La Marseillaise est reconnue et devenue l’hymne national de la République françaiseLa Marseillaise : un chant de guerre devenu hymne nationalAllons Enfants de la patrie, Le jour de gloire est arrivé…La surprenante histoire aussi méconnue qu’invraisemblable de La MarseillaiseL’un des hymnes les plus intemporels de l’Histoire n’est pas né à Marseille. Contrairement à ce que l’on croit souvent, et encore moins en 1789. S’il est bien l’œuvre d’un Français (c’est déjà ça), c’est en Alsace qu’il prend naissance pendant la guerre contre l’Autriche.
La Marseillaise est à l’origine un chant patriotique créé par Claude Joseph Rouget de Lisle en avril 1792. Créé à Strasbourg, ce chant est initialement celui de l’armée du Rhin. [Claude Joseph Rouget de Lisle (1760-1836) un officier français du génie, poète et auteur dramatique, se serait inspiré, pour les paroles, d’une affiche apposée sur les murs de la ville de Strasbourg par la Société des amis de la Constitution.] Il naît dans un contexte difficile, suite à la déclaration de guerre de la France à l’Autriche. C’est donc un chant guerrier qui vise à exalter l’élan patriotique («Aux armes citoyens»), ce qui explique des paroles très dures, voire violentes («qu’un sang impur abreuve nos sillons»).À l’origine, ce chant ne porte pas le nom de Marseillaise mais celui de Chant de guerre pour l’armée du Rhin, puis Chant de marche des volontaires de l’armée du Rhin. Le nom de Marseillaise arrive un peu plus tard lorsque le docteur Mireur, chargé d’organiser la marche conjointe des volontaires du Midi vers le nord de la France, chante une première fois les paroles de Rouget de Lisle devant le club des amis de la Constitution de Marseille. Le contexte patriotique qui règne alors dans la ville explique la réception très favorable de ce nouveau chant. Celui-ci est immédiatement publié par le Journal des départements méridionaux le 23 juin 1792, mais sous un nouveau titre: Chant de guerre des armées aux frontières. Popularisé dans le Sud du pays, le chant est repris par les volontaires marseillais lors de leur défilé à Paris le 30 juillet 1792 et c’est la foule parisienne qui, spontanément, le rebaptise La Marseillaise.Le succès de La Marseillaise est tel qu’elle est reconnue le 14 juillet 1795 comme l’un des «airs et chants civiques qui ont contribué au succès de la Révolution», avant d’être interdite par Napoléon pendant près de trente ans! La deuxième révolution de 1830 la remet sur le devant de la scène, avant qu’elle ne soit décrétée hymne national sous la troisième République (1879). Son passage à la postérité était assuré. Et pourtant, il n’existait encore aucune version officielle de La Marseillaise, ce qui provoquait régulièrement de jolis désordres musicaux lors de son exécution.
Son statut d’hymne national a été confirmé dans les constitutions de 1946 et de 1958 (article 2). Un temps délaissé, ce chant revient actuellement en force en tant que symbole républicain, au même titre que le drapeau national.
La marseillaise ; un hymne national disputéLa véritable histoire derrière la MarseillaiseLa Marseillaise est choisie comme hymne national françaisLe 20 avril 1792, la France révolutionnaire déclare la guerre au roi d’Autriche. L’enthousiasme s’exprime par des Chants martiaux mais aucun n’est commun à tous les régiments et adapté à cette situation. Au cours d’un banquet d’officier, le maire de Strasbourg, Dietrich, regrette cette absence devant un jeune capitaine du génie, Claude Joseph Rouget de Lisle alors en garnison dans la ville. Poète et musicien Rouget de Lisle compose dans la nuit du 25 au 26 avril 1792 la musique et les paroles de ce qu’il appelle le « chant de guerre pour l’armée du Rhin ». Les paroles du chant de Rouget de Lisle sont largement inspiré des discours patriotique et des proclamations affichés sur les murs de la ville : citoyens… aux armes… marchons… formant des bataillons… contre la tyrannie des rois… Patrie…correspondaient exactement à ce que ressentait les citoyens français de 1792. Bien qu’adhérant aux idées nouvelles, Rouget de Lisle reste attaché « à la Nation, à la Loi et au Roi » sera incarcéré durant la terreur. Le 21 juin 1792 François Mireur, un jeune médecin engagé volontaire dans le bataillon de l’Hérault est délégué à Marseille pour organiser le départ sur Paris de 2 contingents : celui de Montpellier et celui de Marseille. Dans un local de la rue Thubaneau à Marseille, Mireur enthousiasme son auditoire par le