plus de la ferveur patriotique, beaucoup voyaient derrière l’initiative une tentative de purger sa réputation. Quoi qu’il en soit, un politologue peu connu de l’Université Vytautas Magnus de Kaunas a secoué la nation au printemps 2017 en annonçant qu’il avait découvert l’Acte à Berlin. La quête de Liudas Mažylis pour le document était aussi fascinante que simple. Passionné d’histoire, Mažylis a raconté plus tard aux médias comment il avait décidé de passer ses vacances à la recherche du document fondateur de la Lituanie – et les archives de l’État allemand étaient un point de départ naturel.

« J’ai écrit un e-mail aux archives nationales allemandes, indiquant la période et les sujets qui m’intéressaient. J’ai reçu une liste de fichiers qu’ils m’ont dit de consulter – et c’est ce que j’ai fait », a expliqué Mažylis. « Ça m’a pris deux jours. » Il a dit qu’il avait espéré trouver une traduction allemande du document dans les archives du ministère allemand des Affaires étrangères – découvrir une copie lituanienne également a été une agréable surprise.

Nom de familleLa découverte a envoyé un frisson patriotique dans le dos de nombreuses personnes, tandis que les autres se sont demandé si MG Baltic tiendrait sa promesse d’un million d’euros. Mažylis a assuré qu’il n’était pas là pour la récompense, tandis que la société a souligné que la condition était de rendre l’acte d’indépendance à la Lituanie. L’Allemagne n’a pas voulu donner les documents de ses archives et n’a accepté de les prêter à la Lituanie que pendant cinq ans. MG Baltic a utilisé l’argent promis pour la découverte pour créer une fondation pour la recherche historique, tandis que Mažylis est devenu un nom connu. Il animera une émission télévisée et publiera un récit fictif de sa quête de l’acte d’indépendance de la Lituanie. En 2019, il s’est présenté avec succès au Parlement européen avec le parti conservateur de l’Union de la patrie. Pendant ce temps, l’Acte d’Indépendance est actuellement exposé à la Maison des Signataires à Vilnius, dans la même salle où il a été signé par 20 hommes il y a 102 ans.