La biologiste qui avait prédit la catastrophe écologique à venir, «Printemps silencieux » Biologiste marine, environnementaliste et écrivaine américaine, Rachel Carson (1907 – 1964) a été l’une des premières voix à alerter sur les dangers de l’usage excessif des pesticides et du DDT en particulier. Icône de l’écologie, figure phare aux États-Unis, Rachel Carson a marqué l’histoire de son pays. On dit de son livre « Silent spring » sorti avec fracas en septembre 1962 qu’il fut, après « La case de l’oncle Tom » celui qui provoqua une remise en question majeure de la société américaine. Dans cet ouvrage choc, la biologiste de renom dénonçait les méfaits terribles de l’utilisation inconsidérée des pesticides et autres produits chimiques ! Il s’agit d’une enquête de plus de vingt ans menée par Rachel Carson et étayée de nombreux rapports et études de scientifiques, un cri d’alarme que cette femme, déjà connu pour ses ouvrages sur le monde marin et la pollution environnementale, décida de lancer en son temps. Face à elle, les lobbies de l’agro-industrie et les scientifiques pris dans cette science de la chimie réagirent avec violence.
Fille de Maria Frazier et de Robert Warden Carson, vendeur d’assurances, Rachel Louise Carson naît le 27 mai 1907 dans la ferme familiale, à proximité de Springdale en Pennsylvanie, au nord-est des États-Unis. Petite fille curieuse et passionnée de nature, elle emploie souvent ses heures de liberté à explorer et observer les environs de la ferme, notamment champs et forêts.Rachel Carson espère alors poursuivre ses études par un doctorat, mais la situation financière difficile de sa famille l’oblige à quitter l’université et à travailler comme enseignante. En parallèle, elle écrit des textes pour le United States Bureau of Fisheries, qui lance une émission de radio de vulgarisation scientifique à destination du grand public, Romance Under the Waters. Ses recherches pour l’émission aboutissent également à des articles au sujet de la vie marine, publiés dans des journaux locaux.Des écrits qui, comme l’émission, rencontrent un certain succès. En 1936, Rachel passe le concours de la fonction publique et devient la deuxième femme embauchée par le Bureau of Fisheries, comme biologiste marine assistante. Son nouveau travail comprend une partie scientifique, avec l’analyse de données sur les populations de poissons, et une partie toujours axée vers la médiation scientifique avec la rédaction de brochures et d’articles pour le grand article. Malgré le fait qu’elle occupe désormais un emploi stable, sa situation financière reste compliquée ; le décès de son père en 1935 puis de sa grande sœur en 1937 lui laissent la responsabilité de s’occuper seule de sa mère et de deux nièces.
Cette mer qui nous entoureEn 1941, après des années d’écriture basées sur un projet de brochure pour le Bureau of Fisheries, Rachel Carson publie aux éditions Simon & Schuster son premier livre, Under the Sea-Wind (Sous le vent marin), qui décrit le comportement et la vie d’animaux marins et de poissons, selon leur point de vue. Bien qu’il se vende mal, le livre reçoit d’excellentes critiques. Ses articles, en revanche, connaissent un certain succès. En 1945, Rachel s’intéresse pour la première fois au DDT, produit chimique massivement utilisé comme pesticide depuis la Seconde Guerre mondiale. A ce moment-là, cependant, le sujet ne retient pas l’attention des éditeurs et la scientifique travaille sur d’autres projets d’écriture. En 1949, elle devient rédactrice en chef des publications du Bureau of Fisheries devenu US Fish and Wildlife Service. L’année suivante, Rachel publie The Sea Around Us, Cette mer qui nous entoure, une suite de son premier livre qui se penche sur le fonctionnement de la vie océanique. Le livre rencontre, cette fois-ci, un immense succès, public et critique : resté dans la liste des meilleures ventes du New York Times pendant 86 semaines, il reçoit le National Book Award et la médaille John Burroughs. Les droits lui sont rachetés pour la réalisation d’un documentaire, une expérience que, mécontente du produit final, elle ne réitérera pas. Son premier livre est réédité et finit par se vendre. Finalement à l’abri financièrement, Rachel quitte son poste en 1952 pour se consacrer à l’écriture.Défenseuse de l’environnementEn 1955, Rachel Carson publie le troisième volume de sa trilogie consacrée à la mer, The Edge of the Sea, qui se penche sur les écosystèmes des littoraux, notamment ceux de la côte Est des États-Unis. En 1957, l’une des deux nièces de Rachel décède, laissant derrière elle un orphelin de cinq ans. La scientifique adopte le garçon et déménage dans le Maryland pour s’occuper de lui, et de sa mère. Parmi d’autres projets, d’écriture ou de programmes destinés à la télévision, l’écrivaine scientifique s’intéresse de plus en plus étroitement à l’écologie. Elle rejoint des groupes de protection de l’environnement, réfléchit à un projet éditorial et s’implique dans des initiatives visant à contrer des menaces contre la nature. Rapidement, Rachel concentre son attention sur les projets d’utilisation massive de pesticides, dans le cadre notamment de la lutte contre les fourmis de feu.Printemps silencieux et le DDT