lyrisme patriotique de son discours, puis il chante cette chanson de Rouget de Lisle, encore inconnue, avec tant de flamme qu’elle sera adopté par le bataillon des Marseillais comme Chant de Marche. Cette musique militaire entraînante eut un succès immédiat auprès des citoyens-soldats venant de la France entière.C’est un régiment de Marseillais qui, le premier, entra dans la capitale en chantant l’œuvre de Rouget de Lisle. La population de la capitale a vite fait de la surnommer « marche des Marseillais », puis, plus brièvement, « La Marseillaise ». Promoteur de notre hymne national, François Mireur deviendra général et mourra assassiné en 1798 au cours de l’expédition d’Égypte. Le 21 juin 1792 Mireur n’avait chanté que six couplets de la future Marseillaise. En effet, l’abbé Pessonneaux, un prêtre jureur qui enseignait dans un collège de Vienne, en Isère, devait en ajouter un septième dès juillet 1792, qui allait passer à la postérité ; c’est le fameux couplet des Enfants : “ nous entrerons dans la carrière…” Cette année-là, François-Joseph Gossec orchestre la Marseillaise et l’intègre à « Offrande à la liberté ». Elle fut jouée dans divers théâtres avec un tel succès qu’elle fut choisie par la Convention en 1793 comme hymne officiel, la Convention thermidorienne la décréta « chant national » de la France le 14 juillet 1795 (26 messidor an III). Banni sous l’Empire et la restauration, on entendit de nouveau « La Marseillaise » lors des journées révolutionnaires de 1830. Elle ne redevint hymne national qu’avec le triomphe définitif de la République en 1879. Le 1er février 1879 la Marseillaise est choisie par l’Assemblée Nationale puis il devient hymne national français par décret le 14 février 1879.Malgré les oppositions monarchistes, La Marseillaise devient officiellement hymne national le 14 février 1879. C’est le bon moment : le chant s’installe dans le paysage sonore officiel d’une République qui, dans son décorum et ses nombreux rituels, rêve de s’enraciner dans le quotidien, en particulier à partir de 1880, lorsque le 14 juillet est choisi comme jour de fête nationale. En 1882, la ville natale de Rouget de Lisle érige une statue en son honneur. La version officielle de l’hymne est adoptée en 1887 par le ministère de la Guerre et, en 1889, lors du centenaire de la Révolution puis lors de l’Exposition universelle de 1900, La Marseillaise devient le chant par excellence de la République française telle qu’elle se présente au monde. Outil du consensus républicain, La Marseillaise doit perdre ses connotations révolutionnaires, mais être interprétée avec ferveur et obéissance. Chanter le refrain devient une forme de prestation de serment au régime. De plus en plus considérée comme le chant officiel d’une citoyenneté inculquée par le biais d’un roman national, La Marseillaise est certes encore souvent chantée dans les mouvements ouvriers, mais ceux-ci cherchent d’autres sons fédérateurs. Ils ressuscitent la Carmagnole avant de trouver dans L’Internationale les paroles de la radicalité et du ralliement universel : au début du XXe siècle, celle-ci s’impose réellement dans les organisations ouvrières et les congrès socialistes. Délestée de sa charge critique, La Marseillaise devient un élément central de la pédagogie républicaine : en 1911, le ministre de l’Instruction publique rend son apprentissage obligatoire à l’école.Pendant la Première Guerre mondiale, elle est un des instruments privilégiés de l’« Union sacrée » et de la propagande qui l’entoure. Le 14 juillet 1915, les cendres de Rouget de Lisle sont transférées aux Invalides. La dimension émancipatrice de La Marseillaise s’efface complètement derrière les accents combattants : le président Raymond Poincaré célèbre ainsi le « cri de vengeance et d’indignation d’un peuple qui non plus qu’il y a cent vingt-cinq ans ne pliera le genou devant l’étranger ». Au lendemain de la guerre, la radicalisation politique et l’essor du communisme mettent une nouvelle fois La Marseillaise sous le feu des critiques, même si en Russie, lors de la révolution d’octobre 1917, les bolcheviks en ont fait un de leurs hymnes, avant d’adopter L’Internationale. En 1931, c’est en partie au son de La Marseillaise que la IIe République est proclamée en Espagne. En France, s’il est honoré par les anciens combattants et par la Chambre « bleu horizon », l’hymne est de plus en plus revendiqué par les ligues patriotiques et par la droite nationaliste, qui le chante lors de l’émeute du 6 février 1934. Les communistes français s’en détournent alors avec encore plus de force. Mais en 1936, le Front populaire incite ces derniers à refuser désormais que les symboles venus de la Révolution française soient ainsi détournés. Le 27 juin 1936, Maurice Thorez affirme : « La Marseillaise a exprimé et exprimera toujours, comme L’Internationale, la grande cause de l’émancipation humaine. » Un des symboles de cette renaissance, c’est le film La Marseillaise de Jean Renoir (1938), relatant les débuts de la Révolution française du point de vue de modestes Marseillais. