Francisco de Goya : du peintre de cour au génie visionnaireParfois appelé le père de l’art moderne, l’artiste espagnol Francisco de Goya (1746-1828) a peint des portraits royaux ainsi que des œuvres plus subversives à la fin des années 1700 et au début des années 1800.Enraciné dans le XVIIIe et le XIXe siècles, l’art de Goya paraît se métamorphoser sous nos yeux. Les œuvres de sa première période sont celles d’un peintre d’Ancien Régime tandis qu’après 1792, l’artiste, témoin des horreurs et des désillusions, s’abandonne à son génie propre, que son art transcende en visions fantastiques.Qui était Francisco de Goya ?Peintre célèbre de son vivant, Francisco de Goya a commencé ses études d’art à l’adolescence et a même passé du temps à Rome, en Italie, pour perfectionner ses compétences. Dans les années 1770, Goya a commencé à travailler pour la cour royale espagnole. En plus de ses portraits commandés de la noblesse, il a créé des œuvres qui critiquaient les problèmes sociaux et politiques de son époque.Premières annéesFrancisco de Goya est né le 30 mars 1746 à Fuendetodos, en Espagne. Fils d’un florin, Goya passe une partie de sa jeunesse à Saragosse. Là, il a commencé à étudier la peinture vers l’âge de quatorze ans. Il était l’élève de José Luzán Martínez. Au début, Goya a appris par imitation. Il a copié les œuvres de grands maîtres, s’inspirant des œuvres d’artistes tels que Diego Rodríguez de Silva y Velázquez et Rembrandt.Plus tard, Goya a déménagé à Madrid, où il est allé travailler avec les frères Francisco et Ramón Bayeu y Subías dans leur studio. Il chercha à poursuivre ses études artistiques vers 1770 en voyageant en Italie. À Rome, Goya y étudie les œuvres classiques. Il soumet un tableau à un concours organisé par l’Académie des Beaux-Arts de Parme. Alors que les juges ont aimé son travail, il n’a pas remporté le premier prix
Les Désastres sont l’évocation, mi- réaliste mi fantasmée, des atrocités commises pendant l’invasion et l’occupation de l’Espagne par les troupes napoléoniennes, à partir de 1808. Pour la première fois dans l’art occidental, la cruauté et l’horreur des actions humaines sont montrées sous l’éclairage le plus direct, sans la moindre transposition sur le mode héroïque ou poétique. Deux grandes toiles, La Charge des Mameluks, le 2 mai 1808 et Les Fusillades, le 3 mai 1808, commémoreront aussi ces tragiques événements. La seconde deviendra une des icônes majeures de la peinture occidentale et le symbole universellement admiré du martyre des peuples opprimés.Voyage au bout de la nuitAprès le départ des Français, le retour de Ferdinand VII sur le trône d’Espagne s’accompagne d’une grande vague de répression contre les Libéraux. Goya, désormais âgé, sourd, s’éloigne de la cour et de l’Académie, gagné par un pessimisme amer, que son art transcende en visions fantastiques. En 1819, il s’installe dans une nouvelle demeure à l’extérieur de Madrid, la Quinta del Sordo (la maison du Sourd), dont il décore les murs d’extraordinaires Peintures noires : visions désespérées d’une humanité irrémédiablement vouée à l’ignorance et à la superstition, à la violence aveugle et au mal, peintes dans un style aux déformations effroyables, expressionniste un siècle avant la lettre.La restauration de l’absolutisme en 1823 lui fait craindre pour sa liberté. Sous le prétexte d’aller faire une cure à Plombières, il s’exile à Bordeaux, où il passe les quatre dernières années de son existence, accompagné de la jeune Leocadia Zorilla, entrée dans sa vie après la mort de son épouse. À plus de 80 ans, Goya n’a rien perdu de ses capacités artistiques et il continue d’expérimenter. D’ultimes chefs-d’œuvre, comme les quatre lithographies de tauromachies, les