Elle a défié seule l’industrie chimique : en 1962, Rachel Carson changeait la face de l’écologie en publiant "Printemps silencieux". #CulturePrime pic.twitter.com/uqiXpmw1fp
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Pour lutter contre les fourmis de feu, le programme d’éradication du département de l’Agriculture impliqué un épandage aérien massif de DDT et d’autres pesticides, sur des terrains publics mais également privés. Un bras de fer s’amorce alors avec des propriétaires de Long Island et d’ailleurs qui refusent l’épandage, et lancent des poursuites judiciaires pour y mettre un terme. Rachel Carson est alors engagée par la Société nationale Audubon, un organisme environnemental, pour enquêter sur les méthodes d’épandage et leurs effets sur l’environnement. Rachel se documente intensément, collecte des études de scientifiques, mène des entretiens, rencontre des chercheurs en médecine, utilise ses relations avec des scientifiques pour obtenir des informations confidentielles. En 1959, elle publie un article dans The Washington Post liant utilisation massive de pesticides et diminution de la population d’oiseaux. L’année suivante, Rachel avance sur ses recherches et l’écriture d’un livre, mais on lui découvre un cancer du sein qui nécessite une opération. D’autres problèmes de santé retardent son travail, et c’est en 1962 que paraît Printemps silencieux, un ouvrage qui accuse les pesticides, et en particulier le DDT, d’avoir des effets nocifs sur la biodiversité et la santé ; elle pointe ainsi des doigts l’impact négatif de l’être humain sur son environnement. Sans demander l’interdiction du DDT, elle appelle à une utilisation responsable des pesticides et à une approche biologique.Malgré des oppositions et des pressions, le livre paraît comme prévu. Il rencontre des oppositions, mais Rachel a sollicité l’avis d’experts sur l’ensemble de ses chapitres et la plupart de la communauté universitaire, tout comme le grand public, la soutient. La controverse arrive sur le devant de la scène. L’année suivante, Rachel témoigne devant le Science Advisory Committee du président Kennedy, puis devant une sous-commission du Sénat. Elle donne des discours, apparaît à la télévision, bien que sa santé se détériore rapidement et lui impose le repos.Postérité
En 1964, Rachel Carson, affaiblie par le cancer et par la radiothérapie, contracte un virus respiratoire. Elle meurt en avril, âgée de 56 ans. Son œuvre, et en particulier Printemps silencieux, ont une influence considérable sur les mouvements et associations de protection de l’environnement. Traitée de « défenseur fanatique du culte de l’équilibre de la nature », ou encore de « femelle hystérique et émotive » par ces tenants de l’industrie chimique, elle subit les pires attaques et calomnies. Mais la vérité de ces écrits eut gain de cause, et elle finit même par obtenir l’interdiction du fameux DDT en Amérique. Aux États-Unis, une Agence de protection de l’environnement est créée en 1970. En 1972, le DDT finalement, y est progressivement interdit.
Rachel Carson (1907-1964)Rachel Louise Carson était une biologiste marine américaine, écologiste et écrivain bien connue pour ses écrits sur la pollution de l’environnement et l’histoire naturelle de la mer. Intégrée dans tous les écrits de Carson, il y avait l’idée que les êtres humains n’étaient qu’une partie de la nature qui se distinguait principalement par leur pouvoir de la modifier, dans certains cas de manière irréversible. Perturbée par l’utilisation excessive de pesticides chimiques synthétiques après la Seconde Guerre mondiale, Carson a changé d’orientation à contrecœur afin d’avertir le public des effets à long terme d’une mauvaise utilisation des pesticides. Dans son livre, Silent Spring (1962), elle a contesté les pratiques des scientifiques agricoles et du gouvernement, et a appelé à un changement dans la façon dont l’humanité perçoit le monde naturel.
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