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les antagonismes anciens ressurgissent : l’hymne est prohibé par le régime de Vichy, dont la « révolution nationale » préfère Maréchal, nous voilà !… même si, en zone Sud, les deux chants cohabitent de fait. Si le Chant des partisans, composé en 1943, deviendra par la suite l’hymne des résistants, La Marseillaise est régulièrement chantée dans le maquis, avant de s’imposer lors de la libération de Paris. En 1958, l’article 2 de la Constitution de la Ve République rappelle son statut d’hymne national.La véritable histoire derrière la MarseillaiseEn 1792, les flammes de la révolution allumées à Paris avaient englouti la nation. La ferveur révolutionnaire et la fureur du peuple contre la monarchie avaient atteint un crescendo. Des forces étrangères se profilaient au-dessus des frontières, menaçant d’écraser ces voix provocantes. C’est à un tel moment, lors d’une nuit d’orage, qu’un simple soldat a écrit une chanson qui est devenue la plus grande force inspirante de la révolution. C’est l’histoire de cette chanson émouvante, « La Marseillaise ».
Les événements majeurs menant à la création de la chanson révolutionnaire ont été frénétiques. Le peuple avait pris la Bastille en juillet 1789 ; en août 1789, la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen est faite et, en octobre 1789, une foule de Parisiens en colère attaque le château de Versailles, transférant de force la famille royale au palais des Tuileries. L’Assemblée nationale constituante formée en juillet 1789 était une tentative de compromis de partage des pouvoirs exécutif et législatif entre le roi et l’assemblée. Mais cet arrangement fut de courte durée, car Louis XVI, étant un dirigeant faible à la demande de ses conseillers aristocratiques, n’était pas très enclin à accepter des réformes et à partager la gouvernance avec les nouvelles autorités.Le plan de Louis pour s’échapper de Paris déguisé avec sa reine Marie-Antoinette et ses enfants en juin 1791 fut contrecarré, et il fut capturé à Varennes et ramené à Paris. Cet acte désastreux, considéré comme une trahison et une trahison, a encore érodé la foi du peuple dans la monarchie et a ouvert la voie aux radicaux pour prêcher l’abolition de la monarchie et l’établissement d’une République.
Désormais, le roi est à la merci de l’Assemblée législative qui remplace la Constituante en septembre 1791. Son seul espoir réside désormais dans une intervention étrangère. Pendant ce temps, hors de France, la révolution attire les sympathies de ceux des pays voisins qui souhaitent voir un changement dans le régime de la monarchie absolue. Les contre-révolutionnaires, formés pour la plupart de royalistes qui avaient fui la France, ont demandé de l’aide aux dirigeants européens. Les dirigeants ont d’abord été indifférents à la situation explosive en France, puis prudents mais finalement alarmés lorsque l’Assemblée en France a déclaré un principe révolutionnaire de droit international, affirmant que le peuple avait le droit à l’autodétermination.Le frère de Marie-Antoinette, le roi d’Autriche et empereur romain germanique Léopold II, avait hâte de venir au secours de sa sœur et de son beau-frère. Il rallia le roi de Prusse et publia ensemble la déclaration de Pillnitz en août 1791, appelant les autres souverains à se donner la main et à rétablir par la force le roi Louis XVI sur son trône. La Prusse et l’Autriche forment une alliance défensive en février 1792. Dans l’espoir que des armées étrangères pourraient le secourir, et sous la pression de l’Assemblée, Louis accepte de donner son assentiment à une politique agressive. L’atmosphère politique étant désormais chargée, la France déclara la guerre à la monarchie autrichienne des Habsbourg le 20 avril 1792. La Prusse rejoignant l’Autriche en quelques semaines, les lignes de bataille furent tracées.