petites peintures sur ivoire ou encore la toile radieuse, pré-impressionniste dite La Laitière de Bordeaux témoignent de cette créativité intacte et de la puissance d’un art qui rayonne loin devant lui. Parce qu’il prend acte de la réalité, y compris la plus noire, de la façon la plus directe, et parce qu’il plonge dans les abîmes de l’âme humaine dont il révèle la part d’irrationnel et de folie, l’art de Goya semble en effet éclairer tout le siècle à venir et anticiper sur les grands courants de la modernité.Le talent de Goya devient évident pour l’aristocratie royale de cette époque et il devient par conséquent peintre de la cour en 1786. Il atteint alors le sommet de sa carrière, certaines de ses célèbres œuvres réalisées au cours de cette période comprennent Le Duc et la Duchesse d’Osuna, Les portraits du Roi Charles IV et Le Comte de Floridablanca. La noblesse espagnole se prend d’affection pour le peintre et lui commande des centaines de portraits, notamment de la Duchesse d’Albe, du 9e Duc d’Osuna, du 15e Duc de Medina Sidonia et de la Marquise de Pontejos. Cependant, l’artiste développe une maladie entre 1792 et 1793 qui le rend sourd, il se renferme et se retire de la société. Parmi ses peintures religieuses, l’artiste sourd entreprend une série de peintures sombres expérimentales publiées en 1799 sous le titre Les Caprices.La carrière de peintre de Goya décline après l’invasion française de l’Espagne, la réappropriation des terres par le nouveau roi espagnol Ferdinand VII n’améliore pas sa situation puisque le roi n’apprécie pas particulièrement son travail. Ses œuvres réalisées après l’invasion française incluent Les Désastres de la Guerre, La Charge des Mamelukes, Santa Justa, Santa Rufina et les Peintures noires. Après cette période, Goya devient plus méfiant vis-à-vis de la royauté espagnole. Il déménage à Bordeaux où il succombe d’une crise cardiaque en 1828, laissant derrière lui une collection de peintures qui restent évocatrices et poignantes encore aujourd’hui.
Chronologie1746 Né Francisco José de Goya y Lucientes le 30 mars 1746 à Fuendetodos, Espagne
1760 Apprentissage chez Jose Luzan, un peintre local
1773 Épouse la sœur du peintre de la cour, Francisco Bayeu, auprès duquel il a été formé à Madrid.
1775 Il peint des cartons (dessins) pour la manufacture royale de tapisserie de Madrid jusqu’en 1792.
1780 Il est élu membre de l’Académie royale de San Fernando, à Madrid.
1785 Nommé directeur adjoint de la peinture à l’Académie royale de San Fernando1786 Nommé peintre du roi Charles III
1789 Nommé peintre de la cour
1792 Une maladie le rend définitivement sourd
1795 Directeur de la peinture à la Royal Academy jusqu’en 1797.
1799 Publie les Caprichos1808 Charles IV et son fils Ferdinand sont contraints d’abdiquer l’un après l’autre, le frère de Napoléon, Joseph, est placé sur le trône, mais Goya conserve son poste de peintre de la cour.
1814 Ferdinand VII est rétabli sur le trône après l’expulsion des envahisseurs et Goya est gracié pour avoir servi le roi de France.
1824 S’exile volontairement en France.
1828 Décède le 16 avril à Bordeaux
Peintre et graveur romantique espagnol, Francisco de Goya (1746-1828)Francisco José de Goya y Lucientes, dit Francisco de Goya, né le 30 mars 1746 à Fuendetodos, près de Saragosse, et mort le 16 avril 1828 à Bordeaux, en France, est un peintre et graveur espagnol. Son œuvre est le reflet des bouleversements qui ont marqué son époque. Sa série d’eaux-fortes « Les Désastres de la guerre » dénoncent l’invasion napoléonienne. Ses tableaux les plus marquants, tels la « Maja vestida », la « Maja desnuda » et la « Pradera de San Isidro » ont exercé une grande influence sur les peintres des 19e et 20e siècles.