L’extraordinaire destin de Victoria Woodhull « Ce n’est pas la grande richesse de quelques individus qui prouve qu’un pays est prospère, mais bien la richesse équitablement distribuée entre les gens…. J’ai demandé l’égalité rien d’autre… » Victoria WoodhullPeu de gens le savent, mais la première femme candidate à la Maison-Blanche s’appelait Victoria Woodhull (1838-1927). Le 10 mai 1872, Victoria Woodhull est nommée candidate à la présidence des États-Unis lors d’une convention organisée par les mouvements pour le droit de vote des femmes. Une première dans l’histoire du pays.Victoria Woodhull naît le 23 septembre 1838 dans l’Ohio, issue d’une famille pauvre. Elle est le 7e poussin d’une famille de 10 enfants et s’est réellement construite elle-même. Son père est un escroc, sa mère une servante et elle se découvre un talent pour la voyance. A l’époque le spiritisme est très répandu. Victoria Woodhull a 15 lorsque son médecin Canning Woodhull en tombe éperdument amoureux. Après quelques mois, elle se marie. Avec Canning, ils auront deux enfants, dont un retardé mentalement.Le 5 novembre 1872, Victoria Carlin Woodhull, 34 ans, le passe en prison. Une anecdote de plus dans une vie foisonnante, faite d’incroyables hauts et bas. Mais la date est d’importance : ce jour-là, les Etats-Unis vivent leur vingt-deuxième élection présidentielle. Ils rééliront Ulysses E. Grant, qui avait accédé à la Maison-Blanche après avoir commandé l’armée nordiste sous la présidence d’Abraham Lincoln. On ignore le nombre de suffrages recueillis par Victoria Woodhull : elle était inéligible, non pas parce qu’elle était une femme, mais parce qu’elle n’avait pas les 35 ans requis. Elle a pourtant bel et bien été nommée candidate – par le parti qu’elle a elle-même fondé, l’Equal’s Right Party, le 10 mai 1872. Le colistier proposé à la vice-présidence est l’abolitionniste et esclave affranchi Frederick Douglass, lui-même n’ayant toutefois jamais accepté cette nomination. Le jour J, donc, la première candidate féminine se trouve derrière les barreaux, pour une affaire sur laquelle nous reviendrons. Ce même 5 novembre, une compatriote, Susan B. Anthony, est jetée en prison pour avoir osé voter. Il faudra attendre près de cinquante ans pour que les citoyennes américaines obtiennent le droit de vote, en 1920.Féministe dans l’âme, et grande pionnière Victoria Woodhull mène de nombreux combats. Elle essaye, par exemple, de promouvoir des vêtements confortables pour les femmes. A l’époque, cela fait scandale. Elle est une des premières femmes à plaider ouvertement pour des jupes plus courtes, pour que cela ne traîne pas la boue, par exemple. Elle aussi la première femme à s’exprimer devant le parlement américain. Elle donne une conférence pour le comité judiciaire et c’est la première femme à le faire, ce qui la donne favorite pour toutes les suffragettes. Elle y exprime l’idée que tous les citoyens peuvent voter, alors pourquoi pas les femmes ? Elle se fera d’ailleurs rabrouer par un citoyen qui lui répond lors de cette réunion, « vous n’êtes pas un citoyen américain parce que vous êtes une femme », ce à quoi elle rétorque « les pères fondateurs qui ont fait la constitution n’ont jamais parlé d’hommes ou de femmes, chaque personne est un citoyen américain ».Sans langue de bois Victoria Woodhull est aussi une très bonne oratrice. Elle avait un charme charismatique et a rapidement séduit les foules. Pour elle, les États Unis vont très mal et elle pense qu’une femme doit être à la tête du pays. Elle considère donc qu’il faut rentrer en politique pour parler de ses idées et surtout se faire entendre. Elle crée son propre journal, » Woodhull and Claflin’s weekly. » Un journal assez virulent, sans langue de bois, où elle dénonce des situations, des hommes, ce qui lui vaut des procès et même des journées au cachot. Dans son journal, elle défend des idées de communisme et de Karl Marx. Elle traduit et publie même le manifeste du parti communiste. Elle annonce son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 1872. Et ce malgré le fait que les femmes américaines n’aient pas le droit de vote, et bien qu’elle n’ait pas l’âge minimum fixé à 35 ans, elle en a 34 à l’époque. Au cours de ses meetings qui réunissent des milliers de personnes, Victoria Woodhull réclame l’égalité dans tous les domaines entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs. Elle ose aussi revendiquer le droit à l’amour libre.Dans son journal, elle dénonce notamment les adultères d’un pasteur virulent pourfendeur de l’amour libre qui selon lui met en danger la famille traditionnelle et la religion. Malheureusement, les bulletins en faveur de Victoria Woodhull ne seront jamais décomptés et le score obtenu par la première candidate à l’élection présidentielle américaine restera inconnu à jamais.Mais cette pionnière est surtout connue pour son militantisme féministe. Elle se bat pour le droit de vote des femmes et l’amour libre. Elle réclame que les femmes puissent choisir par exemple son mari, chose impossible dans cette Amérique du XIXe siècle où les femmes étaient assujetties aux hommes. Ses positions font scandale. Combien de votes obtint-elle le jour de scrutin ? L’histoire ne l’a pas retenu, tout comme elle semble avoir oublié son nom…Activiste des droits civiques et la première femme à se présenter à la présidence des États-Unis en 1872 dans le cadre du Parti de l’égalité des chances.Woodhull était une militante importante pour les droits des femmes, les réformes du travail et la liberté de se marier, de divorcer et d’avoir des enfants sans ingérence du gouvernement.
Événements historiques
10/05/1872 Victoria Woodhull devient la 1ère femme nominée pour la présidence des États-Unis par Equal Rights Party à Apollo Hall, NYC
https://www.franceinter.fr/emissions/il-etait-une-femme/il-etait-une-femme-07-octobre-2018