Claude Joseph Rouget de Lisle était un jeune soldat de l’armée française basé à Strasbourg. Il aimait la musique et le théâtre et avait du talent pour la poésie et l’écriture. Le 25 avril 1792, il assiste à un banquet offert par le maire de Strasbourg. Les discussions autour de la table tournent rapidement autour de la guerre, la menace imminente d’une invasion étrangère par une coalition de puissances, et on dit qu’il faut un chant patriotique pour éveiller le peuple dans la lutte pour la défense de la patrie. Dans un accès d’excitation, Rouget de Lisle se rendit à son logement cette nuit-là et, avec son violon à ses côtés, composa les paroles et la mélodie d’une chanson – en une heure, selon la légende – intitulée « Le Chant de Guerre de l’Armée du Rhin ». » (Chant de guerre pour l’armée du Rhin).
La chanson aux paroles puissantes et à la mélodie évocatrice a été écrite comme un appel aux armes pour mobiliser le peuple contre la tyrannie et une invasion autrichienne. Le célèbre refrain dit « Aux Armes Citoyens, formez vos bataillons ! Marchons, marchons ! Qu’un chantait impur, abreuve nos sillons ! (Prenez les armes, citoyens, formez vos bataillons ! Marchez, marchez ! Arrosons nos champs de leur sang impur.) Elle enflamma aussitôt l’imagination du peuple. Il a d’abord été publié et chanté par un jeune volontaire (fédéré), François Mireur, lors d’un rassemblement à Marseille où les révolutionnaires se préparaient à une marche vers le palais des Tuileries à Paris. La chanson a inspiré les troupes, et ils ont décidé de l’utiliser comme chant de marche. Lorsqu’ils arrivèrent à Paris le 30 juillet 1792, la chanson retentissant de leurs lèvres, elle électrisa la capitale, devenant connue sous le nom de «La Marseillaise».
«La Marseillaise» devient le chant de ralliement de la révolution. En Alsace, où l’allemand était largement parlé, une version allemande («Auf, Brüder, auf dem Tag entgegen») est sortie en octobre 1792. Elle a été proclamée hymne national par un décret du 14 juillet 1795, Le premier hymne français. En Russie, il a été utilisé comme hymne révolutionnaire républicain dès 1792 par ceux qui connaissaient le français et a été utilisé comme hymne non officiel après la révolution de 1917. La chanson originale avait six couplets – un septième était un ajout ultérieur. Cependant, dans la pratique courante, seuls les premier et sixième couplets sont chantés.
« La Marseillaise » a pourtant été mêlée de polémiques dès sa création. L’interprétation des paroles a varié au fil du temps. Il était parfois considéré comme anarchiste et même raciste. On pense que les mots controversés «Sang Impur» font référence au «nettoyage» de ceux qui ont une lignée française impure. Les interprétations modernes de la chanson l’ont souvent associée à l’héritage colonial français et à l’extrême droit. Il a souvent été jugé inconfortable et inapproprié, beaucoup appelant à une révision des mots. Quelques semaines après sa rédaction, son compositeur, De Lisle, est jeté en prison, soupçonné d’être royaliste. La chanson fut interdite par Napoléon Bonaparte sous l’Empire et par Louis XVIII sous la Seconde Restauration (1815) en raison de ses racines révolutionnaires. La révolution de juillet 1830 a rétabli la chanson, mais elle a de nouveau été interdite par Napoléon III, puis restaurée comme hymne en 1879 – et le reste aujourd’hui.
Au lendemain des attentats terroristes en France, la chanson a de nouveau assumé une nouvelle identité et s’est avérée toujours pertinente et puissante pour galvaniser les gens, alors que des millions de personnes dans le monde ont manifesté leur solidarité avec la France en chantant « La Marseillaise ». C’est, comme le souligne l’historien Simon Schama, un « grand exemple de courage et de solidarité face au danger ». La chanson est aujourd’hui un symbole de la France, unie au monde, combattant une nouvelle forme de tyrannie-terrorisme par-delà les frontières.« Aux armes, citoyens ! Aux fourches, paysans !
Jette-là ton psautier pour les agonisants,
Général, et faisons en hâte une trouée »
1 février 1879. – La Marseillaise devient l’hymne national de